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Le climat politique comme il va au Cameroun… – Icicemac

Le climat politique comme il va au Cameroun…

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La vie politique nationale se joue ce temps pour l’essentiel en sous-marin ou derrière les rideaux. Quelques faits, çà et là, permettent d’appréhender la dimension des enjeux dans la logique de la succession.

1-La galaxie Biya agitée

C’est le moins qu’on puisse dire. Trois faits visibles et mesurables traversent ce camp politique. Entre le renouvellement des organes de base du Rdpc ou la volonté affichée de refaire les acteurs en arrièreplan, la mise en scène de Franck Biya, ou le match ouvert entre les Biyaïstes et le Rdpc, on ne sait plus toujours où donner la tête. En ce qui concerne la base du parti, la campagne de renouvellement en cours a au moins le mérite de laisser deux messages. En premier lieu, le parti veut reconquérir les militants perdus au niveau de la base, en donnant un coup de fouet pour créer davantage de cellules qui vont engendrer la dynamique de création des autres instances dirigeantes du parti que sont les comités de base, les sous-sections et les sections.

Le deuxième enseignement est que le parti animé par Jean Nkuete au quotidien, aspire à renouveler le leadership de la base au sommet, se prend-on à espérer. De ce fait, de nouvelles figures vont faire leur entrée dans les arcanes du Rdpc. C’est probablement dans cette perspective que certains acteurs envisagent l’entrée officielle du fils de Paul Biya en politique, et spécifiquement son entrée au sein du Rdpc par la base ou par le sommet. C’est selon. La question la plus capitale est de savoir si Paul Biya a donné son onction pour une telle initiative. Qu’importe, Franck Biya a tous ses droits civiques et politiques et peut se lancer dans l’arène sans solliciter des soutiens.

Pourquoi le père n’a-t-il pas inscrit son fils à l’école de la succession comme l’ont fait Omar Bongo Ondimba et aujourd’hui Obiang Nguema pour demeurer dans le cadre de l’Afrique centrale ? Le fils du premier aujourd’hui chef de l’Etat, était avant le décès de son père, ministre de la Défense et vice-président du Parti démocratique gabonais (Pdg ; aujourd’hui le fils du second, bien parti pour succéder à son père est vice-président du Parti démocratique de Guinée Equatoriale (Pdge) et vice-président de la République. Une trajectoire certaine qui va conduire Theodorin Obiang Nguema à succéder à son père. En ce qui concerne la bataille ouverte entre les Biyaïstes et le Rdpc, les déboires de Messanga Nyamding traduisent toutes les vicissitudes de ce combat feutré. L’issue, une fois de plus est attendue de l’arbitrage du numéro un camerounais qui voudra bien siffler la fin de la récréation en donnant le sens de la marche à suivre.

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2- Maurice Kamto calme le jeu

Le Mrc de Maurice Kamto semble avoir pris toutes les dimensions des enjeux qui l’opposent au Rdpc. Si le professeur de droit n’a pas renoncé à la réclamation de « sa victoire volée » il est cependant de plus en plus moins enclin à faire des sorties. Pour les cas où il se met en scène, on sent par le ton de ses propos une sorte de volonté d’apaiser les tensions au sein de la Nation. Ses deux sorties assez conciliantes suite aux décès d’Hubert Ateba et de Paul Eric Kingue, deux de ses ex-collaborateurs qui l’ont par la suite violemment combattu, illustrent de cette nouvelle posture du leader du Mrc d’arrondir les angles aigues pour mieux ratisser large. C’est un euphémisme de le dire, le parti de Kamto, par la réalité du terrain continue de s’implanter même dans les régions les plus insoupçonnées du pays.

Le pouvoir, pour endiguer la bourrasque Mrc, a jugé nécessaire de neutraliser les collaborateurs les plus entreprenants de Maurice Kamto à l’instar d’Alain Fogue et de Bibou Nissack, en les jetant en prison. Mesure salvatrice ou fuite en avant ?

