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Discours de fin d’année du président Maurice Kamto 31 décembre 2018: “Les camerounais sont méconnaissables et mon coeur en est meurtri” – Icicemac

Discours de fin d’année du président Maurice Kamto 31 décembre 2018: “Les camerounais sont méconnaissables et mon coeur en est meurtri”

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Les camerounais sont désemparés et défaits alors que s’installe dans leur esprit le doute, le pessimisme et le cynisme. Ils ont perdu leur dignité et leur fierté, principaux ressorts de la confiance en eux-mêmes. Les camerounais sont méconnaissables et mon coeur en est meurtri. Voilà dans quel état nous arrivons en cette fin de l’an de grâce 2018.

 

DISCOURS INTÉGRAL DU PRÉSIDENT KAMTO À LA NATION le  31 Décembre 2018
Camerounais,
Camerounaises,
Mes chers compatriotes,
Voici, malgré les nombreuses épreuves, la fin de l’année 2018. Malheureusement le Cameroun est aujourd’hui un État effondré, une nation déchirée. Les camerounais sont désemparés et défaits alors que s’installe dans leur esprit le doute, le pessimisme et le cynisme. Ils ont perdu leur dignité et leur fierté, principaux ressorts de la confiance en eux-mêmes. Les camerounais sont méconnaissables et mon coeur en est meurtri. Voilà dans quel état nous arrivons en cette fin de l’an de grâce 2018.
La cause de tout ce drame, un seul nom, Biya Paul. Jamais un homme n’aura autant sacrifié le sort des siens pour son égo. S’agissant du drame qui se déroule dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest, le régime de monsieur Paul Biya s’est empêtré à persévérer dans la solution armée malgré les appels du monde entier à un dialogue inclusif en vue d’une solution politique à ce conflit. Après avoir ignoré tous les avertissements et les signes prémonitoires d’un conflit politique profond, le pouvoir s’est engagée dans une utilisation disproportionnée et immodérée de la force de la terreur judiciaire et des opérations militaires punitives de masse avec à la clé des massacres de population non armée. C’est ainsi que de protestation en révolte notre pays se trouve aujourd’hui empêtré dans une guerre civile inutilement déclenchée depuis novembre 2016. Après deux années, le bilan de ce conflit fratricide est désastreux:
 Sur le plan humanitaire, près de 1000 morts parmi les populations civiles, plus de 200 parmi les éléments de forces de défense et de sécurité, plus de cinquante mille réfugiés au Nigeria et des centaines de milliers de déplacés internes. Une pratique généralisée de la torture et des actes de barbarie des arrestations et détentions massives.
  Sur le plan économique et social, plus de 6000 emplois détruits dans un pays miné par un chômage élevé et un manque chronique d’emplois notamment parmi les jeunes. 269 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires perdus. 5,9 milliards de francs CFA de recettes fiscales perdues. 70 milliards de francs CFA de pertes pour les établissements de microfinance.
J’ai présenté le 26 novembre dernier un plan d’action visant à mettre fin à ce conflit et à restaurer une paix durable. Il s’agissait d’un ensemble cohérent de mesures dont chaque élément est articulé aux autres dans un maillage qui en garantit la réussite.
Fidèle à sa logique de propagande et d’enfumage de l’opinion, monsieur Biya a cru bon d’en extraire quelques éléments en guise de propagande, à l’instar de la création le 30 novembre dernier du comité national de désarmement de démobilisation et de réinsertion pour les ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des régions du nord-ouest et du sud-ouest. Il en va de même de la libération de 289 détenus anglophones dont il s’avère du reste que tous ne sont ni anglophones, ni impliqués dans le conflit dans les régions anglophones. Ce saupoudrage est sans efficacité et bien évidemment très en deçà des attentes de nos compatriotes.
On n’est point étonné qu’une telle approche parcellaire ne conduise à une impasse car comment comprendre la mise en oeuvre du processus de désarmement de démobilisation et de réinsertion sans le préalable de la négociation d’un cessez le feu?
Il en va ainsi des autres mesures proposées et non appliquées dont la mise en oeuvre cohérente aurait constitué la clé de voûte de la réussite d’un processus de paix durable.
