Double scrutin du 9 février 2020 au Cameroun : la vérité cachée au grand public et au peuple camerounais

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Le droit de vote n’a jamais été, n’est pas, et ne sera jamais synonyme d’une obligation de participer à une mascarade électorale.

Oui, dans un contexte réellement démocratique et de paix sociale, la politique de la chaise vide n’est pas constructive pour le progrès de la nation. Mais force est de constater qu’il ne s’agira pas d’une élection le moindrement démocratique le 9 février prochain au Cameroun, mais plutôt d’une supercherie électorale, d’une véritable parodie d’élection aux résultats déjà fixés depuis la période préélectorale, et mises en œuvre dans un processus électoral biaisé, partial, partisan, injuste et complétement antidémocratique.

En plus de ce déficit criard de tout aspect démocratique dans cette entreprise «électorale» en cours, la paix sociale n’est pas au rendez-vous au Cameroun en ce moment, puisque le génocide Anglophone en cours prive nos compatriotes résidents des deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO) de toute participation sur quelque forme que ce soit à une quelconque élection, en ce temps de guerre civile.

Par conséquent, toute participation à un tel exercice de filouterie politique déguisé en élection est un grave crime contre la République. Il est de notoriété publique et mondiale que participer à une mascarade électorale n’a jamais rien donné ni au pays, ni à son peuple.

Plus concrètement, au-delà de toutes les bravades, de toute l’exaltation publique d’un  patriotisme de circonstance et de la profession de  foi quant à leur conviction de participer au double scrutin du 9 février prochain pour « battre le parti au pouvoir» et effectuer le changement que recherche le peuple camerounais, les partis politiques de l’opposition camerounaise qui ont accepté de collaborer avec le régime en place pour  l’accompagner à ce scrutin à polémique mentent  au peuple Camerounais.

Cette opposition collabo  sait très bien que  «  l’élection législative »  portera en réalité seulement et uniquement sur 46 députés sur les 180 que compte l’assemblée nationale du Cameroun, le Rassemblement Démocratique du Peuple  Camerounais (RDPC)  de Paul Barthélemy Biya s’étant déjà irréversiblement auto-attribué les 134 députés restant, par la fraude préélectorale. Voici comment cette fraude préélectorale a été réalisée par le régime en place :

Durant la période de constitution des dossiers de candidature et du  dépôt des listes des candidats de chaque parti politique à ces élections,  période anormalement écourtée à dessein dans le code électoral taillé à la mesure du dictateur, son régime a utilisé un stratagème de tricherie préélectorale inédit; Ce stratagème consista à ce que les sous-préfet, les préfets et maires qui sont presque tous militants du RDPC, les seuls ayant le pouvoir de signer les pièces administratives requises pour se porter candidat aux élections au Cameroun fuirent  de leurs bureaux respectifs durant toute cette petite fenêtre de temps crucial de candidature, afin de ne pas signer les pièces  exigées dans le dossier de candidature des postulants des partis d’opposition. Pendant ce même temps, un circuit administratif parallèle était mis en place pour délivrer en cachette et sans entraves ces mêmes pièces requises à chaque postulant du parti au pouvoir.

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De plus, il est établi de façon concordante et irréfutable que des dossiers incomplets ou retardataires des candidats du parti au pouvoir auraient été acceptés par l’organe électoral, ÉLECAM  ( Voir les témoignages concordants  des candidats déclarés et validés par ÉLECAM, des circonscriptions électorales du NOSO qui se sont désistés de toute participation à cette élection en révélant qu’ils n’ont jamais ni constitué, ni déposé un quelconque dossier à ELECAM pour être candidats à cette mascarade électorale).

 Ainsi, victime des tracasseries administratives sciemment initiées et délibérément entretenues par le régime en place, toute l’opposition camerounaise  confondue n’a pu réunir les candidatures complètes acceptées par ÉLECAM que pour 46 postes de député sur les 180 à pourvoir. Ce déficit de l’opposition contraste avec le RDPC qui est en compétition pour la totalité de180 députés que compte l’assemblé Nationale.  C’est ainsi le comment et le pourquoi  la compétition à l’élection législative se portera seulement  et uniquement sur 46 poste de députés, pendant que le parti au pouvoir, le RDPC s’est déjà arrogé d’avance les 134 restants. Ceci est tout sauf une compétition démocratiques, n’en déplaise aux affidés du régime de Yaoundé.

Pour preuve, les informations contenues dans la publication officielle des candidatures par Élection Cameroun (ÉLECAM) confirment qu’effectivement, le RDPC est le seul candidat, c’est-à-dire sans opposition le jour d’élection du 9 février prochain pour 134 députés et que toute l’opposition réunie se battra contre le RDPC seulement pour 46  députés sur les 180 que compte l’assemblée nationale du Cameroun. Il est fort à parier que les fraudes subséquentes du RDPC  le jour des élections et après les élections lui permettront d’ajouter un nombre substantiel de  députés additionnels à ses 134 déjà acquis par la fraude préélectorale.

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Ce déficit criard du nombre de candidats de l’opposition à ces «élections» n’est pas le résultat d’une incompétence, d’une négligence ou d’un quelconque manquement de la part de toute l’opposition tel qu’allégué par roublardise par les thuriféraires du régime Biya, mais est plutôt la conséquence  du refus délibéré et organisé des autorités administratives du Régime Biya, de délivrer les pièces administratives requises aux candidats de l’opposition.

