Prof. Henri Georges Minyem parle des attaques contre sa personne au sujet des Lions indomptables

0 1 018

Il y a des sujets sur lesquels il est difficile de se prononcer sans toucher à la sensibilité, voire à l’hypersensibilité des parties prenantes et qui déforment une image par le jeu des reflets et des représentations que les parties ont des enjeux en présence. Ainsi en est-il du football, pratique portant en substance une dimension émotionnelles très forte, surtout quand l’on en est ressortissant du pays organisateur. Le football comporte non seulement une résonance émotionnelle, mais aussi un ensemble d’enjeux dont certains ressortent de la symbole politique.

Il y a quelques jours, j’ai émis des critiques à l’encontre de notre sélection nationale. Mon post sur Facebook disait textuellement ceci : « Pour supporter une équipe, encore faut-il qu’elle soit séduisante. Cette équipe du Cameroun ne me séduit pas. Désolé. Bonne chance ».

Que n’avais-je donc pas dit là ? J’ai vu se déverser sur ma page toute la rage des supporters camerounais qui m’ont injurié, insulté, vilipendé et même tenté de calomnier. Blasphème ! aurait crié le sanhédrin ! Sacrilège ! aurait entonné le peuple dans une hystérie collective digne des adeptes des justices dites populaires.

Au milieu de ces cris d’épouvante se sont glissés quelques opportunistes qui n’attendaient qu’un propos disgracieux pour me crier leur antipathie quand quelques lâches se dissimulaient derrière d’autres détracteurs, qui par le biais d’une tête de mort, d’autres un Like, un cœur. Ah ils se sont bien lâchés, en oubliant une chose qu’ils apprendront dorénavant : Je suis un sacré combattant au cuir bien épais ! Pour me combattre dans les stricts domaines de la connaissance, il faut avoir un sacré background, une sapience éprouvée. Bien naturellement, j’ai répliqué et ai passé de longues heures à me justifier. J’ai fait preuve de pédagogie autant que je pouvais, mais certains n’ont pas voulu entendre raison. Des joutes épistolaires s’en sont suivies durant plusieurs jours. Beaucoup d’entre eux, qui ne me connaissaient même pas, ont sacrifié au sport national chez nous : insultes et attaques en dessous de la ceinture, insolences caractérisées et autres invectives dues à quelques lectures mal assimilées et à la facilité d’agression qu’autorisent les réseaux sociaux. Alors je les ai simplement bannis de ma page pour éviter qu’ils ne la polluent de leur écume rageuse. On peut certes supporter une équipe, sans avoir besoin d’être méchant avec ceux qui la critiquent.

Comme tout fait majeur de société, le football est un formidable révélateur de l’état d’un peuple à une époque donnée. Il exsude l’écume des frustrations en laissant apparaître nos passions les plus enfouies. Il témoigne aussi de l’état d’esprit d’un peuple et véhicule leur compréhension du monde : il devient l’exutoire de la frustration légitime en même temps qu’il symbolise insidieusement l’instrumentalisation par les plus puissants de la passion du vulgum pecus.

DE LA SIMPLIFICATION DE LA PENSEE DANS NOS SOCIETES CONTEMPORAINES

Un auteur anonyme nous a légué cette expression riche d’enseignements : « A mesure qu’on s’avance dans la vie, on s’aperçoit que le courage le plus rare est celui de penser ».

En effet, la pensée simplifiante telle qu’elle est exprimée à travers nos nouvelles interactions sociales majoritairement cybernétiques opère par disjonction, réduction et abstraction. Elle relève de ce que le penseur Edgar Morin qualifie de « paradigme de la simplification ». En effet, cette pensée simplifiante, disruptive par essence mutile, sépare, disjoint, sans percevoir même l’alternative d’une conjonction de l’unique et du multiple et ne peut concevoir l’unité dans la diversité ni cette dernière dans l’unité. Cette pensée mutilante par excellence isole, unidimensionalise, alors même que la pensée complexe intègre, relie, interagit. Et cette pensée inclut l’incomplétude du réel, sans sacrifier la prise en compte de l’irrationnalisable dans la rationalité. Le philosophe Pascal ne disait-il pas que «Rien n’est simple, il n’y a que du simplifié » ? Cette vision mutilante de la réalité est incapable de conjuguer le holisme (vision globale) et le réductionnisme (vision analytique) puisqu’elle est limitée par la complexion même de son expression, à savoir sa rationalité limitée. Malheureusement, dans les rapports humains, cette simplification de la pensée qui mutile fait mal : elle blesse, détruit, insulte et vocifère, à l’instar des supporters de football.

