Jean Lambert Nang: L’ethno-journaliste qui voulait se casser sa part de “Ba”
Abandonner des pans entiers des médias et de la finance entre les mains d’une seule communauté c’est courir le risque d’une domination hégémonique, qui est préjudiciable à toute expression démocratie.
CIRCONSTANCES ATTÉNUANTES
Après une quarantaine d’années de pouvoir dit beti, il coule de source que dans la galaxie des propriétaires d’entreprises nationales qui créent et proposent des emplois à la jeunesse, les originaires du “pays organisateur” ne sont pas légion. L’exercice de les retrouver reviendrait même à fouiller une épingle dans une botte de fouin.
A ce sujet, la présence de Jean-Pierre Amougou Belinga dans le monde des affaires camerounais peut étonner et donc détonne. Un beti, qui affiche autant de superbe dans le monde des médias et de la finance, ne peut s’attendre qu’à récolter des ronces et des épines, tellement la réalité des chiffres a convaincu certains que nul n’entre dans les milieux d’affaires s’il n’est d’une certaine communauté. Certains betis ont d’ailleurs donné du poids à cette opinion largement répandue en se choisissant des hommes-liges en dehors de leurs frères “du même village” pour gérer leur business.
Amougou Belinga aurait appartenu à une autre communauté qu’il serait loué et glorifié comme le sont certains de ses adversaires pourtant en bisbilles avec les impôts ou la douane. C’est vrai que les attitudes publiques ou privées de ce magnat peuvent choquer par leur arrogance et leur mépris des autres, mais cela relève de son caractère et, en cela, on ne refait pas un homme à cet âge là. Ce n’est pas Donald Trump qui me démentirait…
Les betis se trompent de combat en concentrant leurs flèches contre Amougou Belinga dont ils se réjouissent des malheurs. Si son holding venait à se saborder, comme certains le souhaitent dans l’ombre, cela donnerait la preuve, jusqu’ici latente, que l’homme beti n’est pas suffisamment rentré dans la bonne gestion des affaires, à l’opposé de son frère bamileke.
On peut l’aimer ou pas, regretter ses frasques et condamner sa communication ; on ne peut cependant ignorer qu’Amougou Belinga, par ses possessions et les opportunités qu’elles offrent à la jeunesse, rétablit une sorte d’équilibre, nécessaire dans notre république. Abandonner des pans entiers des médias et de la finance entre les mains d’une seule communauté c’est courir le risque d’une domination hégémonique, qui est préjudiciable à toute expression démocratie.
Source: Jean Lambert Nang