LE ROI EST NU :LA CHRONIQUE D’UNE DICTATURE AGONISANTE
Tout va désormais très mal dans le pire des mondes au Cameroun depuis que la seule chose qui nous liait encore au monde des vivants, à savoir le football, nous a échappé après le retrait de l’organisation de la CAN 2019 par la CAF.
La CAF a pris cette douloureuse décision qui humilie tout un peuple parce que « les conditions de conformité n’ont pas été respectées… il y a un écart existant entre les exigences et obligations du cahier de charges de la CAN et la réalité du terrain ». La CAF indique dans le même communiqué « avoir entendu les conclusions des membres de la mission sécurité lors de sa toute dernière visite», pour conclure que « la prochaine édition de la CAN 2019 ne peut se tenir au Cameroun ».
Ce verdict sans appel a été rendu à l’unanimité des membres du Comité Exécutif… En fait, rien de bien nouveau sous le soleil ! Rien de bien nouveau, et tous les Camerounais savent à peu près ce qui a conduit à une telle décision et qui n’est guère réjouissant pour un pays déjà confronté à un contexte politique sécuritaire des plus compliqués, le tout sur fond de tarissement des ressources financières.
Mais cet énième scandale du long règne de Paul BIYA est sans doute l’estocade qui vient de lui être portée et qui va lui être fatale, car tel un boxeur, le voilà sonné, groggy, ko debout, perdu et vivant les affres de l’enfer… Qui l’eût cru : BIYA passé « dans » l’après-BIYA de son vivant ?
Y-a-t-il pire châtiment ?
Proclamé élu à la dernière élection présidentielle du 7 octobre 2018, à plus de 70%, sans effervescence particulière sur l’ensemble du territoire, il ne sait paradoxalement plus où donner de la tête, et il n’y a qu’à voir l’embarras que lui cause la formation d’un gouvernement devant refléter la projection qu’il veut se faire dans un futur proche, et en toute logique dans une république normale… Ne parlons pas de son grand corps fragilisé par l’âge et la maladie qui réclame des soins à grands cris, mais qui ne lui seront point prodigués parce que l’homme redoute désormais l’accueil qui va lui être réservé chaque fois qu’il essaiera de sortir du pays….
To be or not to be?
Les questions existentielles ont commencé à fuser dans son esprit, et avec elles s’annonce l’heure du jugement.
Il y a un temps pour tout !
Le lion mange désormais de la paille, car féru des sciences occultes et autres arts divinatoires, l’homme aurait dû lire les signes des temps lors de la finale de la Coupe du Cameroun, sans enjeu soit-dit en passant, qu’il a présidée à son corps défendant au stade qui porte le nom de son illustre prédécesseur… Mais il semble que les forces, y compris celle de l’expérience, l’abandonnant, chaque jour progressivement, et de manière inexorable, l’esprit accuse de son côté tout aussi régulièrement des absences de forte amplitude qui ne lui garantissent plus toute sa lucidité.
Il aurait compris qu’il se passe quelque chose qui frise un complot des dieux : la finale opposait le club EDING d’Obala au club des Lions blessés de Futuni. Tout un programme en somme pour qui sait comprendre ces choses-là !
De mes lointaines connaissances des langues du terroir, je sais que EDING renvoie quelque part à l’Amour, et je ne m’y suis pas trompé moi qui me suis laissé convaincre, comme d’autres, que l’Amour triomphe de tout, comme la lumière éloigne les ténèbres, tout comme la vérité
l’emporte sur le mensonge. Et ça n’a pas loupé, EDING est venu à bout des Lions blessés. La tragédie de Paul BIYA s’est jouée sous ses yeux : les Lions blessés ont été vaincus par EDING, comme le lion fragilisé est dorénavant sevré de l’amour du peuple, et condamné à le fuir. Cette finale a révélé le vrai visage de notre monarque qui n’a que mépris pour ce peuple qui le lui rend bien depuis le retrait de l’organisation de la CAN.
Avant le début de cette finale il a été dicté et instruit aux arbitres du jour que le match ne devrait pas connaître de prolongation, charge à eux à prendre toutes dispositions nécessaires pour qu’il en soit ainsi. En d’autres termes s’il arrivait qu’à la fin du temps réglementaire le score soit nul, on devrait procéder directement aux tirs au buts sans passer par les prolongations car le lion ne supporte plus les longues cérémonies, comme tout le monde a pu le remarquer, à cause de l’âge et de la maladie, c’est un fait, mais également à cause de l’armature qui soutient ses membres inférieurs et rend pesante la démarche de l’homme…lion !
