C’est du jamais vu ou presque dans l’histoire de la Ligue nord-américaine de basket-ball (NBA) et du sport africain. A 23 ans, Joël Embiid a signé un nouveau contrat de cinq ans avec Philadelphie contre une somme record pour un basketteur né en Afrique : 148 millions dollars. Cela équivaut à 125 millions d’euros, soit 82 milliards de francs CFA.
C’est certes très loin des 228 millions de dollars obtenus par le basketteur américain James Harden en juillet 2017 pour rester chez les Rockets d’Houston. Mais c’est près du double de ce que pouvait toucher le légendaire pivot congolais Dikembe Mutombo chez les Nets, au début des années 2000 [1].
Un salaire annuel de 29 à 30 millions de dollars
Toujours à titre de comparaison, le footballeur Samuel Eto’o avait négocié un salaire d’environ 29 millions de dollars par saison, sur trois ans, avec le club russe Anji Makhatchkala.
Les 76ers, eux, verseront donc à Joël Embiid 29,6 millions de dollars en moyenne par an. Ce deal entre les deux parties prendra effet à l’été 2018, lorsque le contrat de débutant (« Rookie ») signé en 2014 par le Camerounais avec la franchise NBA arrivera à son terme.
« Embiid est un jeune talent que vous ne voyez passer que rarement dans notre sport », s’est justifié le président des 76ers Bryan Colangelo dans un communiqué. Une analyse partagée par George Eddy, commentateur et consultant-vedette du groupe audiovisuel Canal Plus depuis 1985 : « C’est fabuleux ce qui lui arrive. C’est grâce à son talent et à son potentiel. Et maintenant, on va voir s’il va tenir le coup physiquement, parce qu’il a souvent été blessé. »
Il a disputé un match sur huit, en moyenne
La décision de Philadelphie fait jaser en NBA. C’est en raison de la fréquence à laquelle les fans ont pu apprécier le talent de Joël Embiid.
Depuis son arrivée en NBA en 2014, le natif de Yaoundé n’a ainsi joué que 31 matches sur les 246 disputés par Philadelphie en NBA. Soit une rencontre sur huit, en moyenne…
Pour être tout à fait exact, l’ancien pensionnaire de l’Université du Kansas n’a pas joué une seule fois durant ses deux premières saisons en NBA, en 2014-2015 et en 2015-2016, à cause de graves blessures au pied droit. Il n’a donc fait ses débuts professionnels que le 27 octobre 2016. Puis, il a enchaîné une trentaine de parties jusqu’à fin janvier 2017, avant de se blesser cette fois au genou gauche.
« Il représente le basket moderne »
Ces trois mois ont toutefois suffi à séduire tout le monde ou presque. « Son talent est rare, analyse George Eddy. C’est un pivot qui est très mobile, qui peut tirer à trois points. Il représente un peu le basket moderne à tous points de vue. C’est parce qu’il est un joueur unique ; unique dans le style d’un Magic Johnson, Larry Bird, Michael Jordan. C’est quelqu’un qui, durant les prochaines saisons, s’il est bien entouré, faire espérer à son club de gagner carrément le titre NBA. En plus, c’est un jeune joueur qui peut encore progresser. On comprend donc pourquoi ce pari risqué a été pris ».
En dehors des parquets, Joël Embiid est en outre un phénomène, très apprécié des fans de basket. Le « Lion indomptable » est notamment une star des réseaux sociaux. Avec un sens de l’humour douteux, le joueur des 76ers n’hésite jamais à se payer un adversaire (LeBron James, notamment), un détracteur (même lorsqu’il s’agit de l’actrice porno Mia Khalifa) ou à faire des déclarations d’amour à la chanteuse Rihanna.
« Faites confiance au processus »
« De toutes les façons, les 76ers sont obligés d’agir ainsi, ajoute George Eddy. Joël Embiid a un tel talent qu’il représente l’avenir de cette franchise. Ils vont tout faire sur le plan médical pour qu’il puisse tenir sa place. Et puis, ils ont mis des clauses dans son contrat. Si jamais, par malheur, il y a une nouvelle blessure, soit à son pied, soit à son dos, durant les prochaines années, Philadelphie pourrait se retirer du contrat en payant une très grosse indemnité. Donc Philadelphie s’est protégé d’une certaine manière ».
Après neuf mois sans jouer, le Camerounais a disputé son premier match, ce 12 octobre 2017. Il a inscrit 22 points, capté 7 rebonds et délivré 3 passes décisives en l’espace de 15 minutes seulement. Il s’agissait certes d’une rencontre de préparation face aux Nets de Brooklyn, avant le début de la saison NBA. Mais sa performance a rappelé pourquoi la devise de Joël Embiid est « Trust the process », qu’on pourrait traduire par « faites confiance au processus ».
Source: David Kalfa -Rfi