En revanche l’opération de récolte de dons au profit de nos compatriotes des régions anglophones à travers la fondation Ayah, qui est en cours en ce moment peut déjà être qualifiée de succès. C’est d’ailleurs l’occasion ici de saluer toutes celles et tous ceux qui ont fait preuve de générosité par des dons de diverses natures. Permettez-moi aussi de rappeler que les enfants et les populations de ces deux régions ont encore besoin de notre générosité, ne les abandonnons pas continuons à nous mobiliser pour leur venir en aide.
J’encourage les responsables de la fondation Ayah, à faire preuve d’une bonne gestion des ressources mises à leur disposition à la faveur de cette opération. Je compte sur eux pour s’entourer de tous les relais disponibles, afin d’atteindre tous ceux qui ont besoin d’aide. Cette opération doit en effet faire briller l’insaisissable plan d’assistance humanitaire d’urgence du gouvernement qui portait sur treize milliards, lancé en juin dernier et dont les populations des deux régions anglophones attendent encore les fruits et le contribuable Camerounais, le bilan de la gestion financière.
Camerounaises, camerounais,
Chers compatriotes le 7 octobre 2018 a eu lieu l’élection présidentielle.  Vous m’avez fait confiance et votre victoire a été volée dans des conditions de fraudes massives ignobles dont vous avez été les témoins, des procès-verbaux falsifiés, des résultats fabriqués de toutes pièces par des montages informatiques, nos représentants dans les bureaux de vote violentés, les faux représentants de Transparency International présentés sur la crtv démasqués et j’en passe. Pour établir la vérité des urnes à l’issue de ce scrutin, j’ai demandé un recompte des votes sans succès à ce jour.
De quoi ont-ils peur donc, si l’on est si sûr de sa victoire, comme le laisse croire le camp de monsieur Biya à cette élection? Je m’attendais à ce qu’ils sautent sur l’occasion pour me confondre.
A tous ceux qui ici au Cameroun ou à l’étranger veulent faire passer notre revendication de la victoire pour une attitude de mauvais perdant en nous demandant de tourner la page comme s’il s’agissait d’un fait banal, nous voulons rappeler que l’enjeu de la démocratie, est le développement du pays et le progrès des populations; et l’élection en est la clé de voûte. Un processus électoral transparent crédible et fiable est le dispositif indispensable pour une démocratie véritable. Lorsque ce processus par quelque procédé que ce soit est tronqué ou dévoilé, la démocratie perd son utilité et sa justification.
Il faut donc éviter de banaliser l’élection comme si c’était une plaisanterie.  Il s’agit d’un acte sérieux, qui détermine le sort de la société de ses membres. A force d’en avoir fait une mascarade, le Cameroun se trouve dans l’enlisement économique social et culturel dans lequel il est plongé depuis de nombreuses années. On ne peut donc pas tourner la page à la va-vite comme des inconscients.
Il faut bien voir que le trucage des élections en produisant des dirigeants incompétents et illégitimes est la principale explication de tous les drames que traverse notre pays. De la stagnation économique sociale et culturelle jusqu’au conflit armé dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest. Et aux dernières nouvelles les choses vont en s’aggravant, puisque certaines zones limitrophes entre régions francophones et anglophones sont désormais plongées dans la tragédie des affrontements armés et des incendies dévastatrices de villages entiers comme à Bangourain dans le Noun avec un risque réel de généralisation de la guerre civile.
Mes chers compatriotes,
vous comprenez bien pourquoi on ne peut pas tourner la page aussi facilement après les dérives de la dernière élection présidentielle. Il nous faut en tirer tous les enseignements utiles. Cette élection a permis de vous apporter des preuves irréfutables qu’un seul individu, monsieur Biya Paul a mobilisé toutes les ressources publiques financières, administratives, matérielles, institutionnelles et sécuritaires pour perpétuer sa réélection.
Ce n’est ni plus ni moins que de la corruption. Une atteinte à la fortune publique et de l’abus du pouvoir qui ont conduit à un holdup électoral. Dans ces conditions, nous devons être clairs sur notre détermination, ici réaffirmée une fois de plus, à tout mettre en oeuvre afin que les élections dans notre pays se tiennent enfin après une réforme consensuelle de notre système électoral garantissant un choix transparent et crédible des dirigeants à tous les niveaux. D’ores et déjà, j’appelle tous les camerounais qui pensent qu’il est enfin temps de sortir du système de parti unique déguisé, derrière lequel se cache le régime de monsieur Biya depuis le début de l’apparente démocratisation des années 1990, à me rejoindre dans ce combat indispensable, pour l’avènement effectif de la démocratie dans notre pays.
