Cameroun, Crise anglophone Jean Rameau Sokoudjou : « Les Camerounais du Nord-Ouest n’ont pas peur comme les Bamiléké »

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Rencontré ce mercredi 27 septembre 2017 à Bafoussam, Jean Rameau Sokoudjou, chef supérieur Bamendjou à l’Ouest et président national du Syndicat national des planteurs du Cameroun (Synapcam) ne cache point sa désolation face au pourrissement de la crise sociale et politique qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis plus d’un an déjà. «J’ai pitié de la jeunesse camerounaise. Ce qui se passe à Bamenda aurait pu être évité si les tenants du régime de Yaoundé écoutaient les patriarches de ma dimension. Suite aux émeutes de la faim en février 2008, j’ai initié une série de rencontre pour juguler de telles crises au Cameroun. Avec le groupe des patriarches, nous nous sommes réunis plus de quatre fois et avions proposé au chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya des voies et moyens pour réconcilier les camerounais à travers le dialogue et la concertation nationale. Le 30 avril 2008 s’est tenu la première réunion de cette instance dans ma chefferie à Bamendjou et le 05 juin de la même année, nous nous réunis à Buea pour élaborer des propositions pour le « vivre ensemble » qui ont été transmises à la Présidence de la République en date du 20 du même mois. Mais les propositions transmises n’ont jamais eu de suite», discourt-t-il. Non sans manquer d’ajouter que cette crise perdure du fait qu’il n’existe aucun leader crédible pour appeler le peuple à la paix et à la raison. « Le peuple anglophone est conscient de sa marginalisation. Ils ont été utilisés par Simon Achidi Ashu, Peter Mafany Musonguè et Philémon Yang. Ces différents Premier ministre n’ont jamais travaillé pour la consolidation de l’unité du Cameroun ou pour l’expression de la bonne gouvernance», soutient-il. Une manière de reconnaitre que le problème anglophone est juste un problème de gouvernance commun à tous les Camerounais.

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Question de crédibilité et de légitimité

« Ils persistent dans la revendication parce qu’ils sont plus courageux que les autres. Ils sont unis dans la contestation. Les problèmes d’école, de routes et justice qu’ils posent sont légitimes et concernent tous les Camerounais. Et ne datent point d’aujourd’hui », précise-t-il. « Avant l’indépendance du Cameroun, intervenue en 1960, poursuit-il, les Bamiléké et les Bassa se sont battus pour l’unité nationale. Ils ont versé leur sang pour cette cause. En tant que Bamiléké, je ne saurais être partisan de la division du Cameroun. Mais je conseille aux dirigeants de bien examiner les problèmes posés par les contestataires et de les résoudre dans un cadre de dialogue et de concertation. La militarisation n’est pas la bonne option. Les anglophones n’ont pas peur comme les Bamiléké qui souffrent encore de la psychose liée à la répression de la rébellion de l’Union des populations du Cameroun (Upc) par l’armée française.» Il est autant sérieux dans son propos qu’il fait savoir que pendant de nombreuses années, il s’est engagé pour pacifier le peuple. « En 1962, en compagnie de Victor Kanga, Daniel Kemajou, Pierre Neyim, je me suis engagé à faire revenir la paix dans la ville de Douala. Les Sénateurs, les députés et les maires, et même plusieurs chefs traditionnels du Cameroun, ne jouissent pas de légitimité populaire. Ils ne sont pas crédibles pour diriger convenablement le peuple et les amener à la paix », défend-t-il.

Pour lui, il est important que des patriarches qui se sentent crédibles se retrouvent pour baliser les sentiers de résolution définitive et intégrale de la crise anglophone et, partant, des problèmes de tous les Camerounais. En résumé, Jean Rameau Sokoudjou laisse croire que l’heure n’est pas à la sécession du Cameroun, mais à la mise sur pied des pratiques de gouvernance qui intègrent sincèrement la notion d’intérêt général. Il milite pour des élections libres et transparentes pour le choix des dirigeants crédibles et légitimes et pourront parler de même voix avec le peuple.

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Guy Modeste DZUDIE

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