A la fin d’un match de finale de Coupe du Cameroun pour lequel des élèves et des badauds ont été payés pour donner l’impression d’une compétition très courue, on se serait attendu à voir le monarque communier avec son peuple en liesse, mais Paul BIYA et son entourage se sont engouffrés dans leurs limousines, comme dans une symphonie inachevée, roulant par la suite à tombeau ouvert dans les rues désertes de la capitale, à cause d’un besoin pressant, par peur ou les deux en même temps ?
Les parades du monarque revêtent un fond pathétique qui n’échappe à personne : dans toutes ses apparitions publiques, il s’entoure de toutes ses créatures, comme pour conjurer un sort, se disant qu’en cas de coup de force – sait-on jamais -, personne ne l’emportera au paradis, à l’image de Sadate, oubliant cependant que Moubarak a survécu, malgré tout !
Paul BIYA se méfie désormais de tout et de tous, ses collaborateurs les plus proches ayant révélé à la face du monde les pratiques qui ont cours au palais et qui font de lui un véritable chef de gang.
On a connu Ali BABA et ses 40 voleurs, il va falloir trouver un nom à la Camorra de Paul BIYA, le parrain.
Il sait que ses seconds couteaux ne voudront pas mourir seuls, comme on dit, il le sait ! Il sait également qu’il existe de nombreuses passerelles entre ces hommes-lige et l’ensemble des corps de notre haute administration, civile comme militaire. Il sait que le temps lui est compté, pour peu que les créatures décident d’entrer en coalition et de neutraliser le créateur pour ne pas avoir à subir ce qui les attend en qualité de victimes sacrificielles.
Mais en lion blessé et fragilisé, que peut-il encore faire, a-t-il encore suffisamment de forces pour livrer ce combat qui risque d’être le dernier de sa vie, et qui est d’une toute autre nature, puisqu’il s’agit de s’affronter lui-même ?
Il sait que la danse du scalp a commencé autour de lui, ou de ce qu’il en reste. En ce moment, pour tout l’or du monde personne n’aimerait être à sa place : il vit l’après-lui-même et une fois la nuit venue, pour lui qui redoute tant l’obscurité, les choses deviennent pénibles, insupportables, parce que c’est à ce moment-là que le diable rôde, cherchant qui dévorer, que la maladie « attaque » pour mieux s’incruster dans un corps fragilisé, le tout dans un palais glacial où les âmes en peine encastrées dans les hautes colonnes du château se libèrent pour entonner un chant guerrier et crier vengeance pour tout le sang versé sous le règne de Paul BIYA, fils de MVONDO !
Mais comment un tel homme, cet homme au leadership dormant, a-t-il pu dominer pendant tout ce temps un peuple aussi vaillant que le nôtre ?
Comment s’est-il maintenu aussi longtemps au sommet de l’Etat d’un pays qui compte tant d’illustres fils et filles ?
Ce n’est sûrement pas en travaillant d’arrache-pied, ça se saurait ! Comment ne pas pencher pour un envoûtement collectif lorsque, dans un pays de football, le retrait de l’organisation de la CAN laisse tout le monde de marbre ? Toutes ces sommes, chiffrées en centaines de milliards, englouties dans les poches d’individus parfaitement identifiés qui continuent de vaquer à leurs occupations, alors que le pays sombre un peu plus dans le chaos en total décalage avec son énorme potentiel, avec un président qui s’autorise à passer la moitié de l’année entre la Suisse (son vrai pays) et Mvomeka, son village, dépensant au passage 65 millions de dollars par an en déplacements alors que la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Nous en sommes arrivés à nous interroger avec Etienne de la Boétie pour : « …seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent… »
Il faut donc se pencher sur l’homme et son système pour mieux comprendre les choses.
Et lorsque son illustre prédécesseur, le président Ahmadou AHIDJO, déclarait en son temps, en parlant de
Paul BIYA : « je le connaissais faible, mais pas fourbe et hypocrite. », en toute bonne foi, il le découvrait. En réalité dans votre être profond, Monsieur BIYA, vous êtes né fourbe, manipulateur à souhait et sans parole ; bref un homme en qui on ne peut pas faire confiance.
