30e ANNIVERSAIRE: COMMENT LE SDF PEUT-IL SE RELANCER ? ….

Le SDF vient de fêter son 30e anniversaire. Pour un être humain, trente ans c’est l’âge de la maturation, mais pour un part politique, c’est déjà la vieillesse, surtout lorsqu’il a passé tout ce temps dans le statut inconfortable d’opposition a une dictature qui n’a rien managé pour l’amener a rentrer dans les rangs. Rien que pour l’exploit d’avoir tenu si longtemps sans concession en résistant a toutes les tentations corruptrices de l’une des dictatures les plus vicieuses au monde, le SDF et ses militants doivent en être fiers. Surtout que peu de partis en Afrique ont réussi un tel exploit, si on met de coté l’ANC en Afrique du Sud et l’UDPS en République démocratique du Congo.


Cependant a ce stade de la lutte, le SDF doit se relancer ou faire face a de grands dangers. D’aucuns dans le dépit vont jusqu’à parler a tort de refondation. Car refonder c’est supposer que les éléments de base se sont écroulés, ce qui n’est pas son cas comme nous allons le voir. Le parti a seulement besoin d’être relancé.
Néanmoins, il n y a pas de quoi pavoiser.
D’abord parce que malgré de nombreux acquis, surtout dans le domaine des libertés publiques, l’essentiel reste a realiser, à savoir faire partir la dictature et restaurer la démocratie et la justice sociale au Cameroun.


Ensuite il y a cette pandémie du coronavirus, qui fait planer la menace de la mort sur la tête de tous les camerounais sans exception et menace si elle perdure, de faire écrouler toute l’économie.
Enfin, le sang continue à couler dans sa base historique que représentent les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ou des sécessionnistes surexcités lui refusent même le droit d’exister.

D’où la prise en otage d’une bonne partie de l’élite du Parti issue de ces deux regions qui, totalement absorbees par drame qui y a cours, ne peuvent plus faire beneficier comme avant les autres bastions du parti dans le pays comme avant de le leur savoir faire militant et de leur assistance multiforme.


Pendant ce temps, dans les places fortes francophones, le parti peine a trouver la parade a la grande machinerie de conservation du pouvoir a tout prix du régime, qui combine les fraudes électorales classiques avec l’achat de conscience, la corruption et la violence d’Etat et qui lui permet a chaque élection de perpétrer un véritable hold up malgré son impopularité. Élaborée depuis 2002, cette stratégie lui a permis jusqu’ici de neutraliser toutes les autres forces de changement.


Depuis la fin du long processus électoral que le pays a connu depuis 2018 et qui s’est terminé pour le SDF par des mauvais résultats (officels), le doute et la morosité se sont installes dans l’esprit de beaucoup de militants.

Il y a bien longtemps que la hiérarchie aurait du déjà trouver le cadre d’une rencontre de ses cadres pour en tirer des leçons afin de ragaillardir les militants et sympathisants dont le moral n’est pas très haut. Question de les remobiliser afin de continuer le combat politique qui sous tous les cieux est fait de hauts et de bas.

Pas loin de nous, si on prend l’exemple du Parti Socialiste français, partenaire du SDF dans l’International Socialiste et dans l’Alliance Progressiste, en 1981 il est devenu majoritaire en gagnant les élections présidentielles avec François Mitterrand. En 1993, il n’obtient que 17% aux législatives avec Michel Rocard. Ce qui n’empêche pas que son candidat Lionel Jospin moins de deux ans après, obtienne 47% aux présidentielles de 1995 et devient premier ministre en 1997 lorsqu’il conduit le PS et la gauche a la victoire aux élections législatives.


Par conséquent, malgré l’adversité multiforme dont il fait face, il n y a aucune raison que le SDF sombre dans la désespérance. On peut même comprendre les hésitations de la hiérarchie à réunir le NEC aussi régulièrement qu’avant, seul forum au ccours duquel le parti pouvait faire un examen de conscience en profondeur après tant de déboires. D’ailleurs, le parti a tenu plusieurs NEC entre 2018 et 2019.

La seule raison pour laquelle il n’y a pas eu de NEC depuis les élections de février 2020 c’est à cause de la pandémie du COVID19. D’ailleurs, avec l’indisponibilité et l’éloignement du Président National, le Chairman Ni John Fru dont l’autorité morale et la sagesse sont légendaires pour calmer les déceptions et les aigreurs de uns et des autres, la précipitation pouvait conduire à l’éclatement du parti et voir même à son arrêt de mort.


Par conséquent, on ne peut que saluer l’initiative du premier vice Président national l’Honorable Joshua Osih qui, en rassemblant tous les cadres qui ont bien voulu taire leurs egos et rancœurs du moment pour accepter de se rassembler à Kribi il y a quelques jours, pour entamer le travail de relance du parti que tous les camerounais de bonne foi appellent de tous leurs vœux, en reconnaissance du rôle fondamental que le SDF a joué dans la restauration du multipartisme et de la démocratie au Cameroun.

Il mérite d’être remercié pour ce geste de foi en l’avenir du parti et en sa capacité à se régénérer, en espérant que ce n’est qu’un début.

