Un 5ième cas de Coronavirus vient d’être annoncé au Cameroun par le Ministre de la Santé. C’est une véritable avalanche, et une explosion exponentielle des cas de maladie s’annone.
Et les réactions d’agacement des Camerounais vis-à-vis de leur Etat commencent à s’intensifier. On se demande ce que le Gouvernement attend pour fermer les frontières, assurer le contrôle des voyageurs ou réduire la mobilité des populations.
Le problème ici est que le Gouvernement du Cameroun ne peut pratiquement rien faire, en dehors des effets d’annonce et un discours lénifiant pour tenter de rassurer la population !
Du point de vue économique, le Cameroun est tellement dépendant qu’il doit pratiquement tout importer. Des cure-dents aux avions, le pays ne produit pratiquement rien de ce qu’il consomme, en dehors des biens alimentaires et quelques produits de l’artisanat. Et même sur le plan alimentaire où son autonomie est la plus grande, le pays dépend trop étroitement des importations de poisson et de riz, sans compter d’autres aliments comme le froment pour le pain. Quant aux produits plus évolués comme les médicaments, l’électroménager ou les biens industriels, il n’en produit pratiquement pas.
Ce n’est pas avec un tel modèle économique qu’on peut se permettre de fermer les frontières : le Cameroun ne serait pas capable de fonctionner même un seul jour !
Sur le plan financier, l’Etat du Cameroun est dans l’incapacité de dégager des ressources pour affronter une crise de grande ampleur. Déjà sous ajustement depuis 2017 et en cours de négociation avec le FMI pour une seconde phase, sa marge est très étroite. La sécession anglophone saigne le Trésor Public à blanc, et après les salaires et les dépenses de la guerre, il n’y a pratiquement plus rien dans les caisses.
Ceux qui, frénétiquement, appellent l’Etat à prendre des mesures oublient trop facilement que ces mesures ont une contrepartie : il faut les financer ! Et on ne finance pas des mesures avec des cailloux, mais avec des devises qui justement, nous manquent !
Sur le plan social enfin, la majorité des Camerounais, notamment ceux des villes vivent au jour le jour de petits métiers : sauveteurs, taximen, mototaxis, call-boxeurs, baïsellam, maçons, etc. Ils ne peuvent pas se permettre d’arrêter leur activité pendant 3 jours successifs. Ce n’est pas comme dans des pays évolués où de telles activités sont moins stratégiques et qui disposent des puissantes capacités d’appui. On obligé de les laisser faire, au risque d’une explosion sociale généralisée.
ON NE NOURRIT PAS SA POULE LE JOUR DU MARCHE
Naguère, j’avais demandé avec insistance la mise en place d’un Système d’Echange Local au Cameroun en instaurant une seconde monnaie, évoluant concurremment avec le CFA et valable seulement pour les biens locaux. Le but était de créer un réseau économique local autonome nous permettant de réduire l’excessive dépendance du pays. La conséquence était la limitation des importations à des biens réellement utiles et la réduction d’un déficit commercial abyssal qui plombe notre croissance. Simultanément, ce modèle nous permettait de fermer les frontières en cas de nécessité sans trop de contrainte.
Mais personne n’a cru en cette solution et tout le monde se rappelle les immenses éclats de rire qui ont accueilli ma proposition !
Qu’est-ce que vous pouvez faire faire maintenant ? Rien du tout ! C’est avant qu’il fallait réfléchir !
De même, dans son entêtement à régler la crise anglophone par la force, le Gouvernement a introduit une terrible contrainte dans sa marge de manœuvre. Si cette épidémie prenait des proportions importantes, que fera-t-il ? Devra-t-il continuer avec sa guerre ruineuse en laissant le pays mourir, ou devra-t-il abandonner le NOSO aux Ambazoniens pour limiter le coronavirus ?
Comme on le dit, la bonne gestion d’un pays est une affaire d’anticipation et de gestion du risque. On ne peut pas fonctionner comme si on maîtrisait en permanence le destin. Ces certitudes dogmatiques dans lesquels s’est enfermé notre Gouvernement nous a privés de toutes les marges de manœuvre qui nous auraient permis de faire front à une épidémie aussi grave.
Et quelle soit l’évolution de la situation, le Cameroun ne peut plus éviter une grave crise économique. Les effets du coronavirus seront terrifiants à l’échelle du monde et généreront une crise aux conséquences incalculables. En tant que pays inerte dans le commerce international, nous ne ferons que répercuter cette crise chez nous ; mais celle-ci sera amplifiée par de mauvais choix politiques et économiques internes que nous avions dénoncés à temps, souvent devant des sarcasmes et des regards désapprobateurs.
Et ce sont justement ces occasions qui favorisent des mouvements comme la Sécession Anglophone…
LA SEULE SOLUTION
Face à cela, que reste-il à faire ? Essayer de limiter la crise avec les moyens du pauvre et pour cela, une seule solution : imposer le port d’un habit rouge vif, avec une tête de mort, à tous ceux qui entrent au Cameroun pendant 14 jours, durée d’incubation du virus. Et ceci, qui qu’on soit !
Des gens habillés de cette manière éviteront les lieux publics ouverts à tous, mais bénéficieront de services spécialisés lorsque cela se révèle nécessaire. Ainsi, chaque banque devra avoir un guichet dédié, avec une caissière munie d’un masque de protection. Ils ne pourront emprunter que quelques taxis sécurisés, disposant de mécanismes appropriés pour désinfecter.
Evidemment, cette mesure s’accompagnera de l’application systématique des règles d’hygiène prodiguées par le MINSANTE.
Au niveau où on se trouve, je ne vois pas très bien ce qu’on peut faire d’autre.
Source: Facebook: Dieudonné Essomba