La semaine dernière, précisément le 04 Septembre 2020, nous avons assisté à une manifestation publique inhabituelle des populations autochtones de Besseke-Bonaberi, de la ville de Douala, qui protestaient contre la nomination de Camille AMADOU TANKO comme chef de 3e degré d’un quartier dans le Canton Belle-Belle. Le Gouverneur du Littoral Ivaha DIBOUA, après concertations des parties en conflit, a rappelé que la Chefferie querellée n’était qu’une chefferie administrative, et non coutumière ; et donc incompétente pour connaitre les questions traditionnelles, et susciter l’inquiétude des Chefs et Populations Sawa. Ce qui signifiait que le Chef querellé était maintenu, en attendant un meilleur arbitrage de Paul Biya. Là ce sont les faits, jusqu’au moment ou je me prononce sur cette question.
MAIS CE QUI M’INTERESSE ENCORE PLUS c’est la manière dont le problème a été posé, les réactions que cela a suscité chez les SAWA concernés et les Sawa en général. Et c’est malheureusement l’un des plus grands malheurs du Kamerun : Instrumentaliser politiquement l’émotionnel des populations dans les timings bien calculés pour éviter les vrais problèmes, distraire et régler des comptes aux adversaires politiques.
On n’était depuis longtemps habitué aux style Ekang des marches de protestations tribalistes ; mais pour ma part, et en me fiant à la manière dont ces Sawa qui marchaient ont réagi, cela m’a fait voir à quel point ils étaient fragiles, et a quoi ressemblent particulièrement des Sawa vampirisé plus de 40 ans par Paul Biya : Une marche funèbre avec des cloches, qui m’a tout de même rappeler à quel point les Sawa sont désorientés et perdus dans le Kamerun du RDPC, et méconnaissaient parfaitement leur rôle et place enviées dans cette Nation.
— LES SAWA AU KAMERUN, DANS LE KAMERUN ET LE KAMERUN PAR LES SAWA
Quand on parle de rayonnement du Cameroun, aucun Camerounais du monde entier, en dehors d’être animé par de la pure solidarité villageoise ne peut contester la suprématie méritée Sawa sur les savoirs, les arts de vivre ainsi que l’identité du Cameroun.
Parmi les 03 meilleures cuisines d’Afrique, et même les Diaspora africaines ici peuvent en témoigner, on retrouve la Cuisine Camerounaise. Mais au Cameroun, les Sawa, et le Littoral en général ne discutent avec personne. Il n’ya personne. Je dis bien : Personne.
Après viennent les Ekang. Ils sont les deuxièmes. S’ils sont fâchés qu’ils regardent tout simplement la différence entre le Bobolo et le Miondo ou bien compare la face de Kylian Mbappe et celle de Dieudonne Essomba! (Pardon, c’est pour rire, je ne veux pas le lavage inutile).
Et Le reste des Camerounais copient seulement chez eux. Le Ndole est sawa, le Eru est Sawa, le Poisson braisé est Sawa, l’Ekwang, le Kati-Kati, l’Okro soup sont sawa, le Makossa est sawa, Manu Dibango est Sawa, Richard Bona est Sawa, Muntu Valdo est sawa ; Charlotte Dipanda est sawa, Henri Dikongue Sawa, Princess Erika Sawa, Wes Madiko est Sawa, Charlotte Mbango est Sawa, Francois Mbango est Sawa, les Decca sont Sawa, Eboa Lotin, sawa, Kotto Bass, Longue Longue Sawa, Sergeo Polo et Njohreur sawa, Etienne Mbappe Sawa, le Kaba est Sawa, le Sandja est Sawa, Sandra Nkake sawa, Rabba Rabbi Petit Pays, sawa, Nkotti François est sawa, Jacky Kingue ses sawa, le Poivre blanc de Penja est Sawa, Milla Roger Bassa et Sawa.
Et même le personnage Mutapenda de Fingon Tralala. Vous voyez les Bamiléké, les Bassa, les Ekang, les Mbamois aller à la messe, à des rencontres, cérémonies publiques et privées en kaba, écharpes et foulard, vous pensez que cette élégance vient d’où si ce n’est des Sawa ?