ON PEUT AVOIR RAISON SEUL CONTRE TOUS !

Connaissez-vous la célèbre phrase : « Un mensonge martelé mille fois ne se transforme pas en vérité » ?

Je vais illustrer mon propos par une expression historique simple pour les érudits : « ET POURTANT ELLE TOURNE !». Cette phrase fut prononcée par Galilée, savant du 17e siècle qui avait défendu la révolution copernicienne de l’héliocentrisme contre la théorie géocentrique dominante, émise par Ptolémée et confortée par Aristote. Par cet acte de bravoure et d’intégrité, Galilée fut contesté, insulté, vomi, condamné à la réclusion et banni par l’autorité ecclésiastique. La sainte inquisition le condamna au terme d’un procès pour sa publication du « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde » paru en 1632 et il dut se rétracter, tout en avançant « Et pourtant elle tourne ». Comme quoi, on peut avoir raison seul contre tous.

Notre élimination de notre CAN m’a beaucoup attristé, pourtant pour moi, c’était une évidence. Je l’ai dit et reçu une volée de bois vert, un tombereau d’injures pour cela. J’ai affirmé contre vents et marées que notre faible niveau sportif allait nous évincer de cette compétition ; La suite de la compétition m’a donné raison. Contre les flétrissures de langage de ses enfants devenus fous à la faveur d’une compétition sportive ; à la faveur des errements tactiques que j’ai perçus dès le premier match contre le Burkina Faso, j’avais raison ; face à l’absence de véritable schéma tactique et les tâtonnements de notre structuration globale, j’avais raison ; contre mes détracteurs qui se sont saisis de cette opportunité pour me crucifier, j’avais raison et vous savez pourquoi ? Justement parce que en tant qu’amoureux du beau football produit par le Cameroun naguère, je ne voyais pas un collectif mais une somme d’individualités et vous auriez dû m’écouter, afin de corriger vos lacunes au lieu de venir vous acharner sur ma personne (Le capitaine de cette équipe Aboubakar l’a reconnu lui-même au soir de la défaite contre les pharaons d’Egypte). Pour emprunter à Aristote, « Le tout n’est pas réductible à la somme des parties ».

A vrai dire, je n’ai pas l’habitude de m’exprimer sur les affaires du football (car c’est l’un des rares domaines de la vie sociale où chacun a un avis), mais j’estime que pour une compétition aussi importante sur le plan symbolique qu’une CAN organisée par notre pays, nous ne devons pas hésiter à nous exprimer. Certes, nous devons rassurer notre équipe quant à notre soutien, mais nous ne devons pas céder à la flagornerie qui serait plus proche de l’hypocrisie que du véritable amour.

Lire aussi:   L’armée camerounaise reconnaît avoir incendié des maisons et abattu des civils à Ngarbuh : des soldats arrêtés

Dans leur immense majorité, les Camerounais sont des personnes intelligentes, mais la sagesse n’est pas toujours leur fort, sinon nous ne tâtonnerions pas au milieu des pays pauvres de la planète. Certains des lecteurs ont douté de mes valeurs alors que certains qui eux me suivent depuis des décennies savent l’essence de mes textes, qui reflète la quintessence de mon être : l’amour des autres, la bienveillance, l’espérance, le respect et la droiture. Socrate disait « Nul n’est méchant volontairement » car pour lui, la méchanceté était l’expression même de l’ignorance. Mais à penser comme lui, l’on pourrait aussi être condamné à boire de la ciguë pour corruption des mœurs. Donc moi, je ne suis pas Socrate et je n’ingurgiterai pas de poison pour le bon plaisir de quelques-uns. Alors, je vais sacrifier à mon devoir d’édification des esprits et expliquer, encore et encore car comme disait Eugène Delacroix : « Ce qui fait les hommes de génie, ce ne sont point les idées neuves, c’est cette idée, qui les possède, que ce qui a été dit ne l’a pas encore été assez ».

