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Crise Anglophone : Bruit de bottes, aveu d’incompétence et d’échec – Icicemac

Crise Anglophone : Bruit de bottes, aveu d’incompétence et d’échec

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Depuis le discours pompeux, triomphaliste et va-t-en-guerre du Chef de l’État, Paul Biya, à sa descente d’avion à l’aéroport international de Yaoundé – Nsimalen le jeudi 30 novembre 2017, de retour du sommet Union africaine – Union européenne tenue en Côte d’Ivoire, discours entrevoyant l’envoi imminent d’une expédition punitive des forces armées dans la région Anglophone du pays, un vent de panique souffle dans l’esprit de tout vrai patriote camerounais à l’idée du risque qu’un possible génocide soit en préparation en ce moment contre les compatriotes de la zone Anglophone de notre nation.
Il y a, par conséquent, lieu de s’interroger sur les motivations et sur l’efficacité d’une telle stratégie, celle de l’escalade de la violence et de l’intimidation à l’égard de la population Anglophone, en lieu et place de l’inévitable négociation de sortie pacifiquement de cette crise qui perdure depuis 2016.
Les maigres ressources dont dispose encore notre pays devraient être utilisées à bon escient, pour développer la nation et non gaspiller pour mener une guerre civile volontairement déclenchée par le Président de la République dans le seul et unique but de couvrir son incompétence, son incapacité à trouver une solution politique aux légitimes problèmes politiques pacifiquement soulevés par les ressortissants de l’ancien État fédéré du Cameroun occidental.
Cette réaffirmation par le Président de la République de la seule stratégie de la guerre comme l’unique option de résolution de la Crise Anglophone est hautement irréaliste, antipatriotique, inhumaine, extrêmement risquée, et ce, à plusieurs titres.
De toutes les fonctions régaliennes de l’État, l’exécution de la guerre est l’une des activités les plus compliquées et difficiles connues, nécessitants des milliers de contraintes de tout ordre (compétence, financement, coûts, respect des conventions internationales, évitement des crimes de guerre pouvant conduire à la traduction des mises en cause à la Cour Pénale Internationale, logistique, jugeote, efficience, anticipation, spontanéité des décisions dans des situations imprévues et urgentes, etc). De plus, ces contraintes doivent être gérées conjointement pour espérer une chance de succès :
Les armées de chaque pays du monde Occidental (OTAN), parmi les plus nanties, compétentes et redoutées du monde, combattent en vain en Afghanistan depuis 2001, contre une poignée de villageois Afghans appelés Talibans, sans obtenir aucun résultat probant à nos jours, malgré tous les colossaux sacrifices consentis tant en ressources qu’en hommes, depuis plus de 16 ans. Si les villageois Afghans peuvent résister contre les meilleures armées du monde, toute population, où qu’elle soit dans le monde, le peut également, surtout contre le régime en place à Yaoundé, réputé pour sa légendaire incompétence. D’où le risque d’enlisement d’une guerre dont le Président peut si triomphalement décréter le début, mais n’a plus le contrôle de quand ou comment l’arrêter!
Si les données et les faits du passé sont garants du comportement futur, le président Biya et son régime ne seront pas capables de réaliser par cette guerre quelque objectif constructif que ce soit pour la résolution de la crise en cours, autres que de précipiter inutilement la mort des milliers de Camerounais et offrir notre pays en spectacle aux yeux du reste du monde. En effet, depuis 35 ans, le président et son régime se sont montrés à répétition incapables de gérer des problèmes élémentaires comportant à peine une poignée de contraintes, telles que :
1. Transporter l’équipe nationale de football du Cameroun d’un point A à un point B, sous les deux maigres contraintes d’arriver au lieu de la compétition x jours avant le début de la compétition et respecter la réglementation ordinaire du transport aérien international;
2. Transférer aux joueurs de l’équipe nationale sous forme de prime, la partie congrue de la manne financière payée par l’organisateur de la compétition mondiale à laquelle cette équipe s’était qualifiée, sous les trois maigres contraintes de respecter le cahier de charges convenu pour le paiement des primes, maintenir le bon moral des membres de l’équipe avant le début de la compétition et installer à temps cette équipe nationale dans ses quartiers au lieu de la compétition en question;
3. Maintenir notre maigre réseau d’hôpitaux en bon état de fonctionnement;
