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Christian Penda Ekoka: ENAM, ECOLE PRESTIGIEUSE D’ADMINISTRATION PUBLIQUE OU ECOLE DE GANGSTÉRISME PUBLIC? – Icicemac

Christian Penda Ekoka: ENAM, ECOLE PRESTIGIEUSE D’ADMINISTRATION PUBLIQUE OU ECOLE DE GANGSTÉRISME PUBLIC?

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Que vaut réellement cette école qui forme les cadres de l’administration publique camerounaise ?

Dans un communiqué rendu publique par Michel Ange Angouing, Ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative , celui-ci annulait la publication des résultats de l’admissibilité de l’Enam publiés par son Directeur, le motif était « violation de la réglementation en vigueur et des procédures établis en la matière de gestion de concours administratifs ».Dans ce communiqué le ministre précisera qu’une publication régulière des admissibilités au dit concours interviendra dans les meilleurs délais possibles, afin de permettre le déroulement harmonieux de la scolarité des candidats définitivement admis »
Le Cameroun forme dans cette institution depuis plus de 50 ans les cadres de l’administration publique, des fonctionnaires qui dans un système de gestion hyper-centralisé, sont chargés de gérer les affaires publiques. En 50 ans, le Cameroun à plusieurs reprises a eu la palme d’or du pays le plus corrompus au monde, l’administration publique étant fortement indexée. En 50 ans, les cadres de l’administration publique formés dans cette école ont déclassés les industriels et producteurs de richesses pour devenir les plus fortunés.’’ Connaissant les salaires des fonctionnaires, comment expliquer l’origine de leurs fortunes, des quartiers tout entiers, des plus luxueux du Cameroun appartiennent aux fonctionnaires qui réussissent à faire voter des lois pour protéger leur activités, sinon comment expliquer cette loi qui autorise d’enfermer les locataires insolvables ?’’ S’interroge le conseiller de Paul Biya car en effet, les fonctionnaires camerounais qui se sont enrichis sur l’argent du contribuable, ne pouvant plus expatrier leurs fonds, se sont lancés dans l’immobilier et pour se protéger, ils vont réussir à faire adopter une loi à l’assemblée nationale qui condamne à des peines d’emprisonnements ceux qui ne pourront pas payer leurs loyers.
Dans ces conditions, nous avons demandé au conseiller en quoi l’ENAM mériterait le qualificatif d’école prestigieuse. Sa réponse ci-dessous est édifiante.
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De manière générale, les facteurs qui fondent le prestige d’une grande école comprennent :
La perception de l’école au sens de son apport ou sa contribution dans la formation de l’élite sociétale, au leadership et à la gouvernance de la société ;

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La sélectivité du processus d’admission ;
La qualité des enseignements : richesse, innovation, créativité, pertinence par rapport aux défis professionnels auxquels sera confronté le diplômé ;

L’appréciation de ses diplômés fondée sur l’histoire de leurs performances en univers professionnel (performance incluant capacité stratégique, adaptabilité, remise en question, innovation, anticipation, créativité, réactivité qui sont des qualités déterminant la capacité à résoudre toutes sortes de problèmes).
Sur la base des éléments ci-dessus, le caractère prestigieux que certains s’évertuent à vouloir conférer à l’ENAM est difficilement établi. Rappelons l’histoire de la création de cette école.

Après la deuxième guerre mondiale, Pour pallier l’insuffisance de cadres administratifs en France, un pays où l’Etat, faut-il le souligner, jouait à l’époque un rôle central dans la gouvernance et le développement économique et social, le général de Gaulle créa l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Paris en 1945. Plusieurs pays africains francophones, dont le Cameroun malgré sa spécificité bilingue, suivirent cet exemple en créant des écoles d’administration publique après les indépendances.

Le prestige de l’ENA devrait-il se répercuter automatique sur les écoles d’administration publique africaines, et particulièrement sur l’ENAM camerounaise ?

Pour répondre à cette question, il convient de souligner que l’on ne peut dissocier les performances de l’ENA de l’environnement du pays qui l’héberge, c’est-à-dire la France. En effet, la France est un pays où la tradition de service public est sacro-sainte. De plus, une dynamique compétitive régionale et mondiale a soumis ce pays à des défis qui l’ont constamment poussé à se remettre en cause, à rechercher la performance, à cultiver les valeurs d’excellence, pour maintenir sa place au rang des puissances mondiales respectables. Ce sont ces éléments qui constituent l’ancrage stratégique et culturel de la France et, partant, de son système de formation.

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Dans le même ordre, on ne saurait dissocier les performances de l’ENAM des dérives qui ont affecté l’environnement de notre pays, dont entre autres le laxisme, le népotisme, la corruption, etc. A l’aune de ces évolutions, l’ENAM n’est qu’une pâle copie de leur référent initial, l’ENA de Paris, à plus d’un titre :
Le processus de sélection des étudiants est entaché d’attributs tellement négatifs dans l’opinion, qu’il en perd tout crédit ou fiabilité, et rien ne semble être fait pour dissiper cette image ;
L’ENAM est perçue non comme un lieu de formation au service public ou d’exigence d’excellence, mais un investissement pour une carrière professionnelle en manière de sinécure ;

Le contenu des enseignements semble privilégier la reproduction des schémas antérieurs, la formation de la personnalité du futur haut fonctionnaire à la soumission hiérarchique, en lieu et place de l’esprit critique, de l’innovation et de la remise en cause qui sont les principaux facteurs de progrès dans une société ;
En matière de performance, les diplômés de l’ENAM ont, au cours des cinq décennies suivant l’indépendance, assuré l’encadrement supérieur de l’administration du pays, avec pour résultat deux crises économiques, assorties de deux thérapies d’ajustement avec le FMI.
Dans ces conditions, qu’appelle-t-on école prestigieuse s’interroge le CT qui estime que la paupérisation, fracture sociale, népotisme, détournement, corruption sont les résultats d’un modèle de gouvernance qui est fortement marqué par l’empreinte de l’ENAM. Or, alors que tous les diagnostics recommandent le changement de ce paradigme pour stimuler une croissance vigoureuse et inclusive au Cameroun, on ne saurait ne pas remettre en question une école qui en assure la fonction de reproduction du personnel d’encadrement de la haute administration.

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En 2009, le Président de la République, participant aux célébrations du cinquantième anniversaire de l’ENAM, n’a pas eu des mots très tendres à l’endroit de cette école. Ils auraient dû constituer une alerte pour engager une réflexion profonde pour la reconfiguration des missions et de l’organisation de cette école, afin de rendre ses enseignements cohérents avec les enjeux et les défis de notre pays dans un monde où la compétition entre les pays, les régions et les individus est devenue de plus en plus âpre.

Propos recueillis par Albin Michel Njilo

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