Lettre Hommage de l’élève Monga sur la tombe de son professeur de Lycée

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J’ai eu le privilège de bénéficier de la bienveillance, du coaching, et de la protection de Marie-France Lemains Yondo Black : à l’âge de 15 ans, j’étais son élève au Lycée Technique de Douala-Bali. Comme Odile Tobner Biyidi (l’épouse du regretté Mongo Beti), Marie-France a mené le plus lumineux de tous nos combats.Elle a manifesté un amour inconditionnel pour Yondo Black, un homme qui nous a fait entrevoir bien plus que l’hypothèse de la liberté : la réalité de ce que pourrait être un autre Cameroun. Et bizarrement, cet homme-là n’a pas cédé à la tentation de l’ego.

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L’humanisme Effronté De Marie France: Plaidorie chez Saint Pierre

Plaidoirie d’amateur

J’ai eu le privilège de bénéficier de la bienveillance, du coaching, et de la protection de Marie-France Lemains Yondo Black : à l’âge de 15 ans, j’étais son élève au Lycée Technique de Douala-Bali. J’ai donc à son égard une dette que je ne pourrai jamais ni compter précisément ni rembourser. Je ne peux que reconnaître une si énorme dette.

Le nom Yondo Black Mandengue est gravé irrémédiablement dans l’imaginaire collectif camerounais comme celui d’un bâtonnier—un avocat—intrépide et inspiré, qui a fait tomber les murs de l’intolérance. Mais aujourd’hui, il ne s’agit pas de lui. Il s’agit de Marie-France, son épouse, sa compagne, son amie, sa partenaire de combat et de vie. Elle vient de nous quitter et se trouve en ce moment aux portes du ciel, devant le fameux saint Pierre dont la Bible dit qu’il détient les clés du paradis.

Nous espérons tous que saint Pierre est bien informé du dossier de Marie-France, de la qualité de son parcours et de son action ici sur terre, et qu’il ne l’enverra pas, par erreur judiciaire, vers la mauvaise porte du purgatoire ou de l’enfer !…

Mon propos ici consistera à esquisser une petite plaidoirie devant saint Pierre au nom de « ma cliente » Marie-France. Je voudrais donner à ce brave saint Pierre quelques raisons d’envoyer Marie-France au paradis.

Pour cela, je vais évoquer deux dimensions de son parcours parmi nous :

  • Ses choix subversifs de trajectoire et de positionnement social ; et
  • Ses engagements professionnels et politiques parfois énoncés avec humilité, dans un silence éloquent que tout le monde entendait.

Je terminerai en soulignant les significations de Marie-France et en réitérant ma supplique à saint Pierre : qu’il l’envoie au paradis, dans ce lieu d’éternité heureuse et active qu’elle essayait de dessiner ici sur terre.

choix subversifs de trajectoire et de positionnement social

Cher saint Pierre,

Marie-France est née un 1er janvier—jour de l’An. Quelle idée !… Plus grave : c’était en 1942, c’est-à-dire en plein milieu de la Deuxième Guerre mondiale. Vraiment, quelle idée !

Je ne ferai pas ici une biographie d’elle. Je rapporte cette petite information incongrue pour vous dire que les circonstances mêmes de sa venue sur terre—circonstances créées par votre patron Dieu lui-même—ont fait de cette naissance le début d’un itinéraire singulier.

Ce jour-là, alors que des bombes tombent sur la ville de Rennes dans cette France sous occupation allemande, les parents de Marie-France décident d’aller passer le midi chez leurs propres parents. A l’époque, il faut marcher, même quand on est une femme enceinte avec 9 mois de grossesse. Soudain, en pleine rue, la future maman est foudroyée par une grande douleur et ne peut plus avancer. Il n’y a ni ambulances ni médecins à appeler. Son père demande de l’aide à un policier en faction. Ce dernier arrête la première voiture qui passe. Manque de chance : c’est celle d’un officier allemand, confortablement installé sur la banquette arrière…

Miracle, cet officier du régime nazi fait preuve d’une humanité improbable : non seulement il ne se met pas en colère, mais il cède sa banquette à la famille angoissée, s’installe à l’avant aux côtés de son chauffeur et les amène au lieu d’accouchement. L’officier providentiel aide même le père à soutenir la future maman déjà en travail jusqu’au deuxième étage de l’immeuble, salue poliment, souhaite aux parents « que ce soit une fille » et s’en va. Une empathie choquante en temps de guerre !

