LORSQU’ON SEME LES GRAINES DE LA DIVISION, ON RECOLTE LES FRUITS DE LA HAINE

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LORSQU’ON SEME LES GRAINES DE LA DIVISION, ON RECOLTE LES FRUITS DE LA HAINE: NE CONDAMNONS PAS LES ROIS DUALA AVANT DE LES AVOIR ENTENDUS

Un peuple ne peut crier son mal être, un peuple ne peut manifester son sentiment d’injustice, un peuple ne peut se plaindre des injustices de l’histoire, de notre histoire, un peuple ne peut poser un acte que je qualifierai d’acte de désespoir et on le voue aux gémonies.

Le peuple Duala n’est pas subitement devenu xénophobe, les rois Duala ne sont pas subitement devenus haineux, les rois Duala ne peuvent et ne sauraient méconnaitre notre histoire, l’histoire du Cameroun ; les rois Duala ne sauraient cracher sur la mémoire de l’un de nos héros ; les rois Duala ne peuvent pas assassiner une seconde fois un des leaders de la quête de notre identité, de notre véritable souveraineté et on les voue si aisément, si facilement aux gémonies.

Ceux qui ont une fois dans leur vie eu le sentiment d’injustice et se sont retrouvés devant des murs ont sans doute eu à poser des actes de révolte et pourraient mieux comprendre le geste de nos rois Duala. Lorsqu’on se révolte, on ne prend plus de recul, on agit sans réfléchir, et comme on dirait en langage courant Camerounais, on agit et ça sort comme ça sort.

J’ai été peiné, très peiné de voir les gardiens de nos traditions, les référents de nos valeurs culturelles démolir le hangar du site qui était censé accueillir le monument dédié à Ruben UM NYOBE, notre héros. Et je me suis demandé POURQUOI. Pourquoi arriver à un tel extrême ? Pourquoi ne pas avoir pris du recul ? Pourquoi ne pas avoir agi autrement ? Et je me suis dit :

– Certainement ils ne l’ont pas fait parce que c’était UM NYOBE, ils l’auraient fait si c’était la Statue de Martin Paul SAMBA, de Ernest OUANDIE, du Sultan NJOYA, de Roland Felix MOUMIE etc., qu’on aurait voulu mettre à la place.
– Ils l’ont fait par ce qu’ils ont eu le sentiment que ceux qui nous gouvernent (et qu’ils soutiennent pour la plupart soit dit en passant) ont choisi de tronquer notre histoire et d’agir comme si cette histoire avait commencé avec Ruben UM NYOBE,
– Ils l’ont fait parce qu’ils se sont sentis trahis par la communauté Urbaine de Douala (dont le délégué du Gouvernement est un de leurs fils) et qui a voulu agir par la force, qui est resté sourd à leurs demandes, à leurs préoccupations,
– Ils l’ont fait par ce qu’ils se sont sentis violés dans leur antre. Dans ce qui constitue leur territoire sacré, dans ce qui constitue le cœur de leur Royaume, l’endroit où ils peuvent tout perdre mais celui-là.

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Alors je m’adresse aux majestés qui ont agit ainsi. Vous auriez pu poser d’autres actes qui ne donnent pas le sentiment de cette incompréhension, qui ne donnent pas l’impression d’un deuxième meurtre de celui qui a repris la lutte que Rudolf DOUALA MANGA BELL et de GOSSO DIN et dont je suis persuadé qu’ils auraient été contemporains qu’ils auraient été frères de lutte.

Ne pensez-vous pas qu’il est temps de rassembler vos enfants, tous vos enfants, d’où qu’ils viennent ? Ne pensez-vous pas qu’il est temps de tirer les leçons une fois pour toutes et de mettre un terme au règne de ceux qui nous gouvernent. Ceux-là qui ne comprennent que le langage de la force, de la division, de la violence et du mépris, et qui laissent vos enfants s’entretuer au Nord-Ouest et au Sud-Ouest ? Ne pensez-vous qu’il est temps que les Camerounais doivent revenir autour d’une table et adopter ensemble les règles d’un nouveau vivre ensemble apaisé, débarrassé des germes de la division et de la haine que ceux que j’appellerai « les génocidaires » ont introduit dans notre texte fondamental ?

Un parti politique a parlé d’une sorte de « panthéon » national où nos héros tels que définis par nos historiens contemporains seront réunis afin de leur rendre un vibrant hommage national, afin de faire notre deuil et nos funérailles collectifs selon nos rites et coutumes, afin de leur réserver un repos éternel digne du combat héroïque qui a été le leur et dans lequel bien de Camerounais se reconnaissent aujourd’hui.

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Oui nous pouvons vivre ensemble, oui nous pouvons ériger des monuments historiques pour nos héros, tous nos héros, pour que nul ne les ignore, pour que notre histoire, toute notre histoire s’écrive enfin avec « H ».
Ces monuments peuvent être érigés partout, dans tout le Cameroun sans qu’aucun fils de ce pays ne se sente violé dans son intimité. Sans qu’aucun fils de ce pays n’ait le sentiment de haïr l’autre parce qu’il lui aurait demandé que son monument soit placé à un endroit plutôt qu’à un autre.

Oui nous pouvons le faire en toute confiance, par le dialogue confiant et accorder à nos héros qui sont morts pour la même cause, c’est à dire notre patrie, la place qui hier était la leur dans la lutte. Ils étaient compagnons de lutte, ils étaient voisins, ils étaient frères, ils étaient animés par la même ferveur patriotique, ils ne se voyaient pas en Duala ou Bassa ou Bamileke, ils voyaient en PATRIOTES. De grâce honorons dignement leur mémoire et restons frères.

Henri Djoko

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