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Lettre aux soldats camerounais: vous n’êtes pas du bétail, vous êtes des hommes, pourquoi mourir pour Paul Biya en fin de règne? – Icicemac

Lettre aux soldats camerounais: vous n’êtes pas du bétail, vous êtes des hommes, pourquoi mourir pour Paul Biya en fin de règne?

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Chers soldats,
Vous souviendrez-vous? Lorsque vous combattiez pour la souveraineté de notre Pays dans le grand nord nous vous avons soutenu. Des quatre coins du pays en passant par la diaspora et les ONG, nous avons tous contribué, financièrement et moralement pour le succès de votre mission. Et vous ne nous avez pas déçu; vous avez su repousser le danger qui pesait sur notre terre et nous en sommes heureux. . .
Mais chers frères soldats depuis que vous êtes dans le Sud-ouest et le Nord-ouest de notre chère Patrie nous ne vous reconnaissons plus. Vous violez vos propres soeurs, vous matraquez vos enseignants, vous humiliez vos avocats vous assassinez des civils, vos propres frères et soeurs, vous rasez leurs villages et incinérez vos grands parents. Le combat que vous menez dans cette contrée n’est plus celui de la liberté mais celui de l’esclavage. Regardez comment le peuple vous craint et vous méprise! Regardez comment il se désolidarise de votre combat qui s’apparente beaucoup plus à une guerre fratricide. Chaque fois que l’un des votres tombe, le peuple en est moins touché que jadis. Votre mort est pour lui une libération, une étape vers la vie. Regardez-vous si jeunes et pleins de vie. Mais cette vie, chaque jour qui passe, se vide de son sens et de toute certitude. Cette vie ne tient plus qu’à un fil fragile qu’est l’espoir. Nombreux de vos frères sont tombés dans cette guerre fantôme, certains n’étaient encore que des élèves. Depuis 6 mois qu’ils avaient quitté leurs familles, jamais ils ne l’avaient plus revues. Aujourd’hui, ils remontent le chemin de la maison les mains croisés sur le ventre, un trou dans la tête ou dans la gorge. Jamais ils n’ont reçu un premier salaire pour le métier qu’ils aimaient tant. Ce triste sort, vous le savez, marche dans l’ombre de vos pas. Il est à vos trousses chaque seconde que vous perdez à vous créer des ennemis parmi ceux-là qui sont encore nos frères, qui n’ont jamais cessé de l’être. . .
Pourquoi les combattez-vous au juste? Qu’ont-ils commis d’irréversible ? Souvenez-vous toujours qu’au départ de cette crise c’est vous qui y avez introduit la violence. Cette situation tragique perdure parce que vous persistez à vous laisser manipuler par ceux qui pensent que vous leur êtes redevable. À quoi vous sert cette dictature?


— qui s’est accaparée de l’effort de guerre que le peuple vous a offert autrefois dans le nord?
–Qui détourne vos primes en vous sommant de ne point revendiquer?
— qui est incapable de mieux vous équiper?
— qui tue l’avenir de vos enfants et la votre?
— qui ne peut même pas vous prendre à charge correctement lorsque vous êtes blessés à faute de manque de médicaments et de bons hôpitaux?
À quoi vous sert cette dictature qui vous affame et vous assoiffe? À quoi vous sert cette dictature qui confisque pour elle et sa famille vos repas?
Ils vous ont dit que vous combattiez pour préserver l’intégrité de l’État. Ils vous mentent. Vous combattez pour eux, pour que leur dictature survive. Et tant que cette dictature survivra, vos primes et votre liberté seront toujours confisquées. Vos enfants mourront toujours de choléra et de paludisme à cause de l’absence d’eau potable, vos proches mourront toujours sur nos routes à cause de leurs mauvais état. D’ailleurs vous aussi en avez été victimes. Pour eux vous ne représentez pas plus que de la chair à canon contre ceux qu’ils traitent de terroristes parce que ceux-là ont décidé d’exprimer leur indignation sur la façon dont ils traitent le peuple, y compris vous…
Chers frères soldat, je vous écris cette lettre dans un esprit d’ouverture et de dialogue. Nous francophones, avons décidé de nous joindre au combat de nos frères anglophones. Notre opération est baptisée ” terminus”. Son objectif est la prise de la poste centrale. Nous allons la mener avec des mains nues et des pancartes sur lesquelles il sera écrit ” plus jamais biya ”, ” trop c’est trop ”, ” biya must go”. . . Avant de tirer sur l’un d’entre nous, lisez bien ces pancartes pour comprendre que nos seuls armes, aussi abstraites seront-elles, ne causeront aucun incident physique. Point de mercure et de poudre à canon dans nos mots. Ils ne s’adresseront qu’à l’endroit d’un seul homme, Biya, le kidnappeur de la croissance de notre pays et du bien-être communautaire. C’est le peuple qui choisit ses dirigeants mais depuis 1992 nous n’avons jamais choisi biya. Il a toujours su voler notre pouvoir et s’imposer à nous comme une fatalité. Notre but n’est pas de devenir président à sa place, ce n’est pas notre affaire. Notre but est de retourner au peuple le pouvoir qui lui a été arraché depuis 35 années de dictature. Une dictature qui a empoisonné l’esprit des camerounais, a barricadé le peuple avec la haine et l’a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang. Refusez de tirez en direction du peuple et rejoignez nous dans ce combat. Votre tache est de protéger le peuple de toute adversité. Biya est pour nous le plus grave danger qui nous terrorise. Venez encadrer nos manifestations contre cette minorité qui vous a toujours méprisés et qui a fait de vous ses esclaves; qui vous dicte ce qu’il faut faire et ce qu’il faut penser, qui se sert de vous comme du bétail. Ne donnez plus votre vie à ces inhumains, ces hommes qui ont une pierre dans le thorax et qui ont toujours fait de vous des hommes machines :
Non vous n’êtes pas des machines!
Vous n’êtes pas des esclaves !

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Vous êtes des hommes, des hommes capables d’émotion, des hommes qui méritent mieux, des hommes qui peuvent comprendre le cri strident porteur du ras-le-bol de tout un peuple.
Unissons-nous, Battons-nous pour un pays nouveau qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse, vos frères, vos enfants, et la sécurité à la vieillesse, vos pères, vos mères. Un pays nouveau où vous aurez un avenir nouveau, une vie meilleure. . .
Il fut un temps où j’aimais vous voir réunis atour d’une bière, éloignés de la guerre. Il me rappelait que vous étiez les soldats les plus heureux du monde vivant dans un pays de paix. Il faut que ce temps là revienne, la paix aussi!
KAND Owalski.

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