Sondage de l’opinion publique sur l’élection présidentielle de 2018 au Cameroun:Après 36 ans de pouvoir, le président Biya profondément impopulaire

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Aujourd’hui, nous « Le Nkafu Policy Institute », sommes heureux de publier un sondage d’opinion scientifique à l’échelle nationale, conduit auprès des camerounais adultes, sur l’état de l’économie, les perceptions sur la gouvernance et le processus démocratique ainsi que les préférences des électeurs pour les 9 candidats à la présidence.

Cette enquête, réalisée avec le soutien du National Endowment for Democracy (NED), a permis d’interroger 2 024 camerounais adultes dans les dix régions. Les entretiens ont été réalisés dans 54 centres urbains et 25 localités rurales du 10 au 20 septembre 2018. Toutes les interviews ont été menées avant le début officiel des campagnes présidentielles. Cet échantillon représentatif a une marge d’erreur de +/- 3 %.

Les résultats révèlent un pays en chute libre. 79,1% des Camerounais pensent que l’économie se dirige dans la mauvaise direction. Le niveau de pauvreté est alarmant. Moins de 17,65% des adultes camerounais gagnent plus de 200 000 FCFA (près de 400 dollars américains) par mois. Les Camerounais sont surtout préoccupés par l’état des infrastructures dans le pays: électricité, eau, ponts, routes, voies ferrées et ports maritimes. Aujourd’hui, 90% des Camerounais estiment que l’infrastructure routière est mauvaise ou très mauvaise.

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Gouvernance:
Une grande majorité de Camerounais (82.17 %) veut que des administrateurs locaux tels que des gouverneurs soient élus par le peuple. Les Camerounais ont très peu confiance respectivement au parlement (seuls près de 16.31 % soutiennent le travail effectué par l’assemblée nationale et 14,48% celui du sénat) ; à la cour suprême (seulement 18.15 % de soutien), au gouvernement (16.93 %) ; au conseil constitutionnel (16.40 %).

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La grande majorité de Camerounais (65,04%) croit que le conflit anglophone représente actuellement la plus grande menace pour la sécurité du pays et la plupart des Camerounais ne soutiennent pas la guerre menée par gouvernement dans les régions du Nord-Ouest et de Sud-Ouest. Seulement près de 7,84 % de Camerounais soutiennent l’usage de la force tandis que 85,49 % croient que le dialogue ou la négociation devraient être les seules voies du salut.

Préférences politiques:
Il n’est point étonnant de constater que le Président en exercice, Paul Biya, est profondément impopulaire après 36 ans à la tête de l’Etat, avec seulement 29,82 % des intentions de vote

Trois candidats d’opposition sont au coude-à-coude dont Cabral Libii du parti Univers bénéficiant de 11,24 % des intentions de vote, Maurice Kamto du Mouvement de la Renaissance du Cameroun (12,65 %) et M. Joshua Osih (13,10 %) Front social-démocrate. M. Libii est en grande partie soutenu parmi les jeunes francophones où il compte près de 19,37 % de soutien parmi les camerounais de moins de 35 ans. La plus grande surprise est la pauvre performance de M. Akere Muna, bénéficiant seulement de 2,12 % des intentions de vote. Il est aujourd’hui clair que si les partis d’opposition du Cameroun sont sérieusement intéressés à remporter l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, une coalition est plus que nécessaire. Par exemple, une fusion entre M. Libii, M. Kamto et M. Osih, ou seulement deux des trois augmenterait considérablement leurs chances. On doit être surtout très inquiet de savoir que 49,65 % de Camerounais pensent à un risque de violence post-électorale.

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L’enquête, en termes très simplistes, montre une société en profonde décadence, sans orientation et très peu d’accord sur les processus les plus élémentaires. Il est à craindre que les tensions croissantes entre les communautés et les divers acteurs politiques ne dégénèrent en soulèvements populaires alors que les normes sociales continuent de s’éroder. Dans la perspective de cette élection présidentielle, il est indispensable de renforcer la participation de la communauté internationale. Il serait profondément regrettable que les élections présidentielles du 7 octobre soient une nouvelle catastrophe pour le pays. Des mesures énergiques doivent être prises pour éviter cette possibilité réelle. Nous aspirons vivement à un nouveau consensus parmi les Camerounais, à un nouveau départ.

Cordialement,

Denis

Denis A. Foretia, MD MPH MBA FACS
Co-Chair
Denis & Lenora Foretia Foundation

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