Si vous rejetez leurs codes et génies vestimentaires, sur qui seront vos nouveaux modèles ? les vestes ou chaussures de Dieudonné Essomba ? Si vous le croyez, eh bien regardez donc les le mannequin, Pa’a talon Abel Elimbi Lobe ! Et s’il vous plait n’ajoutez le Kaba dessus !
Je vous invite vraiment à ne pas tomber dans le caniveau dans lequel les Elites du Ntem et du Ekang en général ont jeté leurs populations, et à ne pas détruire cet héritage et cet acquis sur les autres Compatriotes. Il y’a une chose qui semble peut-être passé inaperçu, c’est que seul la Culture Sawa met tous les autres Camerounais en sécurité. Que tu aies la sensibilité chrétienne, musulmane ou même Kamite (comme moi personnellement), chez les Sawa, tu vas te trouver en sécurité, le Christianisme au Cameroun est arrivé par eux (Même si c’était l’aliénation, laissons un peu les querelles, et constatons juste).
Les Communautés musulmanes sunnites et chiites qui s’entretuent à travers le monde, n’ont jamais pu s’entretuer chez les Sawa. Et la renaissance spirituelle Kamito-Egyptienne renait de plus au Littoral et à l’Ouest en général, et grâce aux Sawa en particulier (Kemaat Uhuru). Mentalité traditionaliste ou Mbenguiste ou mélangée, les Sawa t’arrangent ça ! C’est les plus grand whytiseurs et whystiseuses, et on les aime et les adore comme ça !
Les Terres, la Culture et le nom Sawa est l’une des plus grandes (sinon la plus vendable et rentable au Cameroun : Et des Investisseurs Camerounais l’ont compris cela depuis. Les Espagnols, les Portugais, les Anglais, les Allemands, les Français, les Camerounais et Maurice Kamto l’ont compris depuis.
–Pourquoi croyez-vous que ce soit a dans le Littoral qu’il est allé dérouler son programme économique ?
–Pourquoi, croyez-vous que Christian Penda Ekoka, un sawa, et non un Guefack soit son bras droit et cerveau économique ? Ça ne vous dit rien ?
–Savez-vous que dans le monde Douala est plus célèbre que Yaoundé ? Donc, Penda Ekoka, Michele Ndoki, Arlette Framboise Doumbé Ding, etc… vont en prison, prennent des balles des fusils du RDPC, se font persécuter pour que leur communauté ethnique soit à nouveau aux abois et en errance pour les 40 prochaines années ?
–L’Hôtel Sawa, ça vous parle ? Pourquoi André Sohaing n’a-t-il pas appelé son Hôtel Akwa, Hôtel Bayangam ?
–Pourquoi les investisseurs qui sont derrière le projet Sawa Foods Markets, dans une ville cosmopolite et multi-ethnique comme Douala ont pris le risque d’appeler leur entreprise ainsi, et non Cameroon Foods Markets ? Parce qu’ils ont peur des éclairs des patriarches Sawa ?
–Pourquoi le Centre Culturel du Cameroun s’appelle Sita Bella, pourquoi ne parle-t-on pas de Bikutsi-Blues, mais plutôt de Sawa-Blues ?
–Pourquoi tous les Producteurs, promoteurs Bamileke de la Diaspora qui font connaitre et vendre la Culture et les artistes Sawa à travers le monde ne se sont jamais senti envahi, colonisé par les Sawa ?
–Et Pourquoi les plus grands diplomates du Cameroun ont été Sawa ?
Tout simplement Parce que la culture Sawa est magique, conciliante, conciliatrice et porteuse de chance et de prospérité.
N’avez-vous jamais remarqué que chaque fois qu’il y’a un débat au Cameroun sur l’adoption d’une langue nationale, la langue duala est la seule, je dis bien la seule qui rassure le plus les autres Camerounais, ou du moins créé peu de tensions ? Y compris chez les Bamiléké.