Ce combat est essentiel au-delà des mots et des apparences, pour produire un effet attractif sur les investisseurs notamment internationaux et inscrire notre pays dans la modernité. Le recompte des voix concernant la dernière élection présidentielle et la réforme profonde et consensuelle du système électoral camerounais sont les points que nous avons fait connaître à l’Union Africaine, aux organisations africaines sous régionale, aux institutions internationales et aux pays amis.
Compte tenu du calendrier parlementaire et du calendrier électoral, le dialogue politique devant conduire à la réforme consensuelle du système électoral devrait se tenir avant la fin du mois de février, c’est à dire avant la session parlementaire de mars, si l’on veut que les résolutions de ladite réforme soit soumise aux parlementaires et que les lois qui en découleront permettent à temps de préparer le double scrutin de septembre 2019. Par avance je vous annonce que dans les prochains jours le MRC rendra publiques ses propositions enrichies pour la réforme de notre système électoral.
Camerounaises, camerounais mes chers compatriotes,
Dans le processus d’effondrement de notre pays auquel nous assistons, le retrait au Cameroun de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2019, est le révélateur de la faillite totale du leadership de monsieur Biya Paul; c’est le coup de massue qui a révélé au grand jour l’incurie de ce régime qu’aucune
imposture, qu’aucune propagande mensongère ou slogans creux ne pourront cacher; c’est le signe révélateur de l’incompétence de ce pouvoir dont le chef s’avance à la légère aux premières lignes pour promettre et ne point tenir.
“Le Cameroun sera prêt le jour dit, j’en prends l’engagement” a-t-il promis. Or c’est en septembre 2014 faut-il le rappeler, que la caf a attribué au Cameroun, l’organisation de cette CAN 2019. Cette attribution que le régime de monsieur Biya a brandi comme un trophée, alors même qu’il n’a rien fait pour le sport en général et pour le football en particulier après plus de trente ans au pouvoir, a vite fait naître de gros appétits au sein d’un système dont la réputation en matière de corruption et de détournement des deniers publics est mondialement établie.
Le retrait rocambolesque de cette CAN 2019 au pays des lions indomptables n’est le résultat d’aucun complot de quelques forces obscures nationales ou internationales. Il est la manifestation palpable des défaillances du leadership et de la gouvernance que nous cumulons depuis des décennies peut-être sans y faire attention. En effet pour peu qu’on y réfléchisse on aurait pressenti à la lecture des échecs antérieurs du régime en place, que l’organisation de la CAN 2019 ne pouvait être que la chronique d’un fiasco annoncé d’avance. Je voudrais vous rappeler que ce régime n’est jamais parvenu à respecter les échéances annoncées, au point où pour sortir des contraintes de son devoir il s’est libéré du temps, croyant pouvoir devenir lui-même le temps.
Ainsi en fut-il de la célébration du cinquantenaire de la réunification originellement prévue en 2011 et qui se fêtera en 2014 avec trois ans de décalage donc.
Ainsi du comice agro-pastoral qui devait se tenir traditionnellement tous les deux ans afin de promouvoir l’agriculture et ses acteurs. Le dernier comice s’est tenue à Ebolowa en 2011, 23 ans après celui de Maroua en 1988, la date du prochain est remise aux calendes grecques.
Ainsi du conseil des ministres qui se tient au gré de la formation du nouveau gouvernement, selon les caprices du prince tous les deux ou trois ans.
Ainsi de la tenue de la finale de la coupe nationale de football dont la date autrefois connue dès le début de la saison est désormais inconnue, aléatoire, au point où cette année, l’équipe vainqueur a été privée de s’inscrire au tournoi continental de la coupe africaine des vainqueurs de coupe.
Ainsi du conseil de l’enseignement supérieur qui doit se tenir tous les cinq ans pour fixer le cap de l’enseignement supérieure dans notre pays et qui ne s’est pas tenu une seule fois depuis plus de 30 ans.
Ainsi des feuilles de route qui deviennent des plans d’urgence en marge des budgets programmes, tels des slogans sans réel impact sur la vie des populations.
Ainsi dès septembre qui passe de grandes ambitions, aux grandes opportunités en passant par les grandes réalisations avec pour seul effet l’aggravation de la misère et de la précarité.
