« Analyse des déterminants socio-cognitifs de l’intention de s’engager dans des programmes de restructuration du travail informel au Cameroun ». Tel est l’intitulé de la thèse de doctorat en psychologie du travail et ergonomie que Charles Le Grand Tchagnéno Téné a soutenue, le vendredi 9 mars 2018, à l’Université Grenoble Alpes (UGA). Peu avant 9h, la petite salle des colloques de l’UGA où s’est déroulée la soutenance, a été prise d’assaut par une cinquantaine de personnes. On pouvait y noter des collègues chercheurs, des compatriotes camerounais et autres membres de la diaspora africaine, ainsi que d’autres Grenoblois attirés par l’originalité du sujet.
Le jury était constitué des professeurs Michel Dubois (Université Grenoble Alpes), Annamaria Difabio (Université de Florence – Italie), Philippe Sarnin (Université de Lyon 2 – Lumière), Samuel Same Kolle (Université de Douala – Cameroun), Stuart Carr (Université de Massey – Nouvelle Zélande).
Prenant la parole devant les six membres du jury (dont un en visioconférence) pour exposer les résultats de son travail de recherche, Charles Le Grand Tchagnéno Téné a tout d’abord présenté le contexte d’émergence de son sujet de thèse. Considéré comme toute activité qui échappe au contrôle et à la régulation de l’État, le travail informel occupe une place importante dans l’économie et au sein de la société camerounaise. Plus de 90% de la population active au Cameroun exerce dans ce secteur d’activité marqué par une extrême précarité (modique salaire, absence de contrat de travail et de couverture santé, etc.). Avec l’appui des bailleurs de fonds, l’État camerounais a engagé depuis les années 90 un ensemble de politiques publiques pour résorber le taux de chômage et sortir ce secteur d’activité de la précarité et le rendre viable. Mais malgré cela, on note une persistance voire des résistances des acteurs de sortir du travail informel.
C’est fort de ce contexte que Charles le Grand Tchagnéno Téné a entrepris de mener un travail de recherche pour comprendre les déterminants socio-cognitifs qui expliqueraient le refus d’adhérer aux programmes de restructuration mis en place par les pouvoirs publics. Pour ce faire, l’impétrant a expliqué avoir eu recours aux entretiens semi-directifs et aux questionnaires avec les travailleurs et employeurs du travail informel au Cameroun notamment à Douala, Yaoundé et Bafoussam. Les conclusions auxquelles l’impétrant est arrivé montrent que les attitudes et normes subjectives, la connaissance, la perception de l’information, la crédibilité perçue des programmes, l’inadéquation entre les programmes élaborés avec les conditions des travailleurs dans l’informel sont autant de facteurs qui expliquent pourquoi les travailleurs du secteur informel ne s’engagent pas dans des programmes élaborés par le gouvernement camerounais.
Prenant la parole après cet exposé, Elisabeth Doutre, MCF émérite et directrice de thèse du candidat a salué le travail mené par son doctorant et la qualité des résultats auxquels il a aboutis. Comme s’ils s’étaient passés le mot, les autres membres du jury n’ont pas tari d’éloges à l’endroit du candidat dont le travail a été jugé comme étant d’ « une excellente qualité ». Par ailleurs, les quelques remarques et questions du jury ont permis au public d’apprécier le talent d’orateur de Charles Le Grand Tchagnéno et la pertinence de ses réponses. Fait exceptionnel, le public a même été invité à participer aux échanges forts enrichissants. Pour Charles Le Grand Tchagnéno Téné, l’apport véritable de son travail doctoral est d’offrir aux politiques et décideurs des éléments pouvant permettre d’affiner les politiques de restructuration du travail informel dans le contexte camerounais. Ce travail qui s’inscrit aussi dans la psychologie du travail humanitaire apporte un regard innovant au sujet de la théorie du comportement planifié.
Après le suspens habituel de la délibération, le jury, par la voix de son président, Michel Dubois, a octroyé à Charles Le Grand Tchagnéno Téné, le grade de Docteur en Psychologie du travail et ergonomie de l’Université Grenoble Alpes.
Le nouveau Docteur a été invité séance tenante à se rendre à Florence (Italie) et en Nouvelle-Zélande pour présenter les résultats de ses travaux de recherche.
Source: ajcfrance.fr/?p=240