Aux élections présidentielles de 2018, Joshua Osih, vice-président et candidat du SDF fait un score 3.36%. Avec ce score proche de Pi et une position de quatrième Joshua Osih, devancé même par un blanc-bec de fabrication administrative, et partant le SDF ne s’offre pas un moment d’introspection. A première vue on pourrait attribuer cette déculottée à la guerre du/au NOSO, le soi-disant bastillon sociologique du SDF et de John Fru Ndi son leader. Ce serait une méprise car cette formation politique qui dans les années 1990 incarnait l’ardent désir de changement des camerounais a vu son ramage se rétrécir progressivement à chaque consultation électorale.
Il est bien loin le temps ou le SDF était la deuxième force politique du Cameroun après qu’Andzé Tsoungui ait attribué 36% des suffrages à Fru Ndi et que ce parti comptait 42 députés sur les 180 de l’assemblée nationale. A l’avant dernière élection présidentielle de 2011, Fru Ndi bien que classé deuxième n’a obtenu que 10.71% des suffrages. Tout observateur averti et honnête ne pouvait pas être surpris de la déconvenue de Osih en 2018.
Les origines de cette dégringolade sont endogènes et exogènes. S’il faut reconnaître que les pouvoirs administratifs ont contribué à frustrer ce parti a maintes reprises, il est à reconnaître que l’usure du temps, le confort de strapontins, les petits « malambi » et « soya » ont eu raison de la probité des dirigeants de ce parti a tous les niveaux de sa hiérarchie et plus encore à sa tête. Ne dit-on pas chez nous que c’est par la tête que le poisson commence à pourrir ? Dans ces circonstances, les discours sont devenus évasifs, les leaders furtifs, les positions sur certaines questions alambiquées. Il est de plus en clair aux yeux de l’opinion et partant d’un électorat désabusé que « Fru Ndi don tchop soya ».
Le 24 février 2018, à l’issue de la convention du SDF à Bamenda J. Osih devient le porte étendard du SDF. Malgré une bonne diction et un bilinguisme avéré, ses propos sont incompris par l’immense majorité des militants du parti. Une campagne de relation publique vers la diaspora sous le chaperonnage de son collègue Jean- Michel Nitcheu tourne au vinaigre. Taraudé de questions Osih, toute honte bue abandonne un entretien avec le communicateur Jacky Moiffo de JMTV-plus. Il apparaît clairement aux yeux de tous que cet homme n’a pas l’étoffe qu’il faut pour impulser le changement tant espéré. Le RDPC le sait et le protégera car avec lui à la tête du SDF, ils n’ont rien à craindre. Un compatriote observait tout récemment qu’à la différence de Jean Michel Nitcheu, Osih a rarement été inquiété ou son domicile assiégé par la police lors des marches programmées à Douala. Drôle d’opposant serait-on tenté de dire. Passons !
La montée en force de Maurice Kamto et son combat en maints points semblables à celui du SDF originel viendra dévoiler au grand jour le concubinage (djoumba) entre le SDF et le RDPC. Bien que son candidat n’ait aucune chance de gagner, les résultats vont le prouver plus tard, Fru Ndi refuse d’endosser Maurice Kamto. Osih lance des piques et se débine après avoir considérablement joué contre Kamto. Cet antagonisme contre celui qui incarne les chances d’une alternance vont être clairement exprimées lors du contentieux électoral. Alors que M. Kamto affirme que « l’élection a été émaillée de nombreuses irrégularités et fraudes massives avant, pendant et après le scrutin », Joshua Osih, reconnaît la victoire de Paul Biya malgré des insuffisances et déclare « Je prends acte que le conseil constitutionnel a proclamé les résultats de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, malgré toutes les preuves d’irrégularités et une volonté manifeste de marginaliser les populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le vainqueur de l’élection est le candidat Paul Biya ». Mission accomplie pour un barreur selon la typologie des opposants camerounais établie par A. Dzongang.
En signant avec les députés RDPC qui ont refusé mordicus que la question ou le problème anglophone (selon les écoles) ne fasse l’objet d’un débat a l’assemblée nationale du Cameroun depuis quatre ans, Osih a une fois de plus montré de quel côté il penche. Avec ce paraphage, le SDF est officiellement entré dans la majorité présidentielle. Jean de Dieu Momo aurait fait des émules. Est-ce le prix à payer pour le poste de ministre du commerce que la rumeur l’attribue dans le prochain gouvernement camerounais ?
Avant d’apposer sa signature sur cette lettre au congrès américain, Osih s’est-il souvenu du plaidoyer de son collègue Joseph Wirba ? A-t-il un moment pensé aux 20 femmes violées a Ebam ? N’est-ce pas lui qui filmait ses collègues entrain de chanter « how many people po mbia go kill oh…Oh he go Kill we taya » ?
Dans un communiqué rendu public après le tôlé autour de sa signature, J. Osih pense que « Les cyniques, en se méprenant délibérément et en déformant les intentions de ce document, ont également saisi l’occasion de colporter des insinuations sur ma supposée collusion avec le régime dans sa mauvaise gestion de la crise anglophone et de chercher à en profiter. ». Qui dira à ce bien nourri que Les camerounais jugent par eux-mêmes ! La décence et le bon sens aurait recommandé que J. Osih s’abstienne pour la raison qu’il avance lui-même lorsqu’il déclare « Pour ceux qui évoquent avec raison l’absence depuis le début de cette affreuse guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest d’un véritable débat sur la question au parlement Camerounais, j’aimerais d’entame les rassurer que je m’offusque tout autant qu’eux de cette incongruité inexplicable et entretenue par la majorité RDPC. Dans leur myopie, ils n’ont jamais imaginé l’impact qu’aurait provoqué ce débat lancé par le SDF sur la crise. Nous avons pétitionné pour un débat et nous nous sommes révoltés sur le parquet du Parlement et aujourd’hui, ils voient la nécessité d’agir. Il est donc clair qu’au vu de ce qui précède, qu’il faut absolument ce débat sur cette crise au Parlement ». Que lui a promis le RDPC ?
Joshua Osih est député du Wouri-centre. Pour deux raisons, c’est sa dernière législature. La première est qu’a la faveur de la loi sur l’autochtonie, les autochtones du Wouri dont il n’est pas, ne permettront plus qu’un originaire du Sud-Ouest continue de manger sur leur dos. La seconde raison étant que lorsqu’ un député ne sait plus qui il représente, c’est qu’il est installé à la mangeoire. Comme Fru Ndi avant lui et encore, Osih l’est aussi.
A quelques mois de la convention du SDF, assises au cours desquelles FRU NDI repu a décidé de céder officiellement sa position à la mangeoire, il est désormais clair que OSIH s’est disqualifié par sa trop grande connivence avec le RDPC. Que ce qu’il reste de militants au SDF se débarrassent de ce SRDPFCiste sinon c’est la fin du « Sofa don finish » après 30 ans d’illusions.
David Manga Essala