CAMEROUN : LE SYSTÈME JUDICIAIRE AU COEUR DU DÉSASTRE
Ce n’est pas tous les jours que l’actualité judiciaire tient les Camerounais en haleine, en dehors des circonstances électorales, où des intérêts en lien direct avec les pouvoirs exécutif et législatif sont en jeu; ou encore lorsque de grosses proies de l’opération épervier sont happées par le rapace.
Les dysfonctionnements multiples du système judiciaire, ses failles et ses défaillances, ont rarement polarisé l’attention du grand public.
Et pourtant… C’est bien dans ce gros fruit, pouls par excellence de l’État de droit, miroir de toute société humaine, que s’est longtemps caché le ver.
Le virus, devrais-je dire, par lequel la société camerounaise est aujourd’hui en déflagration au plan sociopolitique et sécuritaire, relativement à la crise anglophone et à l’actualité en milieu carcéral.
En effet, la crise anglophone, au-delà de son glissement sur le terrain politique, est partie d’une manifestation pacifique des AVOCATS d’expression anglaise à Bamenda, en novembre 2016.
Ces derniers avaient posé sur la table, une série de revendications, dont les préoccupations dataient d’environ vingt ans pour certaines. On peut souligner à titre d’exemples, la traduction en langue anglaise – l’une des deux langues officielles du Cameroun avec le Français – des actes uniformes de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), instrument juridique ratifié par le Cameroun le 20 octobre 1995, avant son entrée en vigueur le 3 décembre 1996; le code de la Conférence Internationale des Marchés d’Assurance (CIMA) etc.
Fidèle à son laxisme – l’une des pathologies du Renouveau national – le régime de Yaoundé, à travers le Ministère de la Justice, n’a assurément pas anticipé sur le soulèvement des avocats anglophones.
Une lacune préjudiciable qui, conjuguée à la répression des Forces du maintien de l’ordre, aura pour effet domino, l’entrée en scène dévastatrice des enseignants, des étudiants et des séparatistes du Cameroun occidental.
La batterie des réponses apportées aux revendications corporatistes n’y changera rien. La suite, tout le monde la connait. On a vu venir le danger, mais rien, ni personne, n’a pu l’empêcher.
Pareil pour la mutinerie de Kondengui. Selon les témoignages concordants, le système judiciaire est au banc des accusés.
Entre “discrimination, lenteur, interpellations et détentions arbitraires, politisation des procédures et des procès, corruption des magistrats, justice à géométrie variable et promiscuité carcérale”…La coupe est loin d’être pleine.
Là encore, ne serait-ce que sur le dernier point, on a vu venir le tir, mais aucune réponse concrète n’a été apportée.
Pourtant ce n’est pas aujourd’hui que des voix s’élèvent tous azimut pour dénoncer la surpopulation des maisons d’arrêt de Kondengui à Yaoundé et New-Bell à Douala, deux prisons, qui symbolisent un véritable enfer en terre camerounaise.
Par, NJIKI FANDONO
QUE DIEU VEILLE SUR LE CAMEROUN.