4. Mettre en œuvre un système ne serait-ce qu’élémentaire de signalisation sur le réseau routier national et entretenir ce réseau routier;
5. Ramasser les simples poubelles à ordures de nos villes sur une base régulière et prévisible;
6. Etc.
Ainsi, en plus du caractère immoral d’engager une guerre contre sa propre population, cette initiative guerrière et triomphaliste, ô combien simpliste du Président Biya s’apparente plus à un exercice d’apprenti sorcier, qui dépasse largement les capacités et le niveau de compétence de l’homme et de son régime.
Il va sans dire la certitude que ce jeu risqué d’apprenti magicien du Président causera inutilement des milliers de morts de nos compatriotes des deux côtés du débat. La vie de chaque Camerounais compte (Every cameroonian life matters); la vie de chaque membre de nos forces de l’ordre et la vie de chaque membre de notre population civile sont toutes les deux sacrées et se doivent d’être préservées en toute circonstance, par-dessus tout.
L’expédition punitive en zone Anglophone ainsi insinuée publiquement et probablement en préparation par le Président Biya est une voie sans issue de secours vers un cul-de-sac, qui comporte des germes d’une fracture irréversible entre nos compatriotes de la zone Anglophone et ceux du reste du pays :
1. Chaque civil qui sera tué par les forces de l’ordre lors de l’expédition, paix à son âme, radicalisera davantage la population qui se sentira victimes des exactions;
2. Le repli identitaire et le tribalisme seront exacerbés à chaque perception de génocide contre la population civile aux mains nues;
3. Les générations futures hériteront d’un pays fortement divisé et vivront en permanence dans un climat de la haine et de la récrimination sectaires exacerbées.
Au-delà de toutes les erreurs passées et de tous les manquements commis à ce jour, dans ce dossier, le Président Biya se doit de changer son fusil d’épaule, et de jouer à fond la seule stratégie qui vaille et qui a une chance de prospérer, celle de la négociation inclusive avec les leaders de la contestation Anglophone, afin de trouver une issue pacifique à la crise.
Puisqu’il est la seule personne ayant l’autorité, la responsabilité et le pouvoir constitutionnel de le faire, le Président Biya se doit sans plus attendre, de convoquer toutes les parties prenantes autour de l’incontournable table de négociation de sortie de crise, et ce, sans conditions préalables et sans exclusive.
Toute solution militaire contre sa propre population est inadaptée et inacceptable comme solution à un problème éminemment politique, celui de la simple révision de la forme de l’État en vue de régler le problème avéré de la marginalisation et celui du non-respect des ententes de Foumban qui ont permis la réunification en 1961.
Le fédéralisme que demande la population de la zone Anglophone du pays n’est pas problématique ni pour l’unité nationale, ni pour le vivre-ensemble de nos populations, ni pour le développement de notre pays. Au contraire, comme nous l’avons déjà démontré dans nos contributions précédentes, le fédéralisme qui avait si bien fonctionné au Cameroun de 1961 à 1972 sera plutôt un levier positif pour l’émancipation de notre pays et de notre peuple.
En effet, si le fédéralisme était si dangereux pour le pays qui l’adopte comme forme de l’État, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la Suisse, l’Autriche, le Nigéria, l’Inde, le Pakistan, le Brésil, l’Argentine, la Belgique, le Mexique pour ne citer que ceux-là, ne l’auraient pas adopté, n’existeraient plus car détruits par ce régime et ne seraient pas en majorité à la tête du peloton des pays les plus développés et les plus prospères du monde.
Monsieur, le Président, veuillez agir vite et bien, pour trouver une sortie négociée et pacifique à la crise, en lieu et place de cette guerre inutile et non justifiable dans laquelle vous êtes en train d’engager notre pays contre sa propre population. Une guerre menée par notre armée contre notre propre population est un sacrilège que l’histoire et les générations futures jugeront à perpétuité.
La population de notre pays vous observe.
Le reste du monde entier vous observe.
L’histoire vous observe.
En particulier, la Cour Pénale Internationale (CPI) vous observe également.
Que vive le Cameroun uni, juste, inclusif, apaisé et maître de son destin.
Michael Fogaing, Porte-parole de Diaspora pour la Modernité-Diaspora for Modernity
 
N.B.: 
Diaspora pour la Modernité est une organisation de la société civile de la Diaspora camerounaise, pour qui l’indépendance des institutions démocratiques les unes des autres est la pierre angulaire de son activisme politique au Cameroun. Elle est basée au Canada.
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