CE HEROS MECONNU DE LA SANTE : LA TRAGIQUE HISTOIRE DU Dr Ben Fayça
Dr Fayçal fait partie des jeunes médecins qui sont tombés dans la profession médicale comme une fourmi dans un
pot de confiture, c’est-à-dire en plein dedans ! Cet originaire de Makabaye dans l’extrême Nord, né en 1986, est
entré à la faculté de médecine de Yaoundé en 2005 et en est sorti 7 ans plus tard (2012) nanti d’un Doctorat en
médecine avec mention honorable. Il est tout de suite affecté dans un Hôpital du Grand Nord en complément
d’effectif. Quelques mois plus tard il est nommé Directeur de l’Hôpital de District de Poli dans la région du Nord
abandonné depuis plusieurs années par l’ancien titulaire du poste.
Arrivé à son nouveau poste, il trouve un hôpital exsangue et moribond ou il y a plus de chèvres dans la cour et les allées de l’hôpital que de malades. La pharmacie de l’hôpital est quasi vide, les lits sans matelas, L’ambulance en panne depuis 2 ans avec les 4 pneus crevés. L’hôpital est quasi-désert. Les quelques rares personnels infirmiers présents sont plus bergers et agriculteurs que soignants !
Devant cette situation quasi désespérée, ou certains auraient fui et demandé une réaffectation, le Dr Fayçal décide de prendre les taureaux par les cornes. Au même moment, on lui fait signe que son premier salaire et son « rappel » sont disponibles à Yaoundé. Le Dr Faycal décide de ne pas attendre l’arrivée des crédits de fonctionnement de l’Etat dans plusieurs mois. Il récupère l’entièreté de son salaire et de son « rappel » pour les mettre au service de la relance de l’Hôpital. Avec cet argent il :
– Répare l’ambulance de l’hôpital
– Réapprovisionne la pharmacie en médicaments essentiels, parmi lesquels les sérums antivenimeux pour les
morsures de serpents les plus fréquents qui pullulent dans le coin.
– Achète quelques matelas et matériels de première nécessité
– Achète un groupe électrogène pour l’hôpital
– Organise des campagnes de santé gratuites et des journées portes ouvertes pour que les gens réapprennent à
venir à l’Hôpital
– Organise des sessions de formation et de recyclage du personnel pour améliorer leur efficacité au travail
Apres ces mesures, le succès est au Rendez-vous, les malades recommencent à affluer à l’hôpital et le Dr Fayçal travaille sans relâche à les soigner.
Mais un soir du 03 Novembre 2014, le destin va décider autrement du sort du Dr Fayçal. Ce jour, il avait passé toute la journée à opérer au bloc opératoire, avec au total 3 césariennes et 2 hernies. Vers 01h du matin, il décide d’aller se reposer dans sa chambre située tout près de l’Hôpital. Mais après 10 min, il est rappelé en urgence pour opérer encore ! Une autre césarienne pour la jeune Ramatou, 17 ans qui vient d’être référée d’un centre de santé avoisinant. La jeune Ramatou est accompagnée de sa mère, et toutes les 2 n’ont pas un franc en poche. Le Dr Faycal décide de l’opérer à crédit en espérant (sans trop y croire) que sa famille pourra régler la note après. L’opération se passe très bien et la jeune Ramatou est conduite dans une salle de la maternité avec son bébé. Le Dr Fayçal décide de rentrer se coucher une fois pour toute. Il a besoin de récupérer des forces pour débuter la journée d’après ou il a prévu une campagne de vaccination de porte à porte pour récupérer toutes les enfants ne s’étant pas vacciné depuis leur naissance.
Après 30 min de sommeil, Il est brutalement réveillé par une douleur à l’épaule. Quand il appuie sur l’interrupteur, il constate qu’il vient de se faire mordre par un serpent ! Courageusement, Le Dr Fayçal va chercher un bâton pour tuer, mais surtout pour identifier ce serpent (pour voir quel type de sérum antivenimeux il devra recevoir). Il soulève un oreiller et constate que ce serpent est un….cobra ! Malgré que ce cobra ait levé la tête en signe d’intimidation, le Dr Fayçal arrive à lui assener des coups de bâton et le tuer. Apres, il court vers la pharmacie pour recevoir un antivenimeux, mais constate qu’aucun ne correspond au serpent en question. Et de l’avis de tous, les cobras sont très rares dans la zone et c’est la première fois que beaucoup en voient ! Il prévient ses membres de famille et amis de ce qui vient de lui arriver. Pendant que tout le monde panique lui est serein et rassure tout le monde en rigolant et disant « ca va aller ». Il appelle le chauffeur de l’ambulance et un infirmier pour l’accompagner à l’Hôpital régional de Garoua ou on peut trouver peut être un antivenimeux pour Cobra. La distance entre Poli et Garoua est de 140 Km, mais en raison du mauvais état de la route il faut compter au moins 5h de route ! La troupe démarre aussitôt la route. Mais le Dr Fayçal avant de monter dans l’ambulance, comme une prémonition fait une dernière ronde rapide.
par Marc Le Chanceux Tchetchoua
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