Le fulfulde revient aussi souvent. Mais le problème est le risque d’islamisation, de mentalité de castes et d’intolérance religieuse derrière. Et au Centre, l’Ewondo aussi peut bien passer, mais la mentalité archaïque, fanatique, épidermique et incohérente des Ewondo et Ekang en général du RDPC gâte tout. Quant à l’Eton, quand tu vois la face de Dieudonné Essomba, tu dis : “Beta, le thaïlandais ou le pidjin des Ambaboys pour mes enfants” !
Ruben Um Nyobe, Ernest Ouandie, Charles Assale, le Président Ahidjo parlaient Duala sans que leur coté respectivement Bassa, Bamileke, Bulu ou fufuldé ne se sente menacé. Les Bamileke Johnny Tezano, Tala Andre Marie, San Fan Thomas, Liza T, Ange Bania, Lapiro de Mbanga, Nono Flavy, etc… ont appris le Duala, et chantent avec un succès fou le Makossa.
— Pourquoi pas une langue Bamileke ou uniquement le Ben Skin donc ? Pourquoi presque toutes les autres figures légendaires musicales des autres Ethnies du Cameroun (Anne Marie Nzie) se sont sentis obligés à un moment de leur carrière de faire allégeance au Makossa ?
–Pourquoi ce sont les musiques sawa qui sont le plus joués dans les bus de transport inter-régions, et les plus samplées ou rechantées par les jeunes artistes du pays et les plus grands artistes à travers le monde (Côte d’Ivoire, Michael Jackson, Rihanna, Akon ? « Parce qu’il n’y a pas l’homme devant l’Art Sawa » ! C’est la seule Culture, le seul endroit où si tu veux tuer le Kamerun identitairement, économiquement, tu dois frapper. Tu frappes bien la Culture Sawa, même les Bamileke vont mourir.
— AU PLAN HISTORIQUE POLITIQUE :
Le nom « Kamerun » vient des richesses (Crevettes) des eaux Sawa, (le Wouri/Ewodi), l’âme du Nationalisme du Kamerun vit et dort en grande partie chez les Sawa : Douala Manga Bell, Le Café de la Sierra ou les fondateurs de l’UPC l’ont créé le 10 Avril 1948, l’interdiction de l’UPC, les massacres au marché Congo, etc… de les rives du Mungo et Kumba pour le combat armé des Felix Moumié et Ouandie. Etc…
CEPENDANT, DE FAÇON PLUS DIRECTE, les SAWA, et particulièrement les Douala ont toujours été instrumentalisées par leurs Élites, pour leur positionnement, avec à la manœuvre Laurent Esso et les Chefs traditionnels des Cantons Bell et Akwa. Au départ c’était le prétexte de l’assimilation culturelle, puis la sacralité de la tradition, aujourd’hui ce sont les Chefferies de quartier, demain ils ressortiront la cartouche du Foncier. Ces élites, toutes du RDPC, les font se plaindre aujourd’hui.
Mais ce sont les même chefs et élites qui ont vendu ou se sont appropriés les meilleures terres de leurs populations ; ils ont crié sur tous les toits que la tradition du Ngondo était insultée quand un projet de cimenterie a été pensé. Mais quand le nigérian Dangote leur a versé des centaines millions, les ancêtres n’étaient plus fâchés, et le site n’était plus sacré ! Quoi même d’étonnant ? Puisque c’est des chefs aliénés qui te mixent la cérémonie du Ngondo avec une messe évangélique !
Ce sont les même Elites du RDPC qui détruisent l’empire Soppo Priso, un sawa qui est le premier industriel et milliardaire du Cameroun, et nourissent l’animosité entre les personnes qui se disputent sur l’administration de ses biens. Les Elites RDPC qui massacrent les Sawa du Sud-Ouest sans que ces Sawa francophones ne protestent. Mais obtiennent, de ces même élites criminelles, l’autorisation de marcher pour protester contre des autochtones non-Sawa. C’est pour cela que ceux qui ont marché, ont été instrumentalisés et seront finalement déçus par les décisions qui seront prises.
