Libérez sans condition la journaliste Mimi MEFO

AFFAIRE MIMI MEFO – LE POINT DE LA SITUATION  PAR LE SYNDICAT NATIONAL DES JOURNALISTES DU CAMEROUN
L’état de droit est en recul. Libérez sans condition la journaliste Mimi MEFO  avec l’arrêt des poursuites à son égard  Douala le 08 novembre 2018 – Il était 23H15 lorsque les portes de la prison centrale de Douala se sont refermées sur la journaliste Mimi MEFO TAKAMBOU, Rédactrice en Chef en charge du service en anglais et présentatrice vedette d’Equinoxe TV/Radio.

C’est le coeur déchiré et dans la résignation que le collège d’avocats de la défense et les journalistes conduits par le SNJC ont vu sortir Mimi MEFO du bureau du Commissaire du gouvernement près du Tribunal militaire du Littoral les menottes aux poings. Il venait de décider de sa mise sous mandat de détention provisoire.

Le Commissaire du gouvernement Jackson Ahanda Yemego venait de requalifier les faits en «atteinte à la sécurité de l’Etat», pourtant à 14 heures 30 minutes, l’enquêteur, le Colonel Raymond Boum Bissoue, ci-devant Commandant en second de la Légion de Gendarmerie Nationale du Littoral avait lors de l’enquête préliminaire retenu contre elle la charge de «propagation de fausses nouvelles et cybercriminalité». Un changement de charge qui visait tout simplement à ne pas rendre la juridiction militaire incompétente pour se saisir de cette affaire qui relève du droit commun et qui ne présente aucun lien avec une infraction militaire comme l’a démontré avec force et arguments de loi le collectif d’Avocats de la défense conduits par Me Alice Nkom.

la Journaliste Mimi Mefo séquestrée par la soldatesque de Biya

Il faut dire que ce mercredi 07 novembre 2018, l’enquête préliminaire va durer pas plus de 30 minutes. Devant l’enquêteur, la suspecte va se voir présenter les captures d’écran de sa page Facebook comme corps du délit. Page sur laquelle elle avait relayé les dépêches de l’agence de presse agréée «Cameroon News Agency (CNA)» portant sur le meurtre du pasteur américain dans la région du Nord-Ouest. Dans un premier temps, CNA avait titré que «c’est l’armée qui aurait tué le pasteur», dans un second temps la CNA avait titré que «le pasteur a été pris dans les échanges de coup de feu des deux camps» et dans un troisième temps, Mimi MEFO a publié le communiqué du gouvernement soutenant que le pasteur a été tué par les milices séparatistes des régions anglophones.

A cela va aussi s’ajouter la publication des photos portant sur la dernière attaque sanglante de la bourgade de Bambili dans la région du Nord-Ouest.

Le collectif d’Avocats en charge de la défense de notre consoeur a déclaré au sortir de cette journée que «le dossier est vide, mais que cette affaire avait pris des connotations politiques graves», tout en ajoutant que «nous sommes dans une interpellation arbitraire et une cabale ouverte visant à museler les journalistes», avant de conclure que la décision kafkaïenne de l’emprisonnement de Mimi MEFO semblait avoir été prise bien longtemps et commanditée par des membres du gouvernement à l’instar de la haute hiérarchie militaire dont le Commissaire du gouvernement a dit recevoir des ordres.
Face à ce qui précède, le SNJC :

– souligne que Mimi Mefo n’a commis aucune faute professionnelle ;
– dénonce une menace permanente sur les médias dans le seul but de faire régner une atmosphère de crainte et d’autocensure ;
– condamne les méthodes d’un régime aux abois qui vise à bâillonner la presse par tous les moyens en créant une psychose au sein de cette profession à travers une série d’interpellations, de gardes à vue, et de procédures judiciaires à tête chercheuse et souvent savamment aiguillonnées ;
– rappelle qu’elle était l’une des rares journalistes à mener courageusement des grands reportages dans les lignes de front de cette guerre qui oppose les forces armées et les milices dites sécessionnistes ;
– exige sa libération sans condition et l’arrêt des poursuites judiciaires ;
– soutient que la consolidation de la démocratie, de l’unité nationale et du vivre ensemble au Cameroun passe surtout par l’acceptation par tous du rôle de chiens de garde que jouent les journalistes, malgré les mauvaises conditions de travail qui sont les leurs ;
– justifie sa position dans ce cas comme dans tous les autres, par l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948 qui stipule que : «Tout individu a droit à la liberté d’opinion, la liberté d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit» ;
– remercie infiniment la Mimi’s Team, nom de baptême du collège d’Avocats, pour son dévouement, son endurance, sa patience, sa détermination, et son engagement sans faille et de manière bénévole auprès de la presse pour défendre cette cause kafkaïenne.
– informe ses membres qu’ils sont assujettis à la Déclaration sur les principes fondamentaux concernant la contribution des organes d’information au renforcement de la paix qui proscrit dans l’exercice de notre profession toute forme d’incitation à la guerre, d’appel à la haine nationale, raciale ou religieuse et toute forme de discrimination, d’hostilité ou de violence.
Fait à Douala, le 08 novembre 2018

Source: Joseph Djotie

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