Ainsi des grands projets engagés par le régime de monsieur Biya jamais achevés
dans les délais et dont les coûts selon un rapport de la banque mondiale s’avèrent de 2 à 6 fois supérieurs à des projets similaires dans des pays de niveau de développement comparable. Ces projets sont transformés en une formidable source d’enrichissement personnel pour les hauts fonctionnaires de l’État et des proches de monsieur Biya en toute impunité.
Ainsi, au niveau international, de la passation de témoin au président en exercice suivant de l’OUA en juin 1997 où monsieur Biya était absent, n’ayant pas cru devoir faire le déplacement d’Harare au Zimbabwe alors qu’il était le président en exercice sortant de l’OUA, depuis le sommet de Yaoundé de 1996.
Ainsi de son absence systématique au sommet des chefs d’États de l’Union Africaine, mais aussi bien souvent des organisations sous régionales, en l’occurrence son absence au sommet des chefs d’États de la CEMAC de N’djamena en 2000, aura coûté à notre pays le siège de la bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale, alors que toutes les études y compris celle du groupe de la banque mondiale avait montré que douala était le siège naturel de cet organisme financier stratégique.
Cette inertie et les multiples échecs qu’elle entraîne sont la conséquence directe de l’indifférence de monsieur Biya aux dossiers cruciaux pour l’avenir du Cameroun et son rayonnement international. Ils sont aussi liés à une gouvernance marquée par la corruption et l’impunité, dont vous vivez les dures conséquences dans votre vie quotidienne. Sinon comment comprendre que les salaires des dirigeants des entreprises publiques et parapubliques soit en moyenne d’environ 20 millions de francs CFA par mois, alors que ces entreprises sont des gouffres financiers et ne vivent que des subventions publiques au lieu d’être des agents et des catalyseurs du développement du pays?
Dans un pays normal quand près de 2000 milliards de francs CFA de sueur et de sang des contribuables s’envolent en fumée sans contrepartie en termes de retombées économiques financières et sociales pour la collectivité nationale à cause de l’incompétence et de la corruption de certains responsables, ceux-ci sont limogés et une enquête est immédiatement ordonnée pour établir les responsabilités et déterminer les causes des dérives. Proposer des mesures de redressement adéquat. Au Cameroun, rien de tout cela, le prétendu maître du temps se mure dans un silence assourdissant dans le mépris total de ceux qui ne sont plus citoyens, mais ses sujets.
Mes chers compatriotes,
L’histoire de notre pays ainsi que les événements récents m’amènent à partager avec vous une préoccupation profonde. J’ai l’impression que pour des raisons difficiles à expliquer, nous avons un problème avec notre capacité d’indignation collective, notre aptitude à nous lever ensemble en tant que citoyens d’une même nation pour dire non à l’inacceptable.
Lorsqu’entre la fin des années 1950 et celle des années 1960 furent massacrées pour des raisons politiques, les populations de l’ancienne Sanaga Maritime, du Nkam et de l’Ouest, le reste des camerounais s’est tu, ne se sentant pas concernés. Lorsqu’après la tentative de coup-d’état manqué d’avril 1984, l’essentiel des officiers supérieurs et une bonne partie de l’élite civile originaire de la partie septentrionale de notre pays fut décimée, le reste des camerounais eut beau jeu de dire qu’ils n’avaient eu que ce qu’ils méritaient.
Lorsque Boko Haram a commencé le massacre de nos frères et soeurs du septentrion les populations des autres régions du pays, le vivaient dans l’indifférence comme si elles n’étaient pas concernées.
Alors que depuis deux ans, on massacre les populations des régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest, le reste des camerounais ne se sent pas concerné, tirant prétexte de ce que ce sont des sécessionnistes.
 Manipuler les camerounais, les diviser et les opposer entre eux, attiser les haines ethniques, voilà la recette du régime de monsieur Biya, élève modèle de l’école coloniale, recette qui fonctionne encore et toujours même après l’indépendance du pays. Nous apprenons avec application à nous détester entre nous et à cultiver l’indifférence vis-à-vis du voisin, nos compatriotes, voire nos frères et soeurs de sang. Si nous persistons dans cette attitude antinationale, la question sera : à qui le tour demain?
