Chan 2020 : le Cameroun encore humilié par la Caf

Dans une correspondance adressée à la fédération camerounaise de football, l’instance faîtière africaine demande au pays de Roger Milla de changer même les canapés dans les salles d’attente des hôpitaux .

Le Cameroun abrite du 04 au 25 avril 2020 la 6eme édition du Championnat d’Afrique des nations de football en abrégé Chan, qui met en compétition les 16 meilleures équipes locales. Contrairement à la Coupe d’Afrique des nations qui admet les joueurs professionnels, le Chan se joue exclusivement avec les joueurs qui évoluent en championnat local.

Le Cameroun a proposé trois villes pour accueillir la compétition. Yaoundé où les matches se joueront au stade Ahmadou Ahidjo, Douala avec le stade Omnisport de Bépanda et le complexe de Japoma, et Limbé où le stade omnisport abritera les rencontres. Le 8 mars 2020, à 27 jours du début de la compétition, la Confédération africaine de Football, sous la plume d’Anthony Baffoe Secrétaire le Général Adjoint De Football et Développement, a adressé une lettre au Secrétaire général de la Fédération camerounaise de football, pour lui préciser les derniers réglages à faire au plus vite pour le bon déroulement de la compétition.

Exigences humiliantes

Sur le plan médical seulement, la Caf demande que pour la ville de Douala, l’hôpital général doit s’assurer de l’existence d’un circuit spécial des patients Caf de la réception jusqu’en hospitalisation, un plan B pour remédier à une éventuelle panne de l’appareil des examens d’imagerie Irm  pendant le Chan, un minimum de 20 ambulances parmi lesquelles 12 médicalisées car Douala reçoit 2 groupes de 4 équipes chacun. L’hôpital doit également compartimenter et équiper la salle de contrôle antidopage. Pour la ville de Yaoundé, à l’hôpital Central, il faut peindre les salles du haut standing dédiées au Chan, changer les canapés de la salle d’attente, changer les meubles dans le bureau du médecin, changer les carreaux au sol, déplacer les détenus se trouvant dans ce secteur.  A l’hôpital Général de Yaoundé, il faut équiper le haut standing, installer et tester l’appareil d’imagerie IRM, doter cet hôpital d’une ambulance médicalisée neuve. A Limbé il faudra achever la peinture du pavillon haut standing appelé Sonara building, mettre les pavées de l’entrée jusqu’à ce bâtiment, peindre le bâtiment des urgences, doter l’hôpital régional de Limbé de 2 nouvelles ambulances médicalisées car il est le seul hôpital accrédité du site Buea-Limbé qui accueillera 4 équipes. La lettre précise que pour ce site de Limbé il faut au total 12 ambulances incluant les 2 sollicitées parmi lesquelles 8  médicalisées et 4 de type B. 

L’hôpital de référence de Yaoundé manque d’Irm

Impréparation

La Caf rappelle que cette correspondance fait suite à la dernière visite d’inspection qu’elle a effectué sur les sites. C’est dire qu’au cours de cette visite, les inspecteurs ont constaté que ces éléments exigés ici manquent encore cruellement. Et il faut remarquer que si sur la forme la correspondance reste assez polie vis-à-vis de son destinataire, dans le fond elle sonne comme  un ordre intimé à un enfant par son père qui vient de faire un tour dans sa chambre. Quelle image pour le Cameroun, qu’à une vingtaine de jours d’une compétition programmée depuis deux ans, l’on soit en train de lui intimer l’ordre de changer les canapés dans une salle d’attente d’un hôpital central de la capitale politique, de changer les meubles dans le bureau du médecin ? Est-ce de l’Egypte que l’on doit venir demander que soit installé et testé un appareil d’imagerie par résonnance magnétique (Irm) à l’hôpital général de Yaoundé, et exiger qu’à l’hôpital général de Douala l’on prévoie un plan B en cas de panne de cet appareil qui s’y trouve ?

S’agissant des ambulances, pour Limbé et Douala seulement, la correspondance de la Caf en exige 32, dont 20 médicalisées, une autre colle. Que fait le système de santé camerounais en temps normal, un pays où l’on a recensé 2356 accidents de la route en 2017, d’après une étude commandée par le gouvernement et menée par le Cabinet Agora Consulting ? A ce rythme les ambulances médicalisées devraient être stationnées à tous les tournants de nos routes, mais il faut attendre l’occasion de l’organisation d’une compétition pour que l’on le rappelle au pays. Ce qui est plus grave, c’est que ces exigences sont faites pour le Chan qui ne met en compétition que 16 équipes. Ce qui veut dire que pour la Can elle-même il faudra sinon plus, du moins le double de ce qui est mentionné dans cette correspondance. Plus grave encore, cette correspondance vient une fois de plus confirmer que le Cameroun n’a jamais été prêt pour organiser la coupe d’Afrique des nations 2019, car si cela était le cas, ce qui est aujourd’hui exigé pour le Chan ne serait qu’un détail. Il faut rappeler que seul l’aspect médical des exigences de la Caf est évoqué ici, l’ensemble de la correspondance n’est autre chose qu’une insulte à l’endroit du Cameroun.

La fierté du Cameroun, besoin d’être protégée

La fierté camerounaise piétinée  

Et c’est le lieu de poser encore la question aux dirigeants à tous les niveaux : Où est la fierté que nous clamons dans notre hymne national, où est la souveraineté que l’on chante tous les jours, comme si c’est à force de le répéter que l’on le devenait vraiment ?  Il est évident aujourd’hui que la mal gouvernance, le clientélisme, l’égoïsme, la corruption, les trafics d’influence, tous ces maux ont transformé le Cameroun en un chiffon sur lequel le premier venu essuie ses pieds. Un pays qui se respecte ne peut pas recevoir ce genre de claque que la Caf vient une fois de plus de donner au Cameroun. André Marie Mbida ou  Ahmadou Ahidjo, les deux premiers chefs d’Etat n’auraient jamais permis cela.

C’est le lieu enfin, de rappeler à la mémoire de tous, ces premières paroles du chant de ralliement du Cameroun ou hymne national : « O Cameroun berceau de nos ancêtres, va debout et jaloux de ta liberté. Comme un soleil ton drapeau fier doit être. » On pourra tout prendre aux Camerounais, mais qu’on leur évite ce genre d’humiliation, qu’on leur laisse au moins leur fierté

Source Facebook:Roland TSAPI

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