Pour que l’on se comprenne bien, je vais faire un bref historique de ma relation aux Lions indomptables du Cameroun pour enlever même une once de soupçon et de doute à ceux-là qui pourraient m’accuser d’antipatriotisme et de manque de solidarité.

J’AI TOUJOURS ETE UN FAN DES LIONS INDOMPTABLES

Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été un fan des lions indomptables. En 1976, j’étais jeune scout en Nkongsamba et nous supportions l’Aigle de Nkongsamba notre équipe. Nous avions nos stars à Nkongsamba : Epara, Epandji, etc.

En notre qualité de scouts, nous étions changés de repousser les resquilleurs qui voulaient escalader le mur du stade et notre équipe recevait le Tonnerre Kalara club de Yaoundé. Le match commença et d’un œil distrait, voilà que nous entrapercevons un génie du football que les Camerounais et le monde ne découvriront qu’à la coupe du monde 1990, soit 14 ans plus tard. Il s’appelait Albert Roger Milla et d’une aile de pigeon, il transperça toute la défense de l’Aigle de Nkongsamba. S’en suivirent 2 autres buts et un festival de dribles de ce jeune homme grâce à qui je me mis à adorer le football. L’élasticité des jambes de Milla, son coup de reins, sa vélocité dans le drible, je ne les ai jamais revus chez aucun autre joueur de cette planète, Pelé et Maradona y compris. Le jeune Camerounais que j’étais et qui lui tenait la main à la fin du match ne jura plus que par cet homme depuis ce jour-là. C’est à la même époque que nous reçûmes l’équipe de Saint Etienne qui nous terrassa 3-0 au stade de la Réunification à Douala ensuite au stade Ahmadou Ahidjo, après une luxation du poignet de Thomas Nkono durant le premier match. Ceux qui furent les témoins de ces événements sont les témoins de ma narration.

Dans les années qui suivirent, nous reçûmes d’autres grandes équipes et je ne manquai aucun match des lions, même pas celui du 26/04/1981 nous opposant au Zaïre au stade de la réunification à Douala, pour la qualification au Mondial 1982 au cours duquel Roger Milla à lui tout seul marqua 3 des 6 buts que nous infligeâmes au Zaïre. 3 ans plus tard, allâmes gagner la CAN en Côte d’Ivoire contre le Nigéria en finale. Pour tous les jeunes qui se sont permis de me parler de football qu’ils découvrent sur le tard, sachez que nous n’avions même pas encore de télévision au Cameroun ; donc nous regardions les matchs de la CAN…sur nos postes de radios.

2 décennies plus tard, en 2005, les lions sont en lice pour les barrages afférents à la coupe du monde 2006 en Allemagne et nous affrontons les Egyptiens à domicile. Le match se solde par un score de 1 but partout, lorsque nous bénéficions d’un penalty. Wome Nlend s’élance pour le tirer et le rate. Les lions indomptables sont éliminés et ne participeront pas à la compétition d’excellence. Les supporters enragés s’en prennent à Wome Nlend. Il est vrai que quand on est supporter, on ne pense pas. Mais les esprits éclairés ont le devoir d’exiger un minimum de retenue dans ces cas-là !

J’EN PROFITE POUR EVOQUER LE MEILLEUR GARDIEN DE L’EPOQUE : ROGER THEOPHILE NGONDIEP

Il y a un joueur dont on ne parle jamais, oublié, ignoré, tel un fantôme et qui fut pourtant le premier grand gardien international que le Cameroun connut : Il s’appelait Roger Théophile Ngondiep. Je le connus en 1976 aussi à Nkongsamba lors des jeux OSSUC. Nous l’appelions le gardien volant tant il était leste et s’envolait alors même qu’il n’était pas grand de taille.

