Christian Cardinal TUMI décédé le 3 avril dernier dans sa 91 année de suite de maladie a commencé ce 19 avril son dernier voyage terrestre qui se conclura demain mardi 20 avril 2021 avec son inhumation à la cathédral saints Pierre et Paul de Douala. Il laisse l’image d’un homme d’action, de dialogue pour la paix dans son pays et qui aura pris le temps de connaître son pays et ses hommes du Nord au Sud de l’Est à l’Ouest.
Le cardinal archevêque de Lyon, s’est éteint au petit matin du samedi saint de cette année 2021 et nous retiendrons comme dans un manuel d’histoire la date du 3 avril 2021 de suite de maladie on pourra dire d’épuisement dans un pays où l’espérance de vie est de 54 ans pour les hommes. Il aura vécu moins que sa maman qui nous a quittés en 2015 à l’âge de 118 ans. Jusqu’à la dernière minute le cardinal, le « papa » pour beaucoup, l’apôtre du dialogue aura été actif et présent sur toutes les scènes où il était sollicité ou qu’il créait pour amener les hommes au dialogue social et politique. Il est l’évêque camerounais qui a le plus bougé d’un diocèse à un autre d’une région à une autre au service de la bonne nouvelle.
Un homme discret
C’est au consistoire du 28 juin 1988 qu’il est créé cardinal par le saint pape Jean-Paul II. Pour aller recevoir sa barrette et son anneau de cardinal à Rome, en signe d’humilité il s’était fait accompagner par monseigneur Jean Zoa alors archevêque métropolitain de Yaoundé et c’est lui qui prit la parole à Rome et à son accueil en la cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé. Il réserva sa première prise de parole sur ses terres camerounaises au peuple de Dieu qui est à Garoua diocèse dont il a été tour à tour archevêque coadjuteur en 1982 puis archevêque dès le 17 mars 1984. Il n’a eu pour unique devise durant tout son ministère que : « me voici je viens faire ta volonté. »
Le 31 aout 1991, quand il est déplacé à Douala comme archevêque métropolitain de la capitale économique du Cameroun, Christian cardinal Tumi confia alors à certains visiteurs qu’il souhaitait prendre le temps de connaître son archidiocèse dont le territoire de juridiction s’étendait alors jusqu’aux portes de Yaoundé en pays Eton et dans le Nyong et Kellé en pays Bassa’a. Ce fut donc d’abord la rencontre de ses prêtres, ses diacres permanents, les chrétiens dans la vie de tous les jours, les prisonniers. A l’époque, tout le monde le regarde alors comme un homme de solitude, il affectionnait le recueillement et accordait que très peu d’interviews à la presse et à la télévision. Discret, parfois jusqu’à l’effacement, son style tranchait avec celui des autres évêques du Cameroun certainement plus médiatique et charismatique. Puis vint l’affaire des 9 disparus de Bépanda. Le Cardinal Tumi en juin 2000, brisant tous les présupposés sur sa personne, saisit le gouverneur de la province du Littoral pour dénoncer la multiplication « des exécutions extra-judiciaires. » Quelques semaines plus tard, il lançait un cri d’alarme dans une lettre ouverte ironiquement adressée «aux voleurs et braqueurs». «Je suis convaincu que votre exécution extrajudiciaire sera une grave violation de nos droits fondamentaux». Je lui avais, alors étudiant à Lyon demandé ces lettres qu’il me vit parvenir et que j’ai publiées en annexe de l’ouvrage : Eglises et Etats-Nations un couple tenté par l’adultère. Depuis ces évènements, le cardinal ne s’est plus tue, il a parlé, il a rencontré, il a consulté il s’est exprimé dans sa cathédrale comme à l’extérieur, il a rencontré les hommes politiques, les opérateurs économiques, les hommes de toutes les confessions religieuses présentes au Cameroun avec un seul mot d’ordre : le dialogue social. Oui Christian Cardinal TUMI fut aussi un fervent œcuméniste, un défenseur du fédéralisme dans un Etat-Nation camerounais un et comme il me confia un jour : « je n’ai que le Cameroun comme patrie. »
Un siège non vacant
Depuis l’annonce du décès de Christian Cardinal TUMI, beaucoup qui ne connaissent pas l’organisation de l’Eglise catholique romaine se demandent si le siège cardinalise du Cameroun est vacant. Mais que non ! Pour faire court, aucun des diocèses du Cameroun n’est un siège cardinalice ce qui voudrait dire qu’il n’y a aucun diocèse au Cameroun qui voudrait que quand on y est comme évêque, on soit créé cardinal comme l’est par exemple l’archidiocèse de Dakar au Sénégal ou l’archidiocèse de Kinshasa en République Démocratique du Congo. Christian Cardinal Tumi était donc cardinal sur le mérite personnel et par la volonté de saint Jean-Paul II. Une page de notre église se tourne donc avec l’inhumation du premier cardinal camerounais. Il revient aux évêques et archevêques du Cameroun, de suivre le chemin tracé par cet homme de foi, de non compromission, d’amour pour le prochain afin que son héritage ne se perde jamais.
(c) Vincent Sosthène Fouda