La seule certitude est que ces deux, une fois hors des geôles reprendront de plus belle, le combat pour la quête du pouvoir. L’exemple de Mamadou Mota qui une fois libre, a redoublé d’ardeur dans la bataille politique devrait renseigner à suffisance les tenanciers du pouvoir sur la vacuité d’une telle initiative. A côté de cette réalité, avec la campagne de renouvellement en cours dans le Rdpc, il est certain que les frustrés au sortir de cette initiative vont aller grossir les rangs de l’opposition.

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L’autre paire de manche qui va être difficile au pouvoir est la continuité de la politique du « non contre le gré à gré » qui entache sa démarche. Un autre point de friction avec le pouvoir est l’exigence plusieurs fois formulées de la nécessité de réviser de manière consensuelle le système électorale. C’est une question préoccupante pour le pouvoir qui a cette volonté manifeste de passer par le parlement pour réviser à tout au moins le Code électorale. Jusqu’où pourra aller cette révision parlementaire où le pouvoir est majoritaire ?

3-Un candidat sous les fumigènes dans le Grand-nord

Les trois régions septentrionales du pays, au fur et à mesure que Paul Biya va avec son règne semblent de plus en plus séduites par l’opportunité de mettre un candidat de cette partie du pays sur le feu de la rampe. Des noms à l’exemple du fis du président Ahidjo fusent. Personne n’est en mesure de dire avec certitude s’il se positionne dans cette partie du pays pour jouer à fond la caisse une carte personnelle en vue de remplacer Paul Biya. En dehors de la carte du fils d’Ahidjo dont on annonce que même certains parlementaires du Rdpc sont ligués derrière lui, il y a celle de l’association dix millions de nordistes dont l’Administration a interdite. Cette réalité traduit toute la préoccupation du pouvoir de taire ces velléités d’affranchissement des populations du septentrion vis-à-vis de leurs élites ou visà-vis du pouvoir central.

Au-delà de tout, cette initiative à elle seule ressemble à ce qui s’est passé dans les deux régions anglophones du pays où le désaveu des élites politiques Rdpc a fait la racine du mal. Le pouvoir ne devrait pas oublier les différents discours des élites de cette partie qui n’ont jamais fait mystère de leur soutien à Paul Biya et non au Rdpc. Cela a été dit et répété au cours du long magistère du chef de l’Etat. Dans la perspective de la succession, à l’intérieur ou en dehors du Sérail, il y a une convergence de la foi des fils de cette région du pays qui croient dur comme fer que Paul Biya va imiter le geste de son prédécesseur en transmettant le pouvoir à un digne fils du septentrion. C’est encore là une autre grosse et délicate question qui vient s’amonceler sur la table de Paul Biya dans l’optique d’une transition apaisée.

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4- Le langage des armes

C’est curieux que le pays ait basculé en si peu de temps, de havre de la paix, à pays de guerre et de violence. C’est les deux régions anglophones qui ont donné le coup d’envoi. Au début, personne ne croyait que cet affront contre le République, pour reprendre la terminologie d’usage, tiendrait pendant six mois. Cinq ans plus tard, les bandes armées se sont radicalisées totalement, le grand banditisme et les règlements de compte sont venus complexifier une exigence qui au début avait des allures corporatistes ou politiques.

Maintenant, les Camerounais croisent les doigts et prient activement pour l’unité de leur pays. On en était là, que des groupes rebelles annoncées tantôt aux frontières à l’Est, tantôt à l’ouest avec le Nigeria, viennent définitivement convaincre que le Cameroun est entré dans l’ère de la fragilité, à la surprise générale car depuis la guerre des indépendances, le pays a toujours connu la paix. Ces groupes rebelles dans les vidéos postées sur la toile font le plus souvent état de leur détermination de marcher sur Yaoundé. Cela s’est si bien fait que récemment, une personnalité en prison à Kondengui a dû faire une sortie pour se désolidariser de ces groupes qui prétendaient se battre pour sa libération et celle de certains de ses camarades qui partagent son infortune. On se demande si les menaces de ce groupe ont du sens au moment où l’armée camerounaise ne montre aucun signe de faiblesse dans la défense des institutions du pays et de ceux qui les incarnent, tout autant que la défense de l’intégrité territoriale du pays. Tout un mystère.

Léopold DASSI NDJIDJOU

Source: Le Messager- Le Messager no 5733 – 25 Mars 2021

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