Boycott des artistes-musiciens camerounais en Europe
A la quête des déterminants de l’interprétation des sonorités discordantes des Camerounais de la diaspora à l’aune du paradigme de la Sociologie de la contestation inspirée de Jean Ziegler!
“Science sans conscience n’est que ruine de l’âme” Dixit Rabelais
“Vox populi vox Dei” Traduction la voix du peuple, c’est la voix de Dieu. L’évocation de ces deux pensées n’est pas fortuite, encore moins gratuite. En effet, à la lumière de ces deux citations,- il est possible d’en
évoquer plusieurs autres nous ne sommes, malheureusement, pas à l’amphi. Il apparaît, d’une part, une interpellation individuelle-s’agissant de la première référence scientifique-.
Dans l’optique d’analyser et d’interpréter les raisons de la symphonie du désaccord des compatriotes de la diaspora à l’endroit des
artistes-musiciens locaux exprimant le vœu de faire un concert, voici deux extraits de la vidéo des auteurs, diffusée, ces derniers jours, sur les réseaux sociaux! “Il y a Coco Argentée, Mani Bella, Grâce Decca,
Jean-pierre Essome. Désormais pour sept ans mandat de Paul Biya, vous êtes irrecevables en Amérique du Nord.. C’est terminé! L’argent que vous avez déjà perçu, vous le mangerez pendant sept ans. Grâce Decca et K-Tino, vous êtes ds enfants de Dieu, vous luttez contre les opprimés. Vous qui êtes les enfants de Dieu, vous luttez contre les opprimés. N’avez-vous pas vu cette jeunesse qui a refusé d’aller manger le pain sardine? Prenez l’exemple de Lapiro de Mbanga! Il a voulu sortir du régime Biya et vous voyez où il a fini. Il est enterré à l’extérieur du pays. Vous avez le droit de voter pour qui que ce soit, mais en privé”.
Lisez, dans la même veine, le second extrait de cette vidéo des
Camerounais de la diaspora!
“Si vous avez des concerts, c’est grâce à nous qui vous invitons à
l’extérieur, si vous faites des concerts, et que c’est plein, c’est parce
que nous vous adulons. K-Tino surtout toi. C’est fini le pain sardine que
vous avez mangé là; c’est fini. Nous ne sommes pas des combattants de notre pays, mais des résistants. Nous allons boycotter tous vos concerts que ce soit en France, en Angleterre, en Belgique, au Canada ou aux Etats-unis… Nous voulons le changement chez nous au Cameroun. Ce n’est pas parce que nous sommes à l’extérieur”.
Au lieu d’ergoter autour de ce que Claude Javeau appelle “les affects”, au lieu de faire un procès d’intention à Maurice Kamto comme l’ont,
manifestement, fait Roméo Dika et K-Tino dans leurs précédentes sorties, au lieu d’étiqueter et de pourfendre des concitoyens résidant à l’étranger pour avoir honni 25 artistes-musiciens camerounais voulant participer à un concert, il est idoine de faire une analyse de contenu, sans complaisance, du discours manifeste et latent desdits extraits, ce qui est la méthode choisie en pareille circonstance, dont le développement va être construit dans les lignes qui suivent.
De manière globale, ces praticiens de l’art musical sont battus en brèche parce qu’ils ont pris fait et cause pour le pouvoir en place que des Camerounais de la diaspora considèrent comme un régime oppresseur ou comme un système à l’origine du mal-être sociétal.
Deux aînées sociales, dans cette nomenclatura d’artistes-musiciens locaux, sont ciblés, en l’occurrence Grâce Decca et K-Tino que des concitoyens qualifient de “d’enfants de Dieu”, mais paradoxalement, ils (les artistes-musciens) sont combattent les opprimés.
Pour ces Camerounais ulcérés, “la femme du peuple” et l’auteure du titre à succès “Mbwanga Gwam”, qui se sont, toutes les deux, converties, chacune dans sa congrégation religieuse, ont pour rôle de soutenir la cause des affamés, des misérables, des paupérisés, des orphelins, des malades et des exploités. Bref, ces deux vitrines du monde musical, qui ont, de surcroît, séduitplus d’un et ont tenu en haleine bien de mélomanes d’ici et d’ailleurs, ont le devoir, suivant la posture idéologique des membres de la diaspora, d’être “la voix des sans voix”. Mais en vain!
“Vous êtes des enfants de Dieu, vous luttez contre les opprimés”. C’est
véritablement au niveau de ce fragment de phrase que référence est faite, suivant la grille d’analyse choisie, au paradigme de la Sociologie
d’opposition ou à celui de la Sociologie de la contestation, dont Jean
ziegler est le pionnier. Neo-marxiste, le chantre de la Sociologie de la
protestation défend, dans “Retournez les fusils! Manuel de Sociologie
d’opposition”, la cause des opprimés, c’est-à-dire des déflattés, des
paupérisés, des aliénés et des exploités. “Nous ne sommes pas des
combattants de notre pays, mais des résistants”, disent des concitoyens de l’ailleurs.
