Michel Lobé Ewané: Les conséquences de la phrase choc de Macron à Biya.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, si Macron s’est permis une sortie aussi iconoclaste contre Paul Biya, c’est que la position française, pour une fois est alignée à celle d’autres dirigeants occidentaux. Paris, Berlin, Londres et Washington semblent pour la première fois être sur la même longueur d’onde, à propos du Cameroun et de Paul Biya.
Le dernier massacre dans le NOSO, seul, explique cette convergence de vue et de position. Il faut croire que la crise anglophone, avec cette tragégie, a atteint une nouvelle dimension dans la perception qu’elle renvoie à la communauté internationale. Et les conséquences de cette réalité ne sont pas rassurantes pour Yaoundé.
Une chose semble claire : cette guerre ne peut pas être gagnée militairement, car sur le terrain, il n’existe pas de front. L’armée camerounaise, se heurte à une réalité, pour laquelle elle n’est pas préparée, pour laquelle elle n’est pas formée et pour laquelle elle ne dispose pas d’armes, de stratégie, ni de tactique.
Elle n’a pas en face d’elle un front précis. Elle n’affronte pas une armée, ni des troupes rebelles, ni véritablement des combattants.
Mais des bandes armées, en réalité des hordes mal armées, des bandits qui le jour se fonde dans la population et la nuit font des enlèvements contre rançon et de temps en temps posent des bombes artisanales sur les itinétaires supposés des patrouilles de l’armée. L’armée est face à un front invisible, insaisisable, que même les drones et le système de renseignement le plus sophistiqué ne peut pas objectivement détecter.
Face à de telles hordes de bandes hirsutes, les bavures et “dégats collatéraux” sont nombreux et quasi inévitables. Et en fait, le véritable front auquel fait face désormais notre armée est celui de la communauté internationale, des ONG, de l’opinion publique nationale, des réseaux sociaux et de la presse nationale et internationale, qui supportent de moins en moins que des camerounais innocents, des femmes, des enfants, des bébés soient le victimes d’une guerre qui s’éternise et qui ne peut pas être gagnée.
Il ne reste au gouvernement qu’une seule voie, une seule issue. Celle que la communauté internationale appelle, celle que les Etats Unis, la France, l’Allemagne, l’ONU, l’UA, les ONG et la société civile camerounaises demandent : le dialogue encore et encore, la négociation à tous les prix. Mais cette fois un dialogue avec tout le monde. Y compris les leaders séparatistes emprisonnés. D’ailleurs on comprend bien que ce ne sera pas avec les bandes de pillards qui tiennent lieu de rebellion qu’on peut arriver à discuter. Ce sont des bandits qui ne se dévoileront probablement au grand jour.
Le Cardinal Tumi le disait encore récemment sur les antennes de Equinoxe TV : il n’y a sur le terrain aujourd’hui aucun leadership, et donc aucun leader, mais des bandits qui se nourissent de rapts et d’enlèvements.
Même les sponsors du mouvement, la diaspora camerounaise aux Etats Unis n’envoient quasiment plus, selon le Cardinal, de fonds, car ils ne savent plus qui il faut financer, en l’absence de leaders et de leadership. Et l’autre réalité est que la majorité des citoyens anglophones ne se reconnaissent pas dans ces mouvements qui sèment le chaos, ces rebelles dont ils sont les victimes.
Le Président Biya devra une nouvelle fois, cette fois encore agir sous la pression des évènements et de cette fameuse communauté internationale. Mais surtout il doit entendre la voix de plus en plus audible de ses compatriotes camerounais qui sont fatigués de cette guerre.
Il devra faire tout ce que son imagination et son expérience politique peuvent encore lui apporter pour faire et réussir la “paix des braves”. Ne rien faire ou laisser faire serait alors risquer le pire et le chaos pour notre cher et beau pays.
Source Facebook: Michel Lobé Ewané