Au fil du temps, cet homme qui n’aime pas sa propre voix, a pris goût à la puissance et a concentré sur lui tous les pouvoirs qu’il exerce de façon absolue sans qu’aucune loi ou institution ne le limite dans le temps. Il a su créer et mettre en place les mécanismes de dévolution du pouvoir pour se succéder à lui-même tant qu’il le voudra, se souciant des institutions républicaines comme d’une guigne.
Il se montrera le parfait contre-exemple à la signification de l’humanité, de la société, des droits fondamentaux du citoyen, de la démocratie et de la civilisation, et ce qui l’a aidé à assurer sa survie par des processus d’adaptation successives en initiant la création d’un ‘’Etat-ailleurs’’, c’est bien le maintien du contrôle sur les élites, toutes catégories confondues. Il a instauré une gouvernance de la neutralisation qui est un jeu à somme nulle consistant à neutraliser toute velléité d’émergence d’une figure incarnant l’idée de succession, même au sein de sa propre famille politique.
Son régime a détruit l’âme des Camerounais jadis dignes, fiers et courageux, alors que celui, dictatorial de son prédécesseur n’a pas réussi à aliéner l’esprit des populations. En effet, malgré l’absence des libertés publiques, la mystique de l’unité nationale, si chère à Ahmadou AHIDJO, avait commencé à poser les bases d’une conscience nationale et le renforcement de la fierté d’être Camerounais.
Mais cette dynamique a été cassée pour être remplacée par l’exacerbation du tribalisme et l’érection de l’incompétence au sommet de l’Etat, toutes choses faisant du Cameroun un pays à la dérive et qui sombre chaque jour davantage dans une décadence innommable avec des populations maintenues dans une abyssale indigence.
Paul BIYA a inauguré une méthode inédite de gestion des affaires de l’Etat qui combine le gouvernement par l’abandon et l’inertie, l’indifférence et l’immobilisme, la négligence et la brutalité, avec une systématisation de formes outrancières de la prédation, comme vient de l’illustrer le scandale de la CAN 2019 qui n’a pas encore livré tous ses secrets.
Et à ce propos, que dire du silence coupable de nos magistrats si prompts à s’auto-saisir pour de fallacieux prétextes d’outrage à Chef d’Etat ! Silence tout aussi éloquent est celui des responsables chargés de la lutte contre la corruption, à croire que la saison de la chasse n’est pas encore ouverte.
Même le combat politique a changé de nature sous Paul BIYA, il n’est plus affaire d’idéologie, mais lutte pour l’accès aux gisements de la corruption, devenue un système de redistribution sociale et facteur structurant des inégalités entre régions et tribus.
Ce système parasitaire de prébendiers est dominé par des éléments issus de la haute administration, de l’armée, des sociétés parapubliques, du milieu des affaires, des élites politico-traditionnelles, de multiples réseaux occultes et de quelques complicités au sein de l’Eglise.
Et le constat est amer ! La rigueur, l’organisation et autre compétence – devenue un délit – ont laissé place au charlatanisme, au bluff, à l’approximation, à l’anarchie et à la médiocrité à tous les niveaux et dans tous les domaines, avec ces hauts fonctionnaires devenus des fardeaux excessifs pour l’Etat qu’ils sucent, tels des vampires, jusqu’à plus soif.
Du haut de son trône, le prince qui est l’organisateur en chef du jeu saura faire bon usage de l’arme de l’instrumentalisation politique. En divisant pour mieux régner, il instrumentalise la loyauté, la justice, la légalité, le patriotisme. Il arrive à dresser ses partisans les uns contre les autres de façon à faire des uns ses espions auprès des autres. Ainsi, le système s’autocontrôle et s’autorégule.
Il méprise son peuple et le divise en opposant les tribus les unes contre les autres. Il faut comprendre qu’il se dit intérieurement : « Moi ou le chaos ! », mais la réalité des faits dit de lui : « Moi et le chaos ! ». Dans son système, la pratique du mensonge, la vénalité, le goût du pouvoir et de la puissance ont engendré à tous les niveaux, des milliers de petits ‘’ BIYA ‘’ qui se partagent les avantages, reproduisent le comportement du chef et comptent s’en inspirer pour pérenniser le même système.
