Boris Bertolt: LETTRE AUX BOULOU: SORTEZ DE LA CULTURE DE L’IMPUNITÉ ET LA FABRIQUE DE LA HAINE
Chers frères,
Pour la première fois, je me lève avec beaucoup de gêne mais également une peur bleue. La peur de l’avenir qui n’est pas reluisant pour ce pays perdu qu’est le Cameroun.
Je vous raconte d’abord cette anecdote. J’ai une amie BAMOUN qui m’est très proche et très chère. Nous discutons beaucoup de tout et ces derniers mois un peu plus de politique. Hier au cours de nos échanges pour la première fois j’ai ressenti de la colère contre les Bulu. À un moment elle m’a dit “ ce ne sont pas tes frères Boris, ce sont des criminels”. Je sais qu’elle ne parlait pas de tous les Bulu mais des casseurs et ceux qui ont tabassé les étrangers. Mais j’ai eu honte.
J’ai eu honte parce que je sais également que ces propos sont actuellement partagés par beaucoup de camerounais et surtout les BAMOUN, les HAOUSSA et les BAMILEKE dont les biens ont été saccagés, leurs enfants sauvagement tabassés. Mais bon Dieu, il s’agit quand même des groupes extrêmement puissants dans ce pays. Avez vous mesuré les conséquences si un temps soit peu ils étaient habités par un désir de vengeance.
J’espère que ces personnes victimes de cette sauvagerie à Sangmelima trouveront en eux le courage de pardonner. Car j’ai toujours été convaincu que l’amour et le bien triomphent toujours sur le mal.
Mais il y a des vérités à dire et qui désormais doivent être dites. Pendant 37 ans dans ce pays, les élites Bulu prédatrices ont fait croire aux enfants Bulu que le pays leur appartenait depuis l’arrivée au Paul Biya au pouvoir comme si le Cameroun avait été créé en 1982. Que la politique, l’administration, l’armée c’était pour les Bulu-Beti et les autres groupes devaient se contenter de les suivre ou de faire du commerce ou l’élevage. Les Bamileke c’est le commerce et les “ nordistes “ ce sont des moutons. Tels sont les représentations que vous avez travaillé à inculquer aux jeunes depuis 37 ans.
Tous ces jeunes qui couraient dans les rues de Sangmelima malgré la présence de certains gendarmes armés. Ces jeunes qui sont allés devant le commissariat et la gendarmerie pour demander la libération des premières personnes arrêtées aux premières heures des violences avaient le sentiment d’être des intouchables. Ils se disaient que non seulement ils sont chez eux mais que l’Etat c’est eux. Car ce sont “ leurs grands frères “ qui sont au pouvoir. Rien ne va leur arriver. Aux élites Bulu vous avez créé la CULTURE DE L’IMPUNITÉ chez une bonne partie des Bulu.
Oh que dire de ces nouveaux champions de la suprématie des Bulu. Ah non des Beti – Bulu. Que dirais-Je Des Ekang. Ceux là qui pensent être nés pour gouverner. “ Après Biya, c’est Biya” disent-ils dans une bêtise pleine d’arrogance. Ils sont allés jusqu’à établir le passeport entre vrai BOULOU c’est à dire pour eux les BOULOU de souche et les faux BOULOU c’est à dire les BOULOU métissés ou ceux qui sont nés à Sangmelima et ont des parents originaires d’ailleurs.
Vous idéologues du supremacisme BOULOU qui d’entre vous a choisi de naître où il est né. Qui? Dites moi dites nous? Savez vous qu’au Cameroun à l’exception des pygmées, tous les autres peuples sont issus des migrations et leur implantation actuelle a principalement été stabilisée par la colonisation? Non .
Vous distillez votre ignorance à une jeunesse BOULOU déjà paupérisée et sans emploi. Vous avez construit quotidiennement la haine qui s’est matérialisée à Sangmelima. Ces charlatans diront qu’ils répondent aux extrémistes d’ailleurs, mais les faits montrent que ce sont les BOULOU qui ont été les premiers à tabasser, à tuer et à saccager les biens des autres. Oui ce sont les faits. Cela ne s’est passé nulle part que chez les Boulou.
Félicitons au passage VISION 4 pour son excellent travail de construction du sentiment anti Bamileke pendant deux ans. Charles NDONGO et la CRTV qui ont déroulé le tapis rouge à des gens qui appellent tous les jours à chasser les allogènes. Ouf ces ministres et personnalités de la République qui affichent leurs amitiés avec des gens qui martèlent tous les jours, que certains de leurs frères sont des “ porcs”. Sentez vous tous salués.
Mais dites moi, avez vous pensé à ce que les autres ressentent quand vous les méprisez, les insultez, vous les animalisez, vous leur dites qu’ils sont vos éternels serviteurs? Non. Au contraire, vous dites aux jeunes BOULOU que vous leur réservez le sort du Rwanda. Et c’est comme cela que ces jeunes sont sortis avec les bâtons et machettes contre HAOUSSA, les Bamileke et les BAMOUN. C’est ce qu’on appelle la FABRIQUE DE LA HAINE.
Voilà le puzzle idéologique dans lequel la jeunesse Boulou est incarcérée. Une jeunesse qui est aussi pauvre que tous les autres jeunes du Cameroun. Au lieu de les préparer à se battre pour un meilleur avenir, vous les préparer à tuer pour un pouvoir qu’ils ne connaissent pas et dont ils n’ont rien bénéficié.
Les élites BOULOU vous devez avoir honte. Allez demander pardon à Sangmelima et dédommagez tous ces gens qui ont perdu leurs biens. C’est la moindre des choses.
Aux extrémistes Ekang vous êtes simplement des incultes. Cependant ayez l’honnêteté de dire aux jeunes BOULOU ce qui s’est passé au Rwanda et ce qui est arrivé à ceux qui se croyaient être supérieurs. Les jeunes BOULOU ont au moins droit à la vérité.
Aux BOULOU responsables et modérés, votre silence vous rend tout aussi coupables. Ne dites surtout pas demain que vous ne saviez pas. Car la bêtise des idiots triomphe toujours à cause du silence des bons et des personnes intelligentes.
Source-Facebook: BORIS BERTOLT