La grommologie de Mathias Eric Owona Nguini est-elle scientifique ?-Une perspective désuète de la science une faute pédagogique

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Cher Mathias,

j’ai lu avec amusement ton plaidoyer pro domo pour l’utilisation d’une langue hermétique. Que les choses soient bien claires, c’est ton droit le plus absolu de choisir d’utiliser ce vocabulaire. Il faut cependant admettre que tu n’es pas le seul spécialiste camerounais des sciences sociales à jargonner. Ceux qui ont fréquenté les travaux des sciences politiques, notamment ceux produits autour de Luc Sindjoun et toi à Soa sont parfaitement familiers de cette rhétorique absconse.

D’où vient-elle ?

Considéré par Thomas Atenga comme l’une des maladies infantiles de la science politique camerounaise, le jargon auquel tu as recours s’origine dans une pratique mimétique des sciences sociales françaises. Bourdieu, Foucault, Derrida et Deleuze constituent alors votre horizon de l’écriture des sciences sociales.
La seconde source plus ancienne, est le positivisme et notamment dans son versant objectiviste pour lequel, une frontière est nécessaire à l’établissement du savoir scientifique. Le laboratoire comme espace confiné et le langage comme ligne de fracture entre sachants et profanes en sont des dispositifs opératoires.

Ce que jargonner veut dire

Jargonner constitue souvent un masque au sein de Marx pour des écrits dont il est alors le vernis de scientificité. Il suffit de gratter un peu pour se rendre compte que le propos manque de cohérence logique et que la correspondance à l’empirie est une simple vue de l’esprit.
Jargonner c’est aussi pratiquer une écriture qui pourrait être qualifiée de colonisée. Il s’agit alors d’un habitus (mon dieu, Bourdieu !) dont il est indispensable de se défaire si l’on prétend développer des sciences sociales autochtones.

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Une perspective désuète de la science une faute pédagogique

Les travaux de sociologie des sciences ont montré que la notion de confinement chère à l’épistémologie positiviste était une chimère. La science hors sol pour le dire simplement n’existe pas et les faits, épurés du social n’existent pas. Ils sont toujours déjà contaminés par le social. Toute chose pas si nouvelle que sa. En effet, les progrès de la physique quantique autour de l’observation des ondes et corpuscules avaient ouvert une brèche qui est, aujourd’hui un gouffre.

Dès lors, les épistémologies constructivistes privilégient un langage émique, c’est-à-dire proche de l’expérience.
Enfin, pour un enseignant, qui plus est utilisant Facebook pour toucher ses publics, il y a là une faute de communication. Il appartient à l’enseignant de rendre sont savoir accessible. Le parcours vers la connaissance ne relevant plus d’une démarche platonicienne mais d’une co-construction. La multiplication des concours, « ma thèse en 180 secondes » illustrent ce courant fort.

Le graal pour un enseignant c’est donc de faire simple pour pouvoir être compris d’un enfant de 6 ans. Mais, faire simple est la chose la plus complexe qui soit.

Source: Patrick Philippe Rifoe

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