Par la suite, Roger alla sillonner les clubs du Cameroun : Union de Douala, Caïman de Douala (il épousa d’ailleurs une de leurs filles Douala), Diamant de Yaoundé de Zoundja, etc…Roger Théophile Ngondiep devint mon meilleur ami quand la providence décida qu’on se rencontre en 1987 à la SNEC et qu’il devienne mon meilleur ami. Le tout premier clip de ma chanson LE SOLITAIRE que vous pouvez retrouver dans mes archives ici-même fut tourné avec lui en 1988 à la CRTV par Richard Lobé. J’allais au stade pour lui, jusqu’à ce qu’il tombe malade et périsse pratiquement sous mes yeux en 1988. Je n’ai jamais compris cette éclipse de ce grand gardien de tout ce qui rappelle la grandeur des lions indomptables, pas plus que je ne puis comprendre le blackout total sur sa personne. Seul le site (en maintenance) de l’union sportive de Douala fait mention de sa personne ; mais bien sûr il n’est pas consultable.

Lire aussi:   Lettre ouverte de Jean Marie Atangana Mebara à Amadou Ali

Voilà autant de réminiscences footballistiques qui devrait dissuader qui que ce soit de me parler avec désinvolture et une passion déplacée de mon rapport aux Lions indomptables du Cameroun.

Je ne reviendrai même pas sur le rayonnement que nous procurèrent les lions après leur campagne d’Italie en 1990 alors que j’étais déjà en France et le seul noir africain dans un bourg du Nord de la France. Mes cris à eux seuls suffirent à convaincre la population qu’il y avait un Camerounais dans le coin. Alors, quand je vois aujourd’hui certains de mes jeunes compatriotes m’associer à un antipatriote alors même qu’ils ont découvert le football dans les réseaux sociaux, permettez-moi de vous dire que vous n’avez aucun brevet de patriotisme footballistique à accorder à qui que ce soit, encore moins à ma personne.

« Qui aime bien châtie bien » dit l’expression latine. Certes, le résultat est important en matière de football, mais une équipe qui fait du beau jeu est toujours agréable à regarder et le Cameroun a brillé autrefois non par ses aptitudes techniques (même si c’est à notre particularité physique que veulent souvent nous reléguer certains commentateurs sportifs) mais moi, j’ai connu un autre Cameroun tant sur les plans footballistique que politique et je m’en enorgueillis. Parce que j’aime mon pays et que je percevais beaucoup de failles dans notre équipe nationale, je l’ai dit : le faible jeu tactique de cette équipe et son absence de cohésion globale ne nous permettaient pas de remporter cette CAN. Mon objectif n’était pas de sacrifier à une critique de forme mais bel et bien de fond, afin qu’elle se ressaisisse, mais mes interlocuteurs ont vu le doigt là où je leur montrais la lune.

LA PROXIMITE GEOGRAPHIQUE AVEC LA CAN NE JUSTIFIE PAS TOUT

Voyez-vous, je n’en veux même pas à ceux qui m’ont insulté car chaque accroc, chaque incident est une formidable opportunité d’apprendre de nouveau, encore et toujours, pour vous comme pour moi ; la vie elle-même est un perpétuel apprentissage, nul ne possédant la totalité du savoir. De mon côté, il y a sûrement une dimension sociologique majeure que j’ai sous-estimée dans mon approche de cette CAN : c’est la dimension émotionnelle liée à la proximité de l’événement. Le poids des interactions dispense de se représenter le même fait de société selon qu’on en est proche (c’est-à-dire par le biais des interactions formelles ou informelles) ou éloigné (avec la lecture analytique froide que nous confère la distance).

En d’autres termes, le reproche que j’aurais à me faire, ce serait d’avoir mal ciblé le moment et non le fond de mon propos. J’aurais pu attendre l’élimination pour dire « Je le savais » comme font beaucoup, mais je ne sais pas faire semblant. L’élan patriotique autour des lions indomptables a engendré une effervescence impropice à une déclamation critique qui a laissé s’exprimer toute la bile nauséeuse de ceux pour qui les lions incarnaient l’exutoire dans un quotidien morose. Un proverbe chinois ne dit-il pas qu’« il ne suffit pas d’avoir raison, il faut aussi se le faire pardonner » ? En fait, il ne faut avoir raison ni trop tôt, ni trop tard, ni tout seul, je le crois.