Cette indifférence est quelques fois justifiée par le refus de certains de se mêler de la politique, mais ceci n’est qu’une piètre excuse car voici que les préparatifs d’un événement sportif, la CAN, a révélé la profondeur abyssale de l’échec du leadership camerounais et dévoilé un pays mis en coupe, réglée par un gang mafieux aux ramifications internationales. Il ne s’agit pas de politique mais de l’humiliation et de la ruine nationale, du fait que c’est l’expression la plus spectaculaire de l’agression du Cameroun, du fait que nos hôpitaux sont devenus des mouroirs, que notre système éducatif est une machine à fabriquer l’échec et le chômage, que notre pays est devenu une gigantesque braderie de nos ressources et des entreprises publiques et parapubliques, que nos soi-disant villes sont d’insoutenables espaces du chaos et de ruines.
Selon certaines estimations ce sont environ 1000 milliards de francs CFA qui sont engouffrés dans cette opération foireuse. Et chacun de nous et de nos enfants devront contribuer au remboursement des dettes énormes contractées à cette occasion par un pouvoir irresponsable. Or si l’humiliation nationale que constitue le retrait de cette CAN à notre pays a mis en colère la plupart de nos compatriotes, elle n’a provoqué aucune indignation collective. Au contraire, certains s’évertuent à trouver des excuses au leadership dont la culpabilité n’est pas douteuse et qui, arrogant et méprisant comme à l’accoutumée, s’est muré dans le silence au lieu de tirer toutes les conséquences de ses errements.
Personne ne viendra libérer le Cameroun à notre place du joug de la dictature du népotisme du vol compulsif, de la rapine des dépravations de toutes sortes.
Regardez l’histoire des nations et vous verrez que c’est chaque peuple qui se libère par lui-même que ce soit en Europe, en Amérique, en Asie ou en Afrique.
Nous devons consentir collectivement des sacrifices importants pour libérer notre pays d’un régime mafieux, incompétents et corrompus et veinards nous le devons à la jeunesse camerounaise et aux générations futures. C’est pour cela que j’ai demandé le 25 octobre 2018 aux Camerounais d’entrer en résistance contre le pouvoir illégitime de monsieur Biya dont vous avez été nombreux à sanctionner dans les urnes la gestion. Notre pays est depuis lors plongé, en plus de la guerre civile dans la région anglophone, dans une crise post-électorale qui a mis même la diaspora debout.
En effet, malgré la répression sauvage du régime illégitime des manifestations ont été organisées contre ce holdup électoral dans plusieurs localités du pays, mais également dans la diaspora. Le bilan humain des manifestations pacifiques engagées à travers le pays est très lourd. Plusieurs manifestants pacifiques ont été torturés, certains ont été lourdement atteints physiquement et psychologiquement. Ils ont subi des traitements dégradants de la part des forces de sécurité dont certains éléments ont particulièrement brillé lors des répressions par leur haine tribale. Ces éléments zélés, gagnés par la peur de l’alternance politique ont tort.
L’alternance n’est ni contre quelqu’un, ni contre un groupe, un clan, une tribu, un parti politique ou une catégorie de fonctionnaires ou de citoyens. Elle vise le mieux-être collectif, à construire une conscience nationale, à rétablir la concorde au sein de nos populations et à les remettre au travail dans l’intérêt de nos enfants et des générations à venir.
C’est l’occasion pour moi de féliciter une fois de plus tous les camerounais de l’intérieur et de la diaspora, les membres de la coalition qui a soutenu ma candidature et mes camarades du MRC qui se sont levés pacifiquement, mais fermement pour dire non au holdup, de souhaiter un prompt rétablissement à celles et ceux qui ont été blessés et ceux qui sont en convalescence, de rassurer ceux qui sont encore en attente de jugement et que nous ne les abandonnerons jamais.
Je voudrais relever ici le rôle historique est primordial de notre diaspora dans cette lutte de libération.
Cette diaspora engagée mérite tout notre respect, ainsi que nos encouragements à porter avec toujours plus de détermination la cause nationale de la lutte pour la liberté, la démocratie et le progrès partagé sur la scène internationale afin que nos populations ne soient pas décimées ou réduites à la misère dans un huit-clos insoutenable.
