Me Momo Jean de dieu et Le PHACOCHERE QUI SE CROYAIT PLUS MALIN QUE LES AUTRES

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Dans la collection Les Fables de Fo’o Dzakeutonpoug

Alors qu’il se promenait dans la forêt, mangeant gloutonnement force nourriture, gambadant ci et là en toute liberté, affichant fière allure au regard de sa dorsale, de sa queue dressée  en accordéon et rendu redoutable par ses dents saillantes en ivoire, recroquevillées comme de petites trompes d’éléphant, il se sentait puissant, respecté et craint par la gent animale laudatrice.

Et c’est là qu’écoutant les conseils perfides de ses admirateurs au sujet de la succession du roi vieillissant, il fut atteint de la folie des grandeurs. Vantard, fort de ses amis de la savane, et passant de la parole aux actes, il se bomba le torse de terrasser le vieux lion qu’il pensait endormi sur son trône, et qu’il défia derechef.

 Il s’entraina à courir autour de la forêt ameutant ses laudateurs pour venir l’acclamer et l’encourager le jour du combat ;

Mais de toute évidence il avait pris ses lubies pour des réalités, car avant que le coup de gong n’ait fini de retentir, d’un violent uppercut, la force de l’expérience du vieux lion  le fit valdinguer dans les airs,

Le combat avait duré le temps d’un éclair et, redoutant la colère du vieux lion troublé dans sa quiétude, le phacochère s’enfuit prestement dans la forêt, le roi lion rugissant à ses trousses. L’imprudent dans sa course éperdue tomba dans un trou profond au fond duquel il se tint coi. Ne le voyant plus dans les parages, le vieux lion rentra dans sa tanière pour s’occuper des affaires de la cité.

         Ayant repris son souffle, et s’étant prudemment assuré que le vieux lion n’était plus dans les parages, il s’aperçut, ahuri qu’il était prisonnier dans la fosse, et ne pouvait sortir sans aide ;

Et comme il ne voulait pas perdre la face devant ses compagnons, il eut l’idée de les appeler et leur fit croire que le trésor royal était enfouit au fond du puits,

         Il leur demanda de sauter le trouver au fond du trou afin de l’aider à le remonter. L’âne naturellement cupide, suivi de la gourmande hyène, de la truie carnivore et d’autres sottes espèces furent les premiers à le rejoindre dans le trou.

         Y étant, ils furent fort surpris de ne point trouver le trésor.

Et c’est là où le phacochère leur confessa qu’il voulait qu’ils l’aidassent à sortir en grimpant sur leur dos pour atteindre la surface.

         Et comment allons-nous sortir à notre tour ? S’écrièrent les autres. C’est fort simple, leur répondit le malin, il vous faut sacrifier pour que je vive ! Ils se mirent les uns sur le dos des autres pour tenter de tirer d’affaire leur meneur ;

Mais ils réalisèrent que pour y réussir, il eut fallu encore cinq autres animaux. Appelé en renfort dans cette œuvre de salut public du leader charismatique, Zeuk le lièvre fleura le piège, déclinant l’offre, il s’en alla prestement en sautillant; la maligne tortue en fit autant. Qui est fou ? Pensa-t-elle. Seuls le mouton et deux autres compères d’infortune firent le saut périlleux  qui allait les perdre.

         Les jours passèrent, les animaux pris au piège de leur folie des grandeurs commencèrent à ressentir la piqûre aiguë de la famine et de la soif. Mais plus aucun animal ne voulait venir mourir en martyr pour la gloire du leader charismatique.

La gazelle qui assurait l’intérim pendant l’absence du phacochère se garda bien d’écouter le baratineur. Elle prétendit aller chercher secours au-delà de la forêt, mais en réalité elle vaquait à ses occupations. Qui va déplaire au vieux lion pacifique et travailleur !

C’est ainsi que la paix revint dans la forêt, même si de temps à autres, au loin, très loin de la forêt, on entendait des bruissements irrités, ou plus près des griots qui scribouillaient sur un prétendu délit du faciès entre espèce de la même souche.  Dans toutes les clairières, les pacifistes se plaignaient des agissements du meneur ayant compromis la tranquillité publique et risquant d’entrainer sa famille et ses amis dans sa folie. Ceux qui voulaient devenir bourgmestres dans certaines clairières méditent leur sort dans le trou, pour avoir suivi aveuglement le leader charismatique. Mais ils se consolent d’être devenus martyrs en sautant du haut du ravin pour tomber dans le trou.

Moralité : Se prendre pour plus intelligent que les autres peut nous perdre et perdre tous les nôtres.

Source: Me Momo Jean de dieu

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