Pour continuer d’avoir la mainmise sur les institutions libéralisées, Paul BIYA a instauré le régime de la tolérance administrative qui permet aux organisations et aux médias de fonctionner sans licence et donc, d’être susceptibles de fermeture en cas de « dérapage » … du vice, encor du vice, toujours du vice et rien que du vice !
Aussi, il pousse les cadres à la faute ou les opérateurs économiques à l’incivisme fiscal à travers un laisser-aller, ce qui lui permet de faire planer la justice sur la tête de tout « récalcitrant » comme une épée de Damoclès. Surtout, il instrumentalise l’histoire (néo)coloniale et active le sentiment antioccidental à chaque fois que la communauté internationale effectue la moindre « ingérence » dans son marigot.
Dans son insouciance légendaire, Paul BIYA a même réussi à sortir de l’idée centrale de sa mythologie politique, à savoir la paix, en se comportant en chef de guerre, par décret, parce qu’éloigné du théâtre des opérations, en qualité de roi-fainéant, roi méprisant !
Alors que tout le monde appelle à un dialogue inclusif dans l’urgence, comme amorce dans la résolution de la crise anglophone, on dit dans son camp, en toute irresponsabilité que le dialogue a déjà eu lieu. Et cette rigidité est la marque de fabrique de ce régime : on ne dialogue pas, on fait ce qu’on sait faire le mieux, on réprime !
Pour désamorcer cette bombe identitaire qui replacerait le problème anglophone sur un terrain purement politique en redonnant du souffle aux voies modérées, il faudrait modifier les termes du débat en identifiant le principal obstacle à l’ouverture du dialogue.
Et pour l’ensemble des observateurs le principal obstacle à l’ouverture de ce dialogue est de manière indiscutable Paul BIYA himself. Son image de garant de la stabilité du pays et de la cohésion nationale s’est totalement effritée.
Et Dieu seul sait ce que nous coûte cette crise dans les deux régions du Sud-ouest et du Nord-ouest :
Depuis novembre 2016, 30.000 personnes environ ont fui leur domicile, plus de 400 personnes ont perdu la vie, on compte 300.000 personnes réfugiées et en situation de crise humanitaire, et 25.000 personnes réfugiées au Nigéria voisin : un véritable génocide à huis clos qu’il faudra assumer un jour !
En guise de réponse, et à l’indignation générale, Paul BIYA fera entrer dans son gouvernement deux personnalités controversées :
– Madame Pauline NALOVA LYONGA EGBE, au poste de ministre des Enseignements Secondaires, celle-là même qui avait fait appel à la police et à la gendarmerie, du temps où elle était Rectrice de l’Université de Buea, pour mater les étudiants en grève (adieu les franchises universitaires) ;
– Monsieur Paul ATANGA NJI, qu’on ne présente plus, au poste de ministre de l’Administration Territoriale,
Si ce n’est pas de la provocation, ça y ressemble !
Sur le plan économique, des données plus détaillées sont désormais disponibles dans un rapport du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) daté de juillet 2018. Au plan macroéconomique, ce document révèle que plus de 269 milliards Fcfa de chiffre d’affaires se sont envolés et l’on enregistre 2,153 milliards Fcfa de pertes suite à la destruction de biens immobiliers, de matériels roulants et meubles. Dans le même temps, 8000 emplois relevant du secteur formel sont menacés, tandis que 6434 emplois sont déjà définitivement perdus sur les sites en arrêt de production des agro-industries.
Ces données catastrophiques résultent de plusieurs facteurs : les opérations « villes mortes », l’interruption du signal d’internet décidé en janvier 2017 et qui aura duré trois mois, les attaques ciblées contre les structures économiques, ainsi que les menaces, enlèvements, rackets et assassinats des employés et responsables d’entreprises.
Le Gicam pointe également un doigt accusateur sur les décisions contre-productives prises par des autorités administratives, notamment la pose de scellés sur certains commerces. Des « actions qui relèvent d’un excès de zèle et même d’un abus d’autorité » puisqu’elles ne reposent sur aucune démarche logique selon le Gicam.
le Gicam demande un renforcement du dispositif sécuritaire autour des principales zones de production et des convois de livraison en direction ou en provenance des zones affectées ; l’organisation du soutien des unités de production encore opérationnelles sur le terrain à travers des facilités de financement ou encore un accès prioritaire lors des opérations de remboursement de la dette intérieure et des crédits de taxe à valeur ajoutée ; la réduction des répercussions sur l’ensemble de l’économie en accélérant le remboursement de la dette intérieure de l’Etat due aux Pme, en autorisant des importations spéciales de matières premières, en veillant à ce que la Loi de Finances 2019 n’introduise pas de contraintes et de pressions fiscales supplémentaires pour les entreprises ; le relèvement post-crise des deux régions en mettant en place un véritable « plan Marshall ». Evidemment aucune réaction du prince n’a été notée à ce jour !
