PAUL BIYA DEVANT LA MORT. ENTRE DISTANCE, PEUR PANIQUE ET JONGLERIE : ESSAI DE SITUATION
Si les rituels funéraires varient d’un pays à l’autre, l’Afrique subsaharienne s’accorde sur l’importance que revêt le deuil et les cérémonies qui l’entourent. Subissant un taux de mortalité élevé dû aux conflits, aux famines, aux maladies et maintenant aux catastrophes, les populations africaines ont intégré la mort comme une constante qu’il convient de domestiquer. Mourir n’est pas disparaître mais changer de statut comme de dimension, devenir esprit, ancêtre, etc.
La dépouille ne saurait donc demeurer seule, elle doit être veillée, célébrée à la fois pour lui rendre hommage mais aussi pour affirmer le rang de son clan, son ancrage social. Par ailleurs, le deuil se mesure en fonction du rôle social du mort et la participation de chaque membre du corps social devrait se faire en fonction de la place occupée. Il revient donc à chacun de “porter le deuil” en montrant des signes extérieurs qui, dans notre contexte, sont consacrés par l’usage pour exprimer la douleur et l’affliction éprouvées. Paul BIYA, ne serait-ce que du fait de son âge, le sait pertinemment, mais n’ira pas à Bafoussam après le drame. Son rapport à la mort est des plus étranges et c’est l’objet de notre analyse. Trois attitudes peuvent aider à décrire sa relation avec cette réalité qui semble le choquer par sa bizarrerie : la distance, la peur panique, et la jonglerie.
1. BIYA, toujours loin de la mort et des morts
– Loin de la mort parce qu’il n’en parle presque jamais, se positionnant comme étant dans un idéal de bonheur individuel et une vision différente du monde où ni les dieux, ni même la mort ne sont proches de lui. Il a créé une sorte d’intervalle qui le sépare de cette fortuité inéluctable. Paul tient à distance tout ce qui touche au mourir. Par un raccourci symbolique, il oppose la mort à la vie, justifiant cette position par la permanente insulte qu’elle profère aux valeurs de l’existence, en rendant illusoire le monde du paraître, de l’avoir, du progrès, de l’individualité égocentrée. Il la perçoit comme un ennemi étranger dont on ne doit pas tenir compte, l’écartant du champ de sa pensée.
– Loin des morts parce qu’il semble ne pas aimer les macabés. Les cadavres, parce qu’inertes et privés de vie, ne lui plaisent assurément pas. Il les voit peu ou pas. La dépouille mortelle représente pour lui une absence, une chose quittée. Il éprouve un affreux désarroi pour le corps sans vie. C’est visible !
2. La peur panique : Paul le thanatophobe
La thanatophobie est une anxiété provoquée par l’exposition à un objet ou une situation liés à la mort. Elle se manifeste par des signes cliniques. Elle conduit souvent à un comportement d’évitement. Il s’agit d’une peur irraisonnée de la mort en général, de la mort de ses proches et de sa propre mort. C’est une angoisse très répandue. La plupart des personnes qui la ressentent en ont conscience. En revanche, certaines personnes préfèrent ne pas y penser voire la nier. Dans ces cas-là, la peur de la mort peut conduire à des situations pathologiques et handicapantes. Dans le cas BIYA, je crois qu’elle peut avoir été déclenchée par un événement traumatisant dans son enfance. Je me propose comme son thérapeute. La peur de la mort devient souvent pathologique et handicapante chez les personnes qui préfèrent ne pas y penser voire la nier. Ma solution sera donc d’échanger sur le sujet librement avec lui, ce qui l’aidera à considérer la mort comme réelle et faisant partie de la « vie » pour la rendre plus acceptable et en avoir moins peur.
3. Une attitude de jonglerie face à la mort
Le Président BIYA parvient bizarrement, malgré la distance et la peur, à se servir de la mort à des fins politico-stratégiques. Les nécro-rumeurs entretenues sur sa personne, le thanatonégoce inventé et peu voilé, l’anthrophagie insinuée à son sujet l’aident à construire cette forte personnalité. Il sait faire usage et nourrir la mort. Il la manipule plutôt bien, l’utilise pour contrôler, influencer la pensée, les choix, les actions. Par la mort, il oriente la perception de la réalité de ses interlocuteurs en surfant notamment sur un rapport de séduction, de suggestion, de persuasion, de soumission non volontaire ou consentie. C’est tout à son honneur. Seulement, notre Président de la République doit prendre en compte le fait que le phénomène de la mort est très proche du vivant, parce qu’il est avec lui, faisant partie intégrante du tissu humain, de son esprit, de son passé, de son présent, de son avenir et de son environnement. Il est lui aussi appelé à mourir. Autant alors prendre acte de ce qu’il doit dépasser la mort en l’assumant, en l’intégrant, en l’interprétant. C’est cela un Chef !
SourceFacebook: Brice Cardeau
L’enfant terrible de Ma’a Moni