Par conséquent, dans la nouvelle Assemblée Nationales issue de ce double scrutin, tous les partis d’opposition réunis du Cameroun auront au plus 46 députés et le RDPC, parti au pouvoir aura au moins 134 députés.

Au Cameroun, comme c’est le cas ailleurs dans le monde, les lois de la République seront évidemment adoptées par vote à l’assemblée nationale. Comment l’opposition qui aura au plus 46 députés pourrait-elle gagner quoi que ce soit pour les changements démocratiques dont aspire le peuple Camerounais, face au refus d’au moins 134 députés de Paul Biya ? D’où la vérité cachée de l’opposition qui ment au peuple Camerounais quant à leur mission (imaginaire) d’aller voter le 9 février prochain pour le changement. Tout vote le 9 février prochain sera un vote pour valider les fraudes électorales du régime de Paul Biya et ce faisant, légitimera le statut quo insupportable actuel.

Cette vérité indiscutable et vérifiable est scrupuleusement cachée au public camerounais et du reste du monde, par les «partis d’opposition», par le régime Biya et par l’élite prédatrice qui tel un parasite vit au crochet du régime en place.

Ainsi, le mythe de ces partis « d’opposition » montant en bloc au front de ce double scrutin pour se battre pour le peuple n’est qu’un leurre mensonger pour accéder à la mangeoire et améliorer les conditions de vie d’une poignée de membres de ces « partis d’opposition » qui participent chacun à cette mascarade électorale uniquement pour leur ventre personnel et individuel, et non pour servir le peuple camerounais.

Ce faisant, cette « opposition » ment à la population, entretient le maintien du statut Quo ambiant, et trahit la volonté générale et populaire de changement de ce régime néocolonial animé en ce moment par monsieur Paul Barthélemy Biya, mais, régime en place au Cameroun depuis 1955.

Au lieu de continuer à collaborer et légitimer les fraudes électorales récurrentes qui maintiennent ce régime incompétent, paresseux, hideux, inepte et crapuleux de monsieur Biya au pouvoir, les partis d’opposition devront plutôt boycotter cette farce électorale et travailler ensemble pour forcer une révision en profondeur, la refonte du processus électoral du pays. Seul un processus électoral transparent, juste, équitable, traçable et consensuel  permettra à notre pays d’organiser des vraies élections compétitives, qui seules permettent de sélectionner les meilleurs compatriotes pour présider à la destinée de notre pays.

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Le plus grave de tous est la présente situation de guerre civile et de génocide  dont sont victimes nos compatriotes du NOSO. Est-il normal de mener des élections dans le reste du Pays, en absence de nos frères et sœurs Anglophones qui se cachent dans les forêts et en exil, pour sauver leur vies de la guerre et du génocide que leur déclarés le régime de Paul Barthélemy Biya? Leurs maisons sont brûlées, leurs  villages sont rasés, leurs infrastructures de base détruites. Sans régler la crise en cour dans cette région en ce moment, comment est-il possible d’y organiser ou participer à une élection?

En conclusion, au regard de tout ce qui précède :

  1. Le double scrutin du 9 février prochain sera de nul effet sur les changements démocratiques qu’attendent et recherchent  les Camerounais, car le RDPC au pouvoir  s’est déjà assuré par la fraude préélectorale d’une majorité écrasante à l’assemblée Nationale  du Cameroun, après ce scrutin;
  • «L’opposition» sait très bien qu’elle ment aux Camerounais quant à toute possibilité réelle de challenger le RDPC à ce scrutin. Le résultat de l’élection est déjà connu d’avance : Toute l’opposition réunie  est contrainte par la fraude préélectorale du RDPC à ne servir que de caution démocratique au RDPC; Il va sans dire que l’opposition n’aura aucun poids lui permettant de changer quoi que ce soit dans le statut quo actuel;
  • Participer sous quelque forme que ce soit à cette mascarade électorale du 9 février prochain, c’est voter contre le Cameroun déjà martyrisé actuellement  par le régime RDPC qui s’est spécialisé dans :
    • La prédation multiforme des ressources de la nation
    • Le détournement des fonds empruntés à la communauté internationale sous le faux couvert des projets faramineux qui ne sont jamais réalisés, endettant ce faisant et sans contrepartie les générations futures;
    • La destruction de la cohésion nationale et du vivre ensemble jadis acquis, entre les collectivités nationales;
    • La guerre civile et le génocide de nos compatriotes Anglophones au NOSO;
    • Le sous-développement et la paupérisation galopante du peuple camerounais ;
    • Le maintien du Cameroun dans un sous-développement chronique

Le seul devoir patriotique qui s’impose à tout Camerounais qui aime vraiment son pays est de boycotter cette mascarade électorale du 9 février 2020, mettre par la suite toute la pression possible sur le régime Biya pour arracher la fin de la guerre au NOSO et la refonte du processus électoral.

Voter le 9 février prochain, c’est voter contre le Cameroun et contre le peuple camerounais.

L’histoire nous observe. À chacun sa conscience.

Que vive le Cameroun fédéral, juste, inclusif, apaisé et maître de son destin.

Michael Fogaing, Porte-parole de Diaspora pour la Modernité-Diaspora for Modernity

N.B. : 

Diaspora pour la Modernité est une organisation de la société civile de la Diaspora camerounaise, pour qui l’espoir de l’avènement de l’indépendance des institutions démocratiques les unes des autres est la pierre angulaire de son activisme politique au Cameroun. Elle est basée au Canada.

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