En réalité, le fait que la CAN se déroule chez nous, lié à la ferveur que procure un tel événement en a amplifié la sensibilité au point que tout avis contraire au continuum spéculatif est perçu comme hostile. Il y a donc une notion de timing quant à une déclaration comme la mienne. Certains des acteurs qui se sont rués sur ma personne savaient le bien-fondé de mes remarques mais étaient dans le déni, certains pratiquant l’évitement (l’autruche), les 2 attitudes se confondant dans un ballet concentrique évanescent. En fait, dans ces moments-là, seule compte la projection de sa volonté très forte amplifiée par l’écho de ses partisans. L’individu rentre ainsi dans un ballet frénétique qui lui donne raison même quand il sait qu’il a tort. C’est en substance une prophétie autoréalisatrice qu’il cherche par l’énonciation de « sa » vérité. Elle n’est pourtant pas LA vérité. D’ailleurs qui la détient ? De langage philosophique d’origine Lockienne, je dirais que la volonté n’est pas volition, ce qui en d’autres termes signifie qu’il ne suffit pas de désirer fortement quelque chose pour l’avoir :  il faut en avoir la capacité.

La dimension passionnelle de ce sport enlève toute objectivité au supporter qui devient fanatique et plus que dogmatique. Toute réflexion échappe à sa lecture du phénomène et seul importe l’assouvissement de sa passion, à savoir la finalité téléologique de son être à ce moment-là. Il devient dès lors impossible d’établir une relation dépassionnée et rationnelle face à un être autant imprégné de sa raison.

L’expression « NOUS SOMMES UNE NATION DE FOOT », entendue à tout bout de champs, énoncée à tort et à travers ne veut rien dire dans un contexte compétitif, elle ne sert qu’à galvaniser les joueurs et à dissimuler les angoisses que procure un regard objectif sur le niveau d’une équipe. Cette expression ne signifie rien dans le fond. Les autres nations qui viennent jouer ne sont pas des spectateurs, mais des personnes de chair et de sang qui viennent aussi défendre le drapeau de leur pays. Un pays comme le Brésil, nation de football par excellence 5 fois champion du monde sur 3 continents qui disputait la 11e demi-finale de cette compétition, s’est fait sortir de sa propre coupe du monde en 2014 sur le score humiliant de 1-7 contre l’Allemagne. Je parle bien de l’équipe des Pelé, Jairzihno, Garincha, Raï, Bebeto, Ronaldhino et Neymar jr, Marcello et autres…qui organisait cette compétition pour la deuxième fois de son histoire, depuis 1950.

Lire aussi:   Le fiasco en Libye, ma «pire erreur» confesse Obama: qui répare les conséquences?

ATTENTION A NE PAS SOMBRER DANS LA DICTATURE DE LA PENSEE SIMPLIFIANTE

Ainsi naissent les guerres ! La vacuité de la pensée, l’absence de sens critique, le refus de toute réflexion critique sont au départ des guerres qui nous ramènent à notre nature animale. Le football s’apparente à une guerre moderne sans effusion de sang, dans le sens où il exacerbe nos passions les plus enfouies et fait apparaitre un axiome contre lequel se heurte toute logique. Il n’est qu’à voir les querelles entre supporters camerounais et ivoiriens, les morts du stade Olembe pour comprendre toute la ferveur passionnelle de cet évènement social. Et pourtant, il est social (c’est-à-dire sporadique et localisé dans le temps et l’espace), il n’est pas sociétal (c’est-à-dire de nature anthropologique)!

