Un regard dans le retroviseur pour Mgr François Xavier Amara décédé le 25 février 2018 par Vincent-Sosthène FOUDA
Un regard dans le retroviseur pour Mgr François Xavier Amara décédé ce dimanche 25 février 2018 par le Prof Vincent-Sosthène FOUDA
Mgr François Xavier AMARA prélat de sa Sainteté (Dans l’Église catholique, le prélat (du latin praelatus, placé en avant) est un haut dignitaire. Au sens coutumier, la prélature est une dignité conférée soit à des prêtres exerçant une fonction effective auprès du pape, soit à d’autres prêtres (beaucoup plus nombreux), agrégés de manière honorifique à cette “famille pontificale”. Bien que n’étant pas évêques, ces prélats ont le droit à l’appellation ’Monseigneur’, et celui de porter certains éléments épiscopaux… (Théo) ), prêtre de l’archidiocèse de Yaoundé et l’un des initiateurs avec Pie Claude Ngumu, Gervais Tonyé, Basile Juléat Fouda de l’inculturation au Cameroun est décédé tôt ce dimanche 25 février 2018 des suite de longue maladie. Il était âgé de 85 ans. Le « malaise Nègre » dont il a osé parler publiquement avant le Concile Vatican II alors qu’il est grand séminariste à Otélé a donné lieu à des débats animés et le terme a été repris par plusieurs chercheurs, académiciens, observateurs de la vie sociale et éditorialistes. Mais l’Abbé François Xavier Amara était aussi un bon orateur et un bon prédicateur, sans compter ses talents de chanteur et de compositeur qu’il mettait à profit dans la liturgie. Mgr François-Xavier Amara était un prêtre profondément incarné dans sa « négritude », dans son ewondo, fidèle à ses racines Etenga c’est à dire ce mélange de Vouté, de Bamoun et d’Ewondo. Il a été le premier à chanter l’Évangile en Ewondo alors même que nous l’avions surtout connu comme professeur de Français et de latin dans différents établissements catholique et au Grand Séminaire de l’Immaculée Conception de Nkol-Bisson à Yaoundé. Il a été vicaire général et administrateur diocésain après le décès de Mgr Jean Zoa.
Mgr François Xavier Amara avait pris de l’âge et les soucis de santé allant avec l’âge, il a gardé quelques activités moins lourdes à la paroisse de Nkoa-Ayos qu’il menait avec jovialité et enthousiasme.
Il avait été conduit il y a quelques semaines à l’hôpital central de Yaoundé après un malaise. Beaucoup de prêtres du Cameroun, beaucoup d’Évêques du Cameroun saluent aujourd’hui la mémoire de celui qui a apporté bien évidement avec d’autres un souffle nouveau dans l’Église catholique qui est au Cameroun sans faire cependant des vagues. Son Aya Aya Aya, mayi keu woé cantique eschatologique est repris dans presque toutes les langues du Cameroun.
Mgr François-Xavier Amara était un homme de passion, accessible, qui aura su porter plusieurs casquettes. Certains se souviendront de lui comme un fin philosophe au verbe clair et précis, sans fioriture, et qui, par moment, laissait percevoir l’intensité de sa réflexion. D’autres encore auront pu apprécier son exploration profonde d’une spiritualité mystique qu’il communiquait d’une manière simple. Un maître des instruments de musique de son terroir, le nkul qu’il affectionnait particulièrement et avec lequel on a fini par le confondre. Ses paroissiens rendent hommage à son charisme pour la prédication, pour appliquer l’Évangile dans les exemples du quotidien. L’on se souviendra également du grand compositeur François Xavier Amara qui aura su ouvrir l’Église du Cameroun à diverses autres sonorités.
Mgr François-Xavier Amara était aussi linguiste, disons qu’il était surtout linguiste et c’est à lui que nous devons le lectionnaire en langue ewondo.
Aux vivants de lui rendre un dernier hommage et à ceux qui ont bénéficié de ses enseignements de lui dédier des mélanges car oui il a beaucoup donné à notre culture, à notre église, c’était un homme en qui s’harmonisaient magnifiquement l’érudition et la sainteté ces dernières années. Personnalité complète et homogène, il pouvait faire coopérer le cadre institutionnel avec la créativité nègre, la rigueur théologique avec la convenance pastorale, la précision dans l’organisation avec la souplesse de l’attention et de l’amour.