GENERATION-90 lance un nouvel appel à surseoir à l’organisation de toute élection jusqu’à la résolution de la crise dans le NO-SO et appelle à l’union des forces du changement contre la dictature
I- Les faits
Le 07 septembre 2020, le Chef de l’Etat Paul Biya a signé un décret convoquant les collèges électoraux pour l’élection des conseils régionaux le 06 décembre 2020.
Bien avant cette convocation, le Président National, du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), M. Maurice Kamto, avait annoncé son intention d’appeler à des manifestations publiques dans l’ensemble du pays et à l’étranger pour exiger le départ de Paul Biya du pouvoir, au cas où ce dernier provoquerait ces élections, sans la résolution de la crise dans le NO-SO et sans l’adoption d’un système électoral consensuel.
De son côté, le Social Democratic Front (SDF) du Chairman Ni John Fru Ndi a également exprimé son refus de toute élection dans le contexte politique actuel, dominé par la crise anglophone et un système électoral taillé sur mesure. De même, la coalition Stand-Up for Cameroon (SUFC) s’est toujours vivement opposée à toute élection, exigeant avant la tenue de toute élection, la résolution de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et la mise en place d’un système électoral consensuel.
GENERATION-90, notamment à travers sa déclaration du 14 novembre 2019 suite à la convocation des élections législatives et municipales pour le 9 février 2020, avait déjà clairement demandé au gouvernement de surseoir à l’organisation de toute élection au Cameroun jusqu’à la résolution de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, notamment par la convocation d’un dialogue national inclusif, et l’adoption d’un système électoral crédible et consensuel.
II- Notre analyse de la situation
L’idée de la tenue des élections régionales, pourtant prévue par la constitution de 1996, n’a jamais effleuré le régime antidémocratique au pouvoir. C’est le fameux «Grand Dialogue National (GDN)» tenu du 30 septembre au 04 octobre 2019, et dont le but proclamé était d’apaiser la situation dans les zones anglophones, qui a remis au goût du jour la mise en œuvre effective de la décentralisation prévue depuis un quart de siècle. Dans la foulée de ce GDN et sous la pression de certains participants à cette grand’messe, le gouvernement avait alors adopté une loi sur le Code général des collectivités territoriales décentralisées prévoyant un «statut spécial» pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Depuis le déclenchement de la crise militaire dans le NO-SO et notamment depuis la tenue des élections législatives et des municipales du 09 février, les élus du NO-SO ont fui l’insécurité et les menaces des séparatistes dans ces régions et se sont installés à Yaoundé ou dans d’autres villes du pays. Comment donc tenir des élections pour des conseils régionaux dans ces régions en guerre?
Les élections régionales, qui sont présentées comme la réponse du gouvernement à la crise anglophone, vont se tenir alors que le conflit armé continue dans cette partie du territoire. En effet, depuis le Grand Dialogue National censé résoudre cette crise, les violences ont pris une ampleur inégalée dans ces régions, avec la multiplication d’atrocités et d’exactions commis aussi bien par des groupes séparatistes que par des forces de défense et de sécurité contre les populations civiles. L’ONG International Crisis Group (ICG), dans son rapport du 02 Mai 2019, soulignait déjà sa crainte de voir L’intransigeance des belligérants générer de nouvelles violences et de prolonger le conflit, que ni l’armée, ni les séparatistes ne semblent en mesure de remporter militairement, à court terme”. Le gouvernement s’entête et persiste dans son illusion suicidaire qu’il peut régler le conflit par une victoire militaire sur les séparatistes. L’annonce par la presse de pourparlers directs à Yaoundé, le 02 Juillet 2020, entre une délégation de séparatistes conduite par le leader sécessionnistes AYUK TABE, en détention dans la capitale, et le régime camerounais conduit par Mr Ferdinand NGOH NGOH.
La nouvelle situation, caractérisée par l’entêtement du régime de Paul Biya à organiser de nouvelles élections, fussent-elles régionales, sans au préalable rechercher un consensus national autour de la résolution de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, et sans chercher à apaiser la situation politique par des discussions sur un système électoral permettant la libre expression de la volonté du peuple, fait courir à notre pays un risque réel d’affrontements avec son lot de drames.
Le rejet unanime de ces élections régionales par les partis significatifs de l’opposition et les pourparlers en cours entre ces différents acteurs offrent de nouvelles opportunités d’organisation en vue d’actions unitaire des forces démocratiques contre le régime liberticide au pouvoir au Cameroun.
III- La Position de GENERATION-90
Au regard de tous les éléments qui précèdent, GENERATION-90:
– Réitère son appel de surseoir à l’organisation de toute élection avant la résolution de la crise dans le NO-SO et l’adoption d’un système électoral crédible et consensuel. La résolution de cette crise ne peut passer que par l’organisation d’un véritable dialogue national inclusif, sans préalable, avec la participation de véritables parties prenantes et sous l’égide d’un facilitateur de l’Union Africaine;
– Rappelle au Gouvernement et aux autorités administratives, ainsi qu’aux forces de sécurité et de défense que le droit de manifester est un droit fondamental du peuple souverain inscrit dans nos textes fondamentaux. Invite les forces de défense et de sécurité, en cas de manifestations, à respecter ce droit, et à se conformer à leur mission d’encadrement et de protection des populations;
– Met fermement en garde toutes les autorités publiques qui se rendront complices d’exactions et des brutalités sur les populations civiles et manifestants pacifiques, et tient à leur dire qu’elles auront à répondre, tôt ou tard, de leurs actes devant la justice, même en l’absence de leurs commanditaires;
– Accueille favorablement le rapprochement en cours depuis quelques jours entre diverses forces démocratiques et encourage l’ensemble des forces progressistes, incluant les partis politiques, les organisations de la société civile (étudiants, enseignants, syndicalistes, taximen, moto-taximen, bayam-sellams, artistes, sportifs, etc.) et l’ensemble des forces vives du pays à conjuguer leurs efforts pour mettre sur pied d’un cadre unitaire de lutte afin de mutualiser et d’amplifier les initiatives communes contre ce régime tyrannique, et pour trouver des solutions aux multiples crises que traverse le pays;
Generation-90 apportera sa contribution dans la limite de ses possibilités, à l’émergence d’un cadre unitaire d’action entre forces progressistes, seul à même de redynamiser la mobilisation populaire et les actions citoyennes d’envergure contre la confiscation des libertés démocratiques et sociales par le régime antidémocratique au pouvoir.
Fait à Paris, ce 15 Septembre 2020
Pour le Comité Exécutif de GÉNÉRATION-90,
TENE SOP – Coordonnateur Général
JOMBWE MOUDIKI – Secrétaire Général