Mes adversaires d’un jour m’ont traité d’antipatriote, certains ont insulté ma musique (quelques-uns me promettant même de jeter mes CDs à la poubelle), d’aucuns doutant de mes qualités pédagogiques en tant qu’enseignant. Je ne vais pas revenir sur ces enfantillages. Je rappellerais simplement à ceux de la 2e catégorie qu’ils n’ont jamais acheté un CD d’origine de Georges Minyem, mais plutôt des contrefaçons et que mes œuvres sont diffusées partout au Cameroun depuis plus de 20 ans dans vos supermarchés, sur vos chaines de radio et de télévision, sans qu’il ne me soit reversé aucun droit d’auteur. Je n’ai pas vu la solidarité de la population lorsque les artistes se mobilisent. La plupart se contentent de « farotages » insipides qui réduisent encore l’artiste à une dimension de mendiant dans notre nouvelle société camerounaise de parvenus, d’arrivistes. Ceci pour rappeler à ces nouveaux riches que leurs affirmations cybernétiques ne m’effleurent même pas pour une raison très simple : On ne saurait conditionner l’œuvre d’un artiste à son engagement patriotique. Je ne suis pas un artiste d’Etat et c’est le Cameroun qui devrait être fier de compter parmi ses fils un chansonnier de mon talent !

Soyons donc sérieux 2 secondes ! Le patriotisme se mesure-t-il au degré d’adhésion à une équipe de football ? A vrai dire, je ne suis même pas obligé d’aimer les lions indomptables mais je les aime et je n’ai attendu personne pour les aimer. Je les aimais alors que beaucoup n’étaient même pas encore en projet pour leurs parents. Pourquoi j’aime les Lions indomptables ? Parce que l’attachement à son pays est viscéral et souterrain. Ce sont des récurrences, des initiations qui façonnent une complexion et un attachement à une nation. Ce sont des chants, des cris, des odeurs, des effluves et une transcendance substratique qui modèlent un attachement patriotique, une espèce d’égrégore substantiel qui fait de nous des amoureux d’un pays.

POUR FINIR

Pour finir, évitez donc de déverser votre frustration sur ma personne car je ne suis pas celui qui vous a ravi votre CAN : VOUS AURIEZ DÛ M’ECOUTER ET MIEUX CONSEILLER LES JOUEURS ET LE STAFF.

J’espère que cette fièvre footballistique ne vous aura pas fait oublier que cette CAN est certes une fête nationale, mais elle ne saurait résumer à elle seule notre pays qui est une agrégation de réalités vitales, de privations quasi quotidiennes, de précarité et de paupérisations croissantes aussi, de réalités sociales iniques, de démissions politiques, de spoliations culturelles, de pesanteurs économiques antisociales.

En matière politique, des vols qui portent sur des milliards de FCFA ont été commis qui doivent être sanctionnés judiciairement. Des prisonniers politiques sont embastillés par l’arbitraire d’Etat et nous ne devons pas les oublier. Des détournements avérés sur plusieurs centaines de milliards ont été effectués sur les tests Covid et personne n’en parle. VOTRE PATRIOTISME DOIT AUSSI SE MANIFESTER SUR CES SUJETS HAUTEMENT PLUS IMPORTANTS POUR NOTRE DEVENIR EN TANT QUE NATION ! Il y a donc une miscellanées de faits sociaux que la CAN ne saurait étouffer et nous autres, observateurs avertis, qui ne réduisons pas notre analyse sociétale au style de jeu des lions indomptables, sauront rappeler au peuple qu’il est exactement à la place où les peuples ont toujours été relégués par les pouvoirs autocratiques : PANEM et CIRCENCES, c’est-à-dire du pain et des jeux ! Exactement comme sous Rome au début de l’ère chrétienne, les puissants se servaient des jeux pour distraire le peuple, continuer le pillage des ressources et dormir en paix. VOUS AVEZ EU LES JEUX, IL FAUDRA AUSSI QUE VOUS METTIEZ LA MÊME FOUGUE POUR OBTENIR LE PAIN. N’oubliez pas cette maxime du Mahatma Ghandi : « C’est en vous que doit se réaliser le changement que vous désirez voir dans le monde ».

Et si après tout ceci, vous n’avez toujours rien compris, continuez de vous voiler la face : ce ne sera que procrastination d’autres échecs à venir ! Et je suis un patriote amoureux de sa patrie et non un « vuvuzélateur » !!!

Patriotiquement,

Prof. Henri Georges Minyem

Enseignant l’université Paris-Diderot

commentaires
Loading...