Paul BIYA est donc à tous points de vue le caillou dans la chaussure du Cameroun, et chaque jour qui passe déverse son lot de scandales dus à l’incompétence et au système d’impunité, toutes choses qui nous rapprochent du précipice.
Le pays tangue tel un bateau ivre, et les actes et décisions attendus du Président tardent à venir ou lorsqu’il y a un signal, il est hors-sujet ou en total décalage avec la réalité et le contexte.
Paul BIYA est peut-être le meilleur élève auto-proclamé de François MITTERRAND, mais il faut reconnaître qu’il est le parfait cancre de la classe de Maurice KAMTO. Ce dernier a indiqué dans un discours riche en propositions les différentes pistes pour sortir de cette crise dans les régions anglophones, et l’homme à la force de l’expérience s’est contenté de piquer, comme tous les mauvais élèves, une mesure pour aller vite, mais mal lui en a pris, il a tout faux !
En effet, le 30 novembre 2018 il a signé un décret (N° 2018/719) portant création du Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration (DDR) que ses courtisans se sont empressés de vanter comme la trouvaille du siècle, oubliant que ce processus est d’une complexité qui présente de nombreux risques et qui requiert quelques préalables en l’absence desquels tout est nul et à la limite dangereux.
Et c’est l’occasion de démontrer la légèreté du pouvoir de Paul BIYA qui se contente de gadgets et d’incantations, en parfait adepte du vaudou.
Le DDR d’ex-combattants, on le sait, occupe une place importante dans les opérations de maintien de la paix dans le monde depuis 1989, et c’est un outil favorable pour garantir la continuité entre la cessation des hostilités, le maintien, la consolidation de la paix et le développement durable d’un Etat donné.
Le DDR ne constitue cependant pas une panacée à l’instabilité. Il n’est pas conçu pour répondre directement à de nombreux facteurs de conflits, tels que les déséquilibres des pouvoirs politique et économique qui alimentent les griefs, les trafics illégaux qui motivent ou habilitent les acteurs violents, ou les faiblesses en matière de gouvernance qui font la tentation des trublions et incitent les communautés à recourir à l’auto-défense.
Un processus DDR mal maîtrisé peut être source d’insécurité de deux types au moins :
– La micro-insécurité définie comme la crainte pour l’individu d’être victime de crime ;
– La macro-insécurité qui est la crainte que le gouvernement soit renversé par une insurrection
Et ce processus, nous l’avons dit, requiert des préalables, notamment : cessation des hostilités et une volonté politique de toutes les parties au conflit, la nécessité d’inclure la démobilisation dans un processus plus large de réconciliation nationale, un cadre institutionnel consensuel pour la mise en œuvre des programmes DDR, un désarmement minutieux des combattants à démobiliser, la coordination des activités de DDR, la prise en compte des caractéristiques individuelles des ex-combattants, l’aide à la réinsertion des ex-combattants.
En d’autres termes et a minima un processus DDR doit trouver sa source dans un accord négocié qui prévoit : regroupement, désarmement, démobilisation des ex-combattants ainsi que la reconstruction des forces de défense et de sécurité, et c’est son application qui se traduit par la création d’un Programme National de DDR.
Il faut également savoir qu’une initiative DDR incomplète ou mal conçue (comme celle de Paul BIYA) est un facteur-clef du phénomène fréquent de la reprise des conflits.
Dans le contexte actuel du Cameroun, tous ces préalables manquent à l’appel, mais le décret qui règle tout au Cameroun de Paul BIYA est là, et dans lequel on peut lire : ‘’ Considérant l’offre de paix formulée dans le discours d’investiture du Président de la République du 6 novembre 2018…’’ Autrement dit le discours de Paul BIYA tient lieu à la fois de dialogue et d’accord négocié : Peut-on faire mieux dans le registre de l’irresponsabilité et de l’absence ? Et cerise sur le gâteau, celui appelé à présider aux destinées de ce Comité est : je vous le donne en mille, Francis FAÏ YENGO.
