Covid-19 : et si le remède venait de l’Afrique ?
Plusieurs pays africains dont le cameroun misent sur les plantes médicinales pour venir à bout du coronavirus. une approche aux résultats prometteurs
«c ela fait trente ans que je m’intéresse aux soins des malades à partir des plantes médicinales de la pharmacopée africaine ». Monseigneur Samuel Kleda, archevêque de Douala, semble avoir trouvé un traitement à bases de plantes naturelles, contre le nouveau coronavirus qui a déjà fait 58 morts au Cameroun, selon le bilan journalier fourni du 28 avril dernier. « J’ai mis sur pied toutes les recettes à ma disposition au service des malades de Covid-19, et ils sont soulagés, explique-t-il.
En tenant compte des symptômes des gens que l’on me présente comme ayant le coronavirus, j’applique des recettes à base de plantes et ces personnes se sentent mieux ». Témoignage de Pierre E., employé d’une banque à Douala qui, alors qu’il présentait les symptômes du Covid-19 a ensuite recouvré la santé après avoir pris le traitement proposé par l’archevêque. « J’ai été testé au Covid-19 à Douala, après avoir approché quelqu’un qui est rentré d’Italie il y a un mois et dont on dit qu’il est mort de coronavirus récemment.
J’avais des signes de la maladie tel qu’on nous l’apprend à la télévision. Alors que j’attendais mes résultats, je suis allé voir Mgr Samuel Kleda et son équipe qui m’ont proposé gratuitement un médicament. Je me sens mieux depuis deux semaines », a confié le jeunehomme à La croix Africa. L’etAt vA étudier ce « trAiteMeNt » Alors que le nombre de malades atteints du Covid-19 ne fait que grimper au Cameroun, la découverte de Mgr Kleda suscite de grands espoirs au sein de la population. Et même du gouvernement, notamment les autorités sanitaires.
Le ministre de la Santé publique va en effet explorer la piste de ce remède traditionnel. Répondant aux questions d’un internaute sur Twitter le 27 avril dernier, Dr. Manaouda Malachie a affirmé être entré en contact avec Mgr Samuel Kleda « pour qu’une équipe conduite par le Directeur de la pharmacie se déplace sur Douala pour évaluer son process et l’accompagner sur tous les plans ».
Au Cameroun, comme dans plusieurs pays du continent africain, l’on commence en effet à croire que la solution au nouveau coronavirus pourrait venir des plantes naturelles. MAdAgAscAr A soN reMède Dans cette course effrénée contrela montre, Madagascar est le premier pays à avoir officiellement adopté son remède traditionnel. Après que le président malgache Andry Rajoelina a affirmé lors d’une émission télévisée sur la chaîne nationale, que son pays a trouvé un traitement contre le nouveau coronavirus.
Les chercheurs de l’Institut Malgache de Recherche Appliquée (Imra) l’ont appelé « Covid-Organics ». Ce traitement présenté sous forme d’une tisane est « à la fois préventif et curatif ». Il est composé « d’Artemisia et de plantes médicinales malgaches », apprend-on. Dévoilé au public lundi 20 avril, le président de cette grande île qui n’a encore enregistré aucun décès lié à cette maladie, rassure quant à son efficacité sur les patients atteints de Covid-19. «
J’annonce officiellement la réussite et les bons résultats des essais de notre remède, a affirmé le président Andry Rajoelina. On peut dire qu’il a donné un résultat concluant sur les malades du Covid-19 à Madagascar et qu’il peut limiter et atténuer ses effets sur le corps humain ». cAMerouN, séNégAL, rdc… séduits Depuis l’annonce de cette trouvaille, certains pays du continent sont entrés en contact avec le chef d’Etat malgache. C’est le cas du Sénégal. D’après Dakar, le président Macky Sall a félicité son homologue de Madagascar et a commandé une cinquantaine d’échantillons.
La Guinée Bissau est également séduite par la découverte de l’île. Suite à une conversation par visioconférence avec son homologue malgache qui s’est donné le soin d’en parler sur Twitter, le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo a proposé d’approvisionner son pays et ses voisins. « Il [Umaro Sissoco Embalo] affrétera un avion pour les transporter de Madagascar », ajouté le président malgache dans son tweet.
En République Démocratique du Congo, le président Félix Tshisekedi n’a également pas caché son intérêt pour le remède malgache. Mais déjà, le successeur de Joseph Kabila recommande l’usage de la tisane antipaludéenne déjà largement pratiquée dans son pays et à l’origine du Prix Nobel de Médecine 2015, attribué à l’Irlandais William C. Campbell au Japonais Satoshi Ômura et la Chinoise Youyou Tu.
Autre pays qui semble intéressé par la potion malgache, le Cameroun. D’après des sources au ministère de la Santé publique, Dr. Manaouda Malachie aurait reçu le 28 avril dernier, « un compatriote dans le cadre d’une liaison avec Madagascar, en vue d’en savoir plus sur le produit [Covid Organics, Ndlr.] présenté comme traitement du Covid-19 ».
BurkiNA FAso et BéNiN dANs LA course Dans cette course africaine vers un traitement résolument efficace contre le coronavirus, le Burkina Faso et le Bénin ont entamé récemment un second essai clinique, dénommé API – Covid-19. Celui-ci consiste à évaluer l’efficacité clinique et virologique chez les patients atteints de la Covid-19 d’un médicament à base de plantes (phytomédicament) appelé Apivirine. Cet essai est mené par une équipe de chercheurs de l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (Irss). Ledit essai va être mené dans le site de confinement des malades du Covid-19 du CHU de Ouagadougou.
Et va durer 8 semaines, y compris 14 jours de suivi de chaque patient. L’oMs FAvorABLe à LA MédeciNe trAditioNNeLLe Mise au point par Valentin Agon au Bénin, l’Apivirine est un antirétroviral et un antiviral utilisé depuis près de 20 ans et qui présente jusqu’à ce jour un bon profil de sécurité.
Les chercheurs confirment qu’il a montré son efficacité sur plusieurs familles de virus, notamment celui du VIH/Sida, de la grippe, de la rougeole et de la poliomyélite. « Certains malades confirmés du Covid-19 ont déjà eu recours avec succès à Apivirine durant leur maladie. Ils ont tout de suite obtenu l’amélioration de leur état de santé allant de l’amendement rapide des symptômes à la négativation du test de dépistage du coronavirus après traitement », confirme un chercheur béninois.
Et d’ajouter : « nous plaçons beaucoup d’espoirs en ce médicament pour qu’il puisse être une alternative face aux insuffisances que pourraient présenter la chloroquine ». Alors que le monde attend un vaccin contre le nouveau coronavirus, certains pays africains semblent avoir déjà trouvé la solution dans la préparation de plantes médicinales et autres recettes ancestrales.
Dans un contexte où l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) appelle à la contribution de la médecine traditionnelle dans la recherche de traitements contre le Covid-19, une question est donc née : et si c’était à l’Afrique de sauver le monde ?
Par Arthur Wandji
Source: Défis Actuels – du jeudi 30 avril au 3 mai 2020