La deuxième phase du plan national de résistance est en cours elle prévoit le dépôt pour des marches les 6 et 22 de chaque mois sur l’étendue du territoire national des déclarations de manifestations publiques auprès des sous-préfectures ayant pour objet non au holdup et l’organisation d’une journée citoyenne où des sujets d’intérêt national sont abordés. Dans la diaspora, cette phase de la résistance correspond à l’intensification de manifestations publiques dans les pays de résidence, pour sensibiliser sur leur holdup électoral perpétré par monsieur Biya et ses obligés du conseil constitutionnel.
J’invite tous ceux qui sont chargés du déploiement de toutes ses opérations tant au niveau national que dans la diaspora à redoubler d’ardeur et à veiller à remplir chacun en ce qui le concerne ses missions avec dévouement et patriotisme. Dès à présent, je vous invite à préparer activement la réussite populaire de la grande mobilisation citoyenne républicaine et pacifique qui débutera en mi-janvier sur l’ensemble du territoire national.
Il s’agira des marches de l’indignation, de protestation et de colère à la fois contre la guerre dans le Nord-ouest et le Sud- ouest, pour dire non : cette guerre ne se fait pas en notre nom, contre l’assassinat de la démocratie par les fraudes électorales massives et le vol de l’élection pour dire non au holdup électoral, contre la corruption, le détournement et le pillage dans l’impunité de l’argent public et des ressources de la nation, notamment par un gang de malfaiteurs qui tentaient de dissimuler leurs forfaits sous le couvert de l’organisation de la 32e coupe d’Afrique des nations pour dire non au crime contre la fortune publique.
Je vous engage à la discipline, à ne pas céder aux provocations du régime qui ne manqueront pas et à vous vêtir en blanc, vêtements, t-shirts, foulards, brassards. Bref tout signe distinctif blanc pendant cette mobilisation populaire que nous bâtissons la marche blanche.
Je tends la main à tous les compatriotes, y compris à ceux du rdpc qui désormais peuvent réaliser par eux-mêmes, que ceux qui dirigent le pays sont insensibles à leurs souffrances et n’ont à la vérité pour seule ambition que de piller l’État, aux associations de la société civile, à la diaspora afin qu’ensemble nous passions enfin un message fort et patriotique à monsieur Biya. Nous avons affaire à un régime prébendier, qui selon la banque mondiale a en 2017 utilisé cinquante-deux pour cent du budget de l’État, soit un peu plus de 2000 milliards de francs CFA pour le fonctionnement, a dépensé 35 milliards rien que pour les frais de carburant et 42 milliards pour des gratifications. Ce régime multiplie par deux voire par 6 le prix de tous les grands travaux engagés dans le pays sous l’autorité directe de monsieur Biya.
Selon la radio-télévision suisse, ce dernier a passé quatre années et demie de ses 36 ans de pouvoir à Genève pour un coût total de 65 milliards de francs CFA environ et refusent obstinément depuis plusieurs années, l’application de la loi sur la déclaration des biens et avoirs des hauts responsables de l’État et des entreprises publiques.
Face à un tel régime nous devons résister, nous devons résister parce qu’il n’est plus acceptable que quelques familles, une caste, un clan un club d’amis confisquent l’État, le pillent impunément continue de compromettre l’avenir de nos enfants et des générations futures pour leur seul confort égoïste alors que notre pays à l’un des salaires minimum mensuel les plus bas au monde 36270 francs CFA.
Et malgré des dispositions légales sur la gratuité de l’école, des milliers d’enfants camerounais restent hors du système scolaire à cause de la pauvreté de leurs parents. Que les soins les plus élémentaires restent payants dans les hôpitaux publics qui en réalité sont des mouroirs et que la pauvreté reste galopante et l’indice des inégalités préoccupant.
Faites confiance à votre humble serviteur, le président élu et légitime du Cameroun pour rester toujours à vos côtés pour relever la nation, lui rende son orgueil d’antan aujourd’hui bafoué, la construire et la rassembler dans toute sa diversité culturelle, linguistique religieuse.
Ensemble avec vous, faites-moi confiance pour rendre notre nation prospère et juste, moderne et puissante réfractaire au tribalisme qui nous affaiblit plus qu’il ne nous prépare aux défis mondiaux auxquels est confronté notre pays.
Vous pouvez compter sur moi pour que nous réalisions ensemble la renaissance nationale. C’est sur cet engagement que je vous souhaite à chacun de vous individuellement, malgré vos difficultés que je connais, une bonne et heureuse année 2019.
Vive la résistance pacifique !
Vive le Cameroun !

Le Président Maurice Kamto 

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