Les Camerounais de la diaspora, qui ont refusé à;leurs frères et soeurs de prester lors d’un concert, expriment, purement et simplement, leur courroux et font résonner la rengaine de la désapprobation et sonnent la note musicale de l’aversion, signe de l’accréditation de la symphonie de la révolution venant de l’ailleurs, bien que la “révolution passive”, au sens de Luc Sindjoun, Politologue, soit toujours engluée dans les schèmes mentaux des Camerounais d’ici.
“Le changement au Cameroun”, c’est la nouvelle phase d’évolution sociétale exigée par plus d’un à l’étranger. “Vous avez le droit, soutiennent-ils, de voter pour qui que ce soit, mais enn privé”. Or, en décidant, tous azimuts, de prendre position en faveur de Paul Biya que le peuple des Camerounais de la diaspora appréhende comme un “oppresseur”, des artistes-musiciens l’ayan,t fait sont voués aux gémonies.
En allant prester au palais polyvalent des sports de Yaoundé quelques jours avant la présidentielle du 7 octobre 2018 pour la gloire du prince du Renouveau, Jean-Pierre Essome, , Nicole Mara, K-Tino, Afo akom, Ateh Bazor, etc soutiennent officiellement l’homme-lion. En 1997, en 2004, bien d’artistes-musiciens locaux l’ont fait. En 2001, sous la ferule de Roméo Dika, avec comme mécène Raymond Tchengang, plus de 100 artistes-musiciens sont allés faire allegeance au couple présidentiel Paul et Chantal Biya à Mvomeka’a. Question d’appeler au soutien à sa candidature à l’élection présidentielle de 2011. En 2018, des artistes-musiciens, quasiment les mêmes, à quelques exceptions près, l’ont encore fait au palais des sports.
Pourtant, depuis des décennies, ils croupissent dans un misérabilisme
ambiant, chancelant et recrudescent. Signe de leur mal-être sociétal. Bien de praticiens de l’art musical sont morts dans le dénuement abject. Bien d’artistes-musiciens ont passé l’arme à gauche sans qu’il n’y ait une véritable politique culturelle visant à construire leur statut social.
Bien de chanteurs locaux sont décédés durant les guégerres entre les
marronniers du droit d’auteur les plus connus de la scène publique
camerounaise. Depuis cinq ans au moins, des artistes n’arrivent pas à
percevoir leur dû, leur revenu du droit d’auteur (catégorie “B” de l’art
musical) en raison de la décrépitude qui sévit dans les sociétés de
gestion collective.
La Socadap,, la Cmc, la Socam, la Socacim sont nées, sont mortes et sont ont été enterrées dans la sépulture du ministère des Arts et de la Culture (Minac) au gré des logiques managériales lacunaires des gestionnaires et des querelles de leadership et de positionnement de certaines figures de proue dans ce giron. Le factionnalisme a fait son lit dans la gouvernance du droit d’auteur au Cameroun au détriment de la réflexion sur les vraies problématiques structurelle et conjoncturelle devant révolutionner le champ de l’art musical.
Bien d’artistes-musiciens ont cessé de faire des albums pour s’empêtrer dans les marécages de la conflictualisation des rapports avec leurs frères et fraters. de Vincent Diboti à Odile Ngaska en passant par Manu Dibango, Sam Mbende, Roméo Dika, tout s’est résumé à un tintamarre permanent sans mutation systématique du statut des peintres de l’art musical.
De Ferdinand Leopold Oyono à Narcisse Mouellé Kombi en passant par Ama Tutu Muna, tout s’est réduit aux turbulences dans la gouvernance des sociétés de gestion collective. Toute chose pilotée par des réseaux de barons de la “bourgeoisie compradore”, situés à la primature et à la présidence de la République, qui ne veulentguère voir les artistes unis comme un seul homme ou comme un fagot de bois.
Cette oligarchie, qui soutient, éternellement, leur champion, n’ont
pas aidé les théoriciens de l’art musical à inhumer la hache de guerre,
mais continue de les manipuler, de les instrumentaliser comme des bêtes de sommes et comme des moutons de PANURGE à l’abattoir. Et ce sont les même artistes affamés et opprimés par le système en place qui lutte contre les opprimés, qui s’obstine, en permanence, à faire des concerts à la gloire de leur bourreau.
Que des artistes cessent d’être infantilisés! Que ces parents et grands-parents, pour la plupart, décident de s’affranchir de l’ensauvagement perpétué par l’Etat policier et autoritaire, qui est infamant, décadent et déliquescent! Chers artistes-musiciens, réveillez-vous et demandez pardon au peuple! Vous avez trahi ce peuple. Le plutôt sera le mieux!
Le Don King
Mot à wou à wou!
Serge Aimé Bikoi