De même qu’il est a souhaiter un prompt rétablissement au Chairman dont les interventions ces derniers jours sur les medias démontrent qu’il a encore beaucoup a donner a ses troupes, afin qu’une fois rétabli, il les retrouve pendant cette délicate phase de transition, afin qu’ils puissent encore bénéficier une fois de plus de sa grande sagesse dans le long processus de réarmement idéologique, moral et spirituel qui les attend.

En attendant, avec le flot d’anathèmes et d’aprioris dont les cadres du SDF se balancent entre eux actuellement dans les medias et sur les réseaux sociaux, on se demande honnêtement pourquoi il existe tant de haine et de calomnies non fondés dans un parti qui pendant trente ans a fonctionné comme une famille.

Il est vrai que beaucoup de hiérarques investis par ce parti pour aller ouvrir d’autres fronts de lutte à l’assemblée nationale et dans les mairies, ont plutôt privilégié leurs rentes de situation, donnant l’impression que le parti collaborait avec le régime.

Une image nauséabonde qui lui a fait plus de mal dans l’opinion ces dernières années que tous ses autres adversaires réunis. Cependant, y a -t-il meilleur moyen d’alléger le lourd poids du redressement que d’assumer collectivement la responsabilité du passif, quitte à dégager dans le calme et la sérénités des instances statutaires les responsabilités individuelles dans nos échecs et à fixer de nouvelles bases pour les combats à venir ?


Les pères fondateurs qui ont créé ce parti en 1990 étaient tellement conscients de la nécessité de l’unité d’action avec toutes les forces du changement, qu’au lieur de créer un parti politique classique ils ont mis en place un front de lutte. D’où le nom de Social Democratic Front (Front Social Démocrate), SDF, au lieu de parti social démocrate. Dans la lutte pour le changement démocratique au Cameroun, le SDF n’a qu’un ennemi, le régime au pouvoir et son bras séculier le RDPC.

Les autres partis ne sont que des adversaires de circonstance, mêmes ceux qui pour l’instant sont associes au parti au pouvoir. De même que pendant les années de gloire (1990-1991-1992), le seul moment ou l’opposition a mis le régime a genoux, nos aines n’ont jamais hésité a rassembler toutes les forces de changement pour des objectifs communs bien ciblés.

Cette unité d’action est tellement fondamentale au delà des divergences idéologiques qui d’ailleurs ne peuvent s’exprimer qu’une fois la démocratie conquise que, malgré 30 années de lutte acharnée, les idéaux de base, promis par le SDF au peuple comme programme de lutte en 1990, reste les mêmes : la liberté, le démocratie et la justice sociale, dans un état fédéral pour tenir compte de la diversité historique, culturelle et linguistique qui font la richesse de la nation reconstituée avec la réunification du 1er octobre 1961.

Par conséquent, il reste clair que la bataille du changement ne peut être gagnée que si les uns et les autres n’acceptent de fédérer leurs différences aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti. L’une des causes de l’échec du SDF à capitaliser pour longtemps l’adhésion populaire des années quatre vingt dix, réside dans le rejet de la différence et de la contradiction, un mal qui a provoqué une grande hémorragie dans ses rangs.


Ensuite, depuis trente ans le SDF est dans l’opposition et au risque de se renier, se doit d’y rester tant qu’il n’aura pas réussi a apporter au peuple camerounais le changement démocratique qu’il lui a promis et qui l’a amené a le soutenir massivement au début.

Il n’a qu’un seul ennemi, le régime et son bras séculier le RDPC. Tous les autres partis politiques sont des adversaires avec qui il peut avoir à collaborer lorsqu’ils poursuivent les mêmes objectifs que lui. Avec l’avènement de la démocratie, le peuple saura grâce au suffrage universel faire le tri entre les différentes idéologies et les programmes.

Après s’être relancé sur de nouvelles bases, le SDF aura le devoir de tendre la main à tous ceux qui luttent pour les mêmes idéaux afin de trouver un accord programmatique basé sur des objectifs précis comme par exemple la paix dans le nord-ouest et le sud-ouest, le reforme du code électoral etc. Le fait que le régime redoute une telle démarche et évoque parfois son absence pour couvrir ses vols électoraux prouve que c’est l’unique voie du succès.


Enfin, le SDF a choisi la voix institutionnelle pour obtenir le changement. Mais il reste libre dans le choix de ses stratégies de lutte et doit être prêts à les assumer totalement, surtout contre un régime qui utilise tous les moyens possible pour rester au pouvoir. Le piège mortel consisterait à accepter les leçons de patriotisme d’un camp qui n’est là que pour les quelques-uns qui en profitent. Le choix par conséquent n’est pas entre ce qui est légal et ce qui ne l’est pas ou entre la rue et le débat. Il est entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, ce qu’on doit faire pour gagner et ce qu’on ne doit pas faire pour tout perdre. D’ou l’impératif de se fixer des objectifs immédiats, a moyen et a long terme, dans une hiérarchisation permanente des priorités. Lorsqu’on observe bien l’ordre dans lequel les pères fondateurs ont fixé les idéaux de ce parti en 1990, on découvre qu’il n’est pas anodin. La liberté et la démocratie viennent en premier. Le restene peut suivre que si on reussi les deux premiers.


Ce sont la quelques idées sur lesquelles la réflexion peut être orientée pour cimenter la relance que beaucoup de camerounais attendent. BON ANNIVERSAIRE.


Source: E. FOPOUSSI FOTSO

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