Pourquoi ? Parce qu’ils n’avaient pas au fond les mêmes préoccupations que ceux qui tiraient les ficelles. Les acteurs cachés, la classe aisée, avaient des préoccupations politiciennes, ils voulaient lancer ou relancer en terre Sawa le débat sur l’autochtonie/Allogenie avec le prétexte de la chefferie de 3e degré, et la cible c’était…. Kamto et les Bamiléké. Les autres, les populations autochtones avaient plus de préoccupations économiques, d’espace, exploitables et viables économiquement parlant. Car c’est la classe lésée. Même si tous deux partagent un souci d’homogénéité et de continuité culturelle.
POUR CONCLURE
La manifestation de Besseke n’est que le résultat évident de personnes vampirisées et distraits pendant plus de 40 ans par Paul Biya, en mode Sawa cette fois-ci. On a eu le cas Ntumu et Mvae avec le Ntem, on a eu le cas bassa avec le Fédéralisme communautaire de la tête vide de Cabral Libii, les Bamouns et Bamiléké chez les Fangs. Bientôt, on aura un autre cas chez les Maka ou Gbaya à l’Est, les Mbamois dans l’Adamaoua. Et même les Chrétiens chez les Musulmans au Septentrion en général. Ce régime en est capable, il est entrain de tester, d’allumer et surchauffer des foyers de tensions à travers le Kamerun pour, sur fond Allogenie-Autochtonie, et questions foncières, dévier sur le MRC et sur Maurice Kamto, les colères contre 40 de règne d’appauvrissement, et de promesses non-tenues.
J’ai lu un très bel article de Mme Arlette Framboise Doumbe Ding. Elle répondait au manipulateur malfaisant qu’on appelle Dieudonne Essomba qui prétextait des marches Sawa de Besseke pour verser sa haine tribaliste et sauver en réalité le pouvoir destructeur de Paul Biya. Je fais mienne les recommandations qu’elle a prescrites aux Sawa en général. Le défaut du pouvoir économique rend vulnérable et manipulable. Et tout l’enjeu, il est là!
Et personnellement, loin de la flatterie, et en ne me basant que sur l’histoire, les faits et le potentiel immatériel, les Sawa tant francophone qu’anglophone sont l’une des rares communautés où on peut le plus fabriquer les milliardaires, et construire ce qu’il y’a de plus raffiné dans l’Art d’Avoir, l’Art de Vivre et le Savoir Vivre Kamerunais. Prenez un Sawa vous avez un Kamerunais quasi complet. Mais prenez un non-Sawa, vous aurez encore besoin de « polir » certains aspects pour en faire un Kamerunais à la hauteur du Kamerun de la mondialisation. Ceci n’est pas pour dire que les Sawa sont parfaits, supérieurs aux autres ou même irréprochables. Non. On peut leur reprocher leur esprit d’invasion des terres Bassa, le manque d’éveil stratégique, cette naïveté d’avoir toujours accueilli et dealer avec les bourreaux des autres Camerounais : esclavagistes, impérialistes, missionnaires, colons, de s’être toujours rangés de façon générale du côté du néo-colonisateur, etc….
Mais chacune de nos ethnies a fait une erreur honteuse qui ne doit pas être instrumentalisé contre elles, si surtout elles aussi évitent de toujours les justifier en vénérant leurs chefs infâmes et porteurs de malédiction. Ce que j’essaie de dire c’est qu’au regard des réalités et de l’Histoire les Sawa sont les seuls au Kamerun qui ont une puissance naturelle et conciliante.
Ne faites donc pas que les autres Kamerunais commencent à vous détester pour rien. Évitez les réflexes de ces autres ethnies du Kamerun, qui en termes de SOFTPOWER n’ont pas offert et à offrir aux autres Kamerunais et au monde entier (donc à perdre) autant que vous. Joignez-vous aux Maurice Kamto et Penda Ekoka ? et Menez le vrai et bon combat : celui de votre RENAISSANCE économique, après les Patriarches SOPPO PRISO. Le reste n’est que distraction, pure distraction venant de vos élites à vomir ou donner à dévorer aux crocodiles du Wouri.
Na som Jita./-
Amsterdam, 07 Septembre 2020
Iyo gogo