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Y-A-T-IL ENCORE UN CAPITAINE DANS LE NAVIRE CAMEROUN? – Icicemac

Y-A-T-IL ENCORE UN CAPITAINE DANS LE NAVIRE CAMEROUN?

Le système présidentialiste camerounais et le long règne de Paul Biya, ont fini par transformer la gouvernance publique au Cameroun en une propriété du Président de la République, qui l’exerce dans toute sa souveraineté et pratiquement sans contrôle, à l’instar d’un roi dans une monarchie absolue. Ainsi, dans la pratique politique et administrative, les expressions comme « hautes instructions du Chef de l’Etat » ou « représentant personnel du Chef de l’Etat », confèrent à ceux ou celles qui les portent une autorité qui ne peut souffrir d’aucune hésitation et surtout d’aucune résistance. C’est pourquoi, aussi bien pendant les longs séjours du Chef de l’Etat à l’étranger, que depuis que M. Biya s’est confiné suite à l’arrivée du coronavirus, la machine gouvernementale et administrative poursuivait cahin-caha son bonhomme de chemin, au point que certains ont parlé de pilotage automatique.

Mais depuis un certain temps, les couacs s’amoncellent et parfois là ou on s’y attend le moins.

En vue de l’arrivée imminente au Cameroun d’une mission d’inspection de la CAF, dans le cadre des préparatifs du CHAN 2021 de football, le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République, Ferdinand Ngoh, avait demandé depuis le 20 Août 2020 au ministre de la santé publique, Malaouda Malachie, de démanteler « dans les meilleurs délais » les centres spécialisés de la lutte contre le coronavirus, installés dans certains stades.Plus d’une dizaine de jours après, ces instructions transmisses avec le sceau « Très urgent » au patron de la santé par le ministre des sports, n’ont toujours pas été exécutées.Interrogé le dimanche 30 août 2020 sur ce manque d’empressement pendant l’émission dominicale « Dimanche Midi »sur l’antenne de la Radio d’Etat, CRTV, le ministre de la santé publique a dit sans ambages que le Chef d’Etat est le seul à lui donner des instructions sur le sujet en question.« C’est le Président de la République lui-même qui a instruit la mise en place de ces centres spécialisés.

Et maintenant que nous avons moins de malade dans nos hôpitaux, nous avons moins de demande de soins en hospitalier, nous avons cette pression pour la reprise des activités sportives avec le CHAN qui est en train d’arriver, nous avons soumis la question mais, nous attendons de qui de droit, l’autorisation ou alors l’instruction pour le démantèlement », a expliqué audacieusement le ministre de la santé…En date du 7 octobre 2020, le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la république est revenu à la charge et a encore adressé une autre correspondance dans le même sens, cette fois-ci plus injonctive :«J’ai l’honneur de vous demander de faire démanteler immédiatement, dans les 24 heures, les stades de Ngoa-Ekelle à Yaoundé, Mbappe Leppe à Douala et Middle farm stadium à Limbe, afin que les entreprises en charge des travaux de réhabilitation des aires de jeu puissent engager les travaux, de manière à pouvoir les livrer au plus tard au mois de décembre 2020, date de la prise en main des infrastructures par la CAF ».Nous sommes au 20 octobre et la mission d’inspection de la Confédération africaine de football (Caf) qui est arrivée au Cameroun depuis le jeudi 15 octobre 2020, pour évaluer le niveau de préparation du Cameroun, est toujours dans nos murs.

Or Malaouda Malachie qui attend toujours l’ordre de Paul Biya, n’a pas bougé d’un pouceCette subite fronde vis a vis de Ngoh Ngoh, donc de Paul Biya dont il répercute « les hautes instructions », n’est pas le seul fait du ministre de la santé Publique.En effet, quelques semaines avant, le ministre d’Etat Secrétaire Général a la Présidence de la République, avait transmis au Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale une autre injonction, toujours sur « hautes instructions » du Président de la République, de réinstaller le magistrat Salomon Mengang, le directeur du contentieux et des affaires juridiques dans cette entreprise, déchu de ses fonctions pour faute de gestion. A ce jour, des semaines après, Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, le directeur général de la Cnps, tout comme Malaouda Malachie, n’a pas bronché et le ciel ne lui est pas tombé sur le tète.Plus actuel, le ministre des Finances, Louis Pau Motaze et son collègue des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, ont lancé de manière cavalière, en bousculant toutes les pratiques en la matière jusqu’ici, une taxe douanière de 33% sur l’importation des téléphones, dont ils ont confié la collecte à une entreprise privée dénommée ARINTECH, dirigée par un illustre inconnu au nom de Paul Zambo.

Il s’en est suivi une énorme levée de boucliers aussi bien dans les medias que les réseaux sociaux. Certains ont même soupçonné derrière cette société, une mafia pour détourner des milliards de fonds publics, dans laquelle ils ont soupçonné des ministres, dont le ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement Supérieur Jacques Fame Ndongo. Celui-ci pour se dédouaner, a fait rédiger et diffuser un démenti par le chef de la cellule de communication de son ministère, Jean Paul Mbia, dans lequel on lit ceci : « Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Enseignement Supérieur, ne connait ni d’Adam ni d’Eve, le sieur Paul Zambo ou la société Artificial Intelligence Technology Sarl. Mêler le nom du ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement Supérieur à ce « nœud de vipères », relève de la fantasmagorie ».

On connaissait déjà l’audace du ministre de l’Administration Territoriale Paul Atanga Nji, qui avait osé démentir son chef hiérarchique, le Premier Ministre Joseph Dion Ngute et qu’on avait banalisé, parce que dans la réalité, le véritable chef du gouvernement est le Président de la République.Mais, pour qu’un ministre et le directeur général d’une société d’Etat, nommés par décret du Président de la République, s’asseyent impunément sur ses « hautes instructions » et qu’un ministre, fut-il d’Etat, traitent les actes de ses collègues et pas n’importe lesquels, de « nœud de viperes », il faut que quelque chose soit déréglée quelque part. Et le commun des mortels ne peut que se poser cette question : Y-a-t-il encore un capitaine dans le navire?

Source: E. FOPOUSSI FOTSO

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