De qui se moque-t-on ? Non seulement, l’individu sur qui pèsent des soupçons de détournement ne peut pas être l’homme de la situation pour la raison évoquée, mais en plus la maîtrise d’un tel processus lui échappe complètement.
N’ayons pas peur de dire que le processus DDR de Paul BIYA est mort-né ! Mais franchement, on n’est plus à une bêtise près… Nous sommes coutumiers des errances, de ce régime où tout est grand, où la logique est la chose la moins bien partagée.
C’est bien avec ces gens-là qu’on est passé des Grandes Ambitions aux Grandes Réalisations pour aboutir aux Grandes Opportunités, alors que dans la logique la plus élémentaire les ambitions s’accompagnent d’une extrême vigilance qui permet de saisir toute opportunité que la rage de vaincre transformera en réalisation. Mais dans l’univers de Paul BIYA où décrets et très hautes instructions se côtoient, tout reste au stade des vœux pieux et des slogans creux qui finissent avec leur promoteur dans les poubelles de l’Histoire… et pour le roi-fainéant désormais nu, voici venu le temps des Grands Malheurs… sur Très Hautes Décisions du Créateur de toutes choses.
Monsieur BIYA, je suis sûr que par moments vous vous demandez ce que l’Histoire pourra retenir de vous. On va vous le dire en des mots simples : vous êtes médiocre, et vous ne vous maintenez pas au pouvoir par votre intelligence, ou votre intégrité, encore moins par votre capacité à comprendre ce que vous faites.
Votre médiocrité est telle que votre main gauche ne sait plus ce que fait votre main droite (il vous est arrivé de promouvoir des morts à des postes de responsabilité).
Vous vous maintenez au pouvoir contre la volonté du peuple, vous n’avez aucune légitimité, légitimité démocratique comprise comme consentement à l’autorité.
Votre arrogance n’a d’égale que votre mépris.
L’Histoire retiendra donc qu’un aventurier cynique a succédé à Ahmadou AHIDJO et a eu un long règne. Votre nom n’y sera même pas mentionné ! Tenez-le-vous pour dit !
L’impérieux devoir de chaque Camerounais est de sauver le pays, par tous moyens nécessaires, du naufrage auquel vous semblez croire qu’il est condamné.
Vous n’êtes plus l’homme de la situation, car vous êtes constamment préoccupé par autre chose que la gestion de la République…
vous avez un problème de choix d’hommes qui ne vous cachent même plus leur nature vicieuse – à l’image du créateur -, et vous les regardez piller le Trésor public, sans mot dire en votre qualité de parrain !
Dans tous les cas, vous aurez trompé le peuple tout le temps et le dernier acte en date, c’est bien la confidence d’AHMAD AHMAD que vous n’avez pas voulu partager, de peur d’être vomi, alors que cela n’aurait rien changé puisque les acteurs aux commandes des institutions aux ordres connaissaient par cœur la consigne de vous maintenir coûte que vaille à la tête de l’Etat pour le plus grand bien de la confrérie.
Mais nous allons obtenir votre départ, que dis-je, votre dégagement, et c’est pour très bientôt, en tout cas le mieux serait que cela se fasse avant ce que préparent vos collaborateurs, hier serviles, qui se livrent une bataille sans merci pour vous écarter et vous succéder, en vous exposant. Vous serez seul, et puis d’ailleurs le roi est nu !
Avec le lot des révélations du CANGATE qui se succèdent, le moteur qui faisait tourner la dictature est en panne… votre gang va imploser et vous serez privé des munitions pour vos multiples caprices. Vous êtes comme un général qui n’a plus accès à son arsenal…
Alors, abdiquez. Monsieur Biya rendez votre tablier ! Cela va abréger les souffrances du peuple et écourter l’agonie de votre régime.
Sachant que les puissances étrangères s’employaient à vous déloger de votre Palais d’Etoudi, vous venez précipitamment de décider de libérer près de 289 anglophones de vos prisons.
Ce n’est qu’un début. Je ne vous dirais jamais, Monsieur le Président, hâtez-vous de mourir, mais souvenez-vous bien de ce que je vous ai dit en son temps : cette guerre vous ne le gagnerez jamais. …
Yondo Mandengue Bkc Avocat au Barreau Du Cameroun
Ancien Bâtonnier de l’ordre
Président du Mouvement Social pour la Nouvelle Démocratie
M.S.N.D