DECLARATION COMMUNE : AGISSONS POUR UN VRAI DIALOGUE NATIONAL !
Douala, le 29 Décembre 2017
DECLARATION COMMUNE : AGISSONS POUR UN VRAI DIALOGUE NATIONAL !
Nous, signataires de la présente déclaration commune, attirons l’attention des Camerounaises et Camerounais sur la situation périlleuse que connaît notre pays sur l’ensemble de son territoire en cette fin d’année 2017, notamment :
• La dégradation continue des services de base tels que l’eau, l’électricité, les routes, l’éducation, les soins de santé, etc. pour les populations ;
• La grave crise de sécurité dans six des dix régions de notre pays;
• La crise aiguë dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui a entraîné de graves pertes en vies humaines, des centaines de blessés, plus de 300 000 personnes déplacées et plus de 7 000 réfugiés;
• Les violations flagrantes des droits de l’homme particulièrement dans ces régions en crise, telles que les incarcérations abusives de milliers de personnes, la suspension de l’internet qui continue depuis plus de 6 mois pour des millions de citoyens, des limitations dans les libertés d’expression, de réunion et des manifestations pacifiques pour les activistes et partis politiques que nous sommes.
• La perte de confiance inédite dans le leadership du pays qui pousse les jeunes à l’exil et à devenir par la même occasion des victimes d’esclavagistes, quand ils ne meurent pas simplement en chemin.
Comment sortir de cette situation catastrophique et éviter le pire à notre pays ? Nous proposons une voie par laquelle la coalition des citoyen/nes et forces nationalistes, progressistes et démocratiques de notre pays sera en mesure de surmonter l’état de blocage actuel et d’ouvrir de nouvelles perspectives à la nation camerounaise et à l’Afrique.
Après 57 ans de régimes néocoloniaux et dictatoriaux, préoccupés seulement par l’enrichissement d’une minorité, il faut :
• Guérir notre nation du traumatisme de son passé colonial et de ses gouvernements oppressifs subséquents, et
• Reconstruire les fondements d’une nation moderne où les droits humains fondamentaux sont acquis, les principes démocratiques sont ancrés et le cadre pour l’épanouissement de chaque citoyen est établi.
Pour y parvenir, un vrai dialogue national est nécessaire, incluant TOUS les Camerounais, quels que soient leurs opinions ou engagements politique, philosophique, économique ou social. Ce dialogue national sera la base pour commencer notre guérison en tant que nation et la reconstruction des fondations de notre pays.
Des caractéristiques de ce vrai dialogue national
Au niveau de ses caractéristiques, ce vrai dialogue national doit être :
1. Souverain : les conclusions et résolutions de ce dernier doivent s’imposer à tous/ es et être incorporées dans le dispositif constitutionnel, institutionnel, législatif et réglementaire du pays.
2. Inclusif : les Camerounais/es de tous les horizons et de toutes les catégories sociales doivent participer selon les formes de représentativité qui doivent être consensuellement définies.
3. Participatif : la méthodologie de dialogue doit partir des quartiers et villages pour aboutir dans la phase finale à une grande concertation nationale regroupant des participants/es représentatifs de la diversité du Peuple Camerounais.
4. Facilité par un groupe de personnalités camerounaises indépendantes ayant une intégrité morale, un engagement patriotique reconnu et des compétences techniques. Des personnalités africaines qui se sont illustrées dans la conduite de processus démocratiques et par leur expérience dans la médiation de crises pourront jouer le rôle de garants du processus camerounais.
Du contenu de ce vrai dialogue national
Ce vrai dialogue national doit permettre de couvrir une variété de sujets fondamentaux pour notre pays. Il s’agit entre autres de :
1. Résoudre les problèmes de notre passé colonial. Ce qui signifie :
a. Gérer les conséquences de notre lutte pour l’indépendance, y compris le massacre de centaines de milliers de Camerounais/es par les forces coloniales en collaboration avec ceux qui ont ensuite gouverné le Cameroun.
b. Redéfinir le vivre ensemble de toutes les parties de notre territoire. Ce dialogue devra résoudre la question anglophone qui en est un des aspects saillants.
c. Redéfinir les termes de la relation entre le Cameroun et ses anciens colonisateurs pour l’avenir.
2. Redéfinir la relation entre le citoyen et l’État. L’administration en place avant l’indépendance avait pour mission d’exploiter le pays au profit des puissances coloniales et de soumettre les Camerounais à cet objectif. Ces maîtres coloniaux ont été remplacés par une élite oppressive qui s’est faite à leur image. Notre proposition inclut donc la redéfinition de la relation entre l’Etat et le citoyen dans le sens d’un Etat au service des populations, d’un Etat gardien des populations, protecteur et apaisant.
3. Redéfinir la forme de l’Etat. Le souhait primordial des Camerounais est d’avoir plus d’autonomie (une autonomie décisionnelle et une autonomie des ressources) au niveau local pour gérer leur développement, sans pour autant remettre en cause celles des prérogatives qui ne peuvent revenir qu’à l’Etat central. Il est nécessaire de déterminer quelle forme prendra notre Etat de manière à satisfaire cet impératif d’autonomie accrue au niveau local.
4. Réformer l’Armée et les autres forces de maintien de l’ordre (Police et Gendarmerie). Nous avons besoin de redéfinir les relations entre les forces de l’ordre et les citoyens afin d’en finir avec les vestiges coloniaux et développer des forces armées citoyennes, républicaines, au service de la population et respectueuses de la Constitution que le Peuple Souverain se donnera. . Nous devons cesser avec les abus, les exactions et les violations flagrantes des droits humains très souvent observés dans le rapport entre ces forces de l’ordre et les populations. Plus que jamais, au terme de ce vrai dialogue national, les forces de défense et de l’ordre devront être des forces au service du Peuple et non d’un clan au pouvoir !
5 – Redéfinir les systèmes et institutions clés. Il sera question durant ce vrai dialogue national de :
i. Poser les principes et les éléments constitutifs de la nouvelle Constitution pour le Cameroun. Ce qui constituera un nouveau contrat entre les Camerounais / es.
ii. Définir les éléments d’un système électoral qui garantit des élections démocratiques, libres et transparentes.
iii. Etablir le cadre pour les réformes clés dans l’exécutif, le législatif et le judiciaire pour les mois et année à venir.
6 – Traiter la question du retour des réfugiés humanitaires et politiques ainsi que celle de l’amnistie pour les prisonniers politiques. Ce dialogue national, pour être vrai, doit pouvoir traiter certaines questions qui ont meurtri et divisé les Camerounais/es.
De la nécessité d’agir tous ensemble
Ce vrai dialogue national est une nécessité pour sauver le Cameroun du cycle chaotique dans lequel il ne cesse de s’enfoncer. Ce vrai dialogue ne peut pas être conduit par ceux qui, au pouvoir actuellement, sont à l’origine de ces crises multiples que notre pays connaît. Pour que ce dialogue puisse aboutir à un nouveau départ, il doit se faire avec la participation active du Peuple Souverain.
En tant que citoyens et patriotes, nous avons la responsabilité d’agir pour imposer ce vrai dialogue. Ensemble, agissons pour écrire une nouvelle page de notre histoire.
LES SIGNATAIRES
• Pour le CPP (Cameroon People’s Party), Kah Walla, Présidente Nationale
• Pour l’UPC – MANIDEM (Manifeste National pour l’Instauration de la Démocratie),
Albert Moutoudou, Président
• Pour le MANIDEM (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie), Dikoume Mbonjo, Secrétaire National à l’organisation