MESSAGE AU BARREAU DU CAMEROUN: Cameroun ou le royaume du brutalisme- lorsque les avocats payent le prix de leur lâcheté
Shame, shame, shame pour notre pays. Honte à la magistrature, honte à la « justice » de notre pays.Ce qui s’est passé au palais de justice de Douala Bonanjo, entre les avocats en robe et les éléments des forces de l’ordre, relève de l’inédit dans un pays dit de droit et démocratique. Faut-il en rire ou en pleurer ?
Les avocats camerounais (francophones) ont pour une large majorité opté de jouer le jeu du pouvoir dictatorial au Cameroun. Plusieurs cas d’injustice criards se sont multipliés sous l’indifférence et le silence assourdissant du barreau, « défenseurs des droits des citoyens ». Certains, à nos jours, montent encore au créneau, sur les plateaux de télévisions, pour justifier les abus du pouvoir, au motif qu’ils sont membres du RDPC.
Ils expliquent comment les lois scélérates du Cameroun sont au-dessus des traités internationaux signés par ce pouvoir. Vous avez politisé la loi que vous interprétez selon vos sensibilités politique et ethnique. Quand vos confrères sont emprisonnés pour avoir exercé leurs droits de citoyen en critiquant le pouvoir en place, vous vous cachez derrière vos doigts pour les condamner avant le jugement. C’est vous qui faites perdurer la corruption dans la justice de ce pays, en conseillant à vos clients de payer les juges, pour leurs procès. C’est d’ailleurs vous qui servez d’intermédiaire en vous servant au passage. Vous avez accepté d’être des vecteurs de la pourriture de notre justice. On n’a plus besoin d’être juriste pour exercer comme avocat au Cameroun. Pourquoi voulez-vous que le juge avec qui vous monnayez les verdicts ait des considérations à votre égard ?
Les charges retenues contre vos deux collègues en disent long. « Tentative de corruption, escroquerie, etc. ». C’est une transaction qui aurait mal tournée peut- être à cause de la gourmandise des mis en cause, qui ont voulu rouler le juge.Quand on a brutalisé vos collègues qui voulaient défendre les citoyens arrêtés pour avoir marché, pour protester contre la mauvaise gouvernance du pays, certains d’entre vous ont pris le parti du pouvoir oppresseur. Feu votre bâtonnier, paix à son âme, a durant sa mandature évité d’entrer en confrontation avec le pouvoir dont il était un des avocats. Faut-il encore vous rappeler que si vous aviez pris faits et causes pour vos confrères anglophones, lors de leurs protestations en 2016, on ne serait sans doute pas dans la situation de guerre qui prévaut aujourd’hui au NOSO?
Quand un avocat défend le droit il ne demande pas à quel parti politique appartiennent les victimes ou dans quel coin du pays ses aïeuls sont nés.Dans tous les pays du monde où il y a eu des contestations politiques ou sociales, ce sont les hommes en robe noire comme vous qui ont pris la tête des revendications des droits des citoyens.
Mes chers concitoyens, ressaisissez-vous, aidez votre pays à devenir démocratique et respectueux des droits et libertés des citoyens. Faites-en sorte que les procès se gagnent ou se perdent devant le prétoire et non dans les magouilles nocturnes.Vous pouvez faire cesser la corruption des magistrats véreux, en conseillant vos clients à ne rien donner aux juges, en dénonçant les cas connus. Un autre problème mine votre corps, le venin du tribalisme que le pouvoir a inoculé dans notre pays. La loi doit être la même pour tous.
Regardez les arrestations du 22 septembre 2020. Afin de tribaliser les revendications, 99 % des emprisonnés sont de la même région.
Pourquoi cette situation ne vous a-t-elle pas interpellés ? Vous parlez de garanties de représentation de vos deux confrères. Monsieur FOGUE Alain et Monsieur BIBOU NISSAK n’ont-ils pas ces garanties ? Quand leurs avocats ont été froissés par les gendarmes, qu’avez-vous fait qu’avez-vous dit?
Comment qualifiez-vous la situation du Pr Maurice KAMTO ? N’est-il pas aussi avocat ?Dans tous les cas les camerounais qui comptent sur vous pour leurs droits et libertés, attendent de voir votre réaction suite à cet affront, et mépris à votre encontre. Si rien n’est fait les justiciables tireront les leçons qui s’imposent.
Car si vous n’êtes pas capables de défendre vos droits, vous ne saurez prétendre défendre les leurs. Si vous encouragez la corruption de la justice, souffrez d’être traités comme de vulgaires délinquants. Heureusement qu’il y’a quand même dans ce noble corps, de nobles avocats qui avec détermination se battent chaque jour pour l’Etat de droit. Le Cameroun et les camerounais leur seront reconnaissants à jamais.Quant aux autres, le pays vous regarde!
Source: MBELA Roger, PLEG de philosophie.