L’enfant, Marie-France, naît cinq minutes après…

Quand elle en parlera des années plus tard, elle dira : “j’aurais dû m’appeler Marie-Allemagne, mais allons-y pour Marie-France”…

Ses parents étaient pourtant des Résistants. Sa mère prenait tous les risques pour cacher des enfants juifs, et ceci sans même le dire à son propre mari.

Enfant déjà, Marie-France rêvait de partir, de visiter d’autres lieux, de communier avec d’autres sociétés humaines. Elle voulait se découvrir en allant déchiffrer d’autres ailleurs. Un jour, à 13 ans, elle dit à sa mère

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qu’elle voudrait voyager toute seule à l’étranger. Effrayée, la pauvre maman croit trouver une parade en lui lui disant que la famille ne dispose pas d’argent pour cela. Cette réponse ne démonte pas la petite fille qui s’empresse de trouver un travail d’été comme vendeuse dans une boutique de souvenirs à Quimper ! A 13 ans…

C’est ainsi qu’elle se retrouve dans une famille d’accueil de sa correspondante Ursula … en Allemagne—oui, dans cette Allemagne que beaucoup de personnes en France considéraient comme la nation-ennemie !…

Chose remarquable, la grand-mère allemande qui l’y accueille lui raconte sa propre tragédie : ses deux fils sont morts à la Guerre où la France était la nation-ennemie !… Et pourtant, la vieille dame adopte la petite Française Marie-France comme son propre enfant… La petite Française découvre ainsi, très jeune, les ingrédients de ce qui fait une vie : la prévalence extrême de la souffrance, l’arbitraire du mal, la communauté de la douleur, la fragilité de sentiments et de nos destins, la banalité coûteuse de la bêtise humaine, et aussi la force de l’humanité que les humains portent tous enfouis en eux et qui ne demande qu’à se manifester.

Je vous le demande, mon cher saint Pierre : comment ne pas aimer la personnalité, la trajectoire et les significations de Marie-France ?

A 18 ans, alors qu’elle prépare son baccalauréat dans une bibliothèque, elle tombe sur une revue affichant des photos de la guerre en Algérie : l’horreur absolue. Elle ne s’en remettra pas. Ce d’autant qu’elle se demande si certains des jeunes soldats de sa propre ville de Rennes, enrôlés pour aller en Algérie et applaudis à leur départ par les citoyens de leur cité, pouvaient être responsables de telles atrocités. “Une seule certitude, écrira-t-elle plus tard : aucune guerre, aucune idéologie ne peut justifier de telles exactions, de tels massacres.”

Marie-France réalise alors la banalité du mal, si bien analysée par Hannah Arendt et Fabien Eboussi Boulaga. Mais elle garde cependant son humanité et son humour. Car elle se rappelle avoir rencontré à la cathédrale de Rennes des soldats en uniformes ayant posé leurs casques et fusils par terre pour prier. Et le mot de sa mère dont elle a hérité l’humour : “les Hommes ont le chic de mettre Dieu dans l’embarras”…

Très Cher saint Pierre,

Peut-être que la décision personnelle la plus subversive prise par Marie-France est celle de se laisser séduire par un étudiant camerounais qu’elle rencontre à 21 ans à l’université à Caen. Rien que cette décision-là suffirait pour lui garantir une place au paradis !… Car souvenez-vous : c’était en 1963, et il s’agissait d’un Camerounais ! Un Camerounais ! Un lion indomptable !… Mon Dieu !

Plus grave : elle l’a épousé l’année suivante, alors qu’elle n’avait que 22 ans.

Marie-France Yondo s'en est allée – Icicemac

Et les préjugés alors ? Et la peur de l’autre ? Et la peur de l’inconnu ? Cette jeune humaniste effrontée n’en avait cure.

Elle a bien eu raison : avant que les Camerounais eux-mêmes s’en aperçoivent, Marie-France avait identifié cet homme exceptionnel qui allait changer le cours de l’histoire de son pays.

Peut-être d’ailleurs que son mari Yondo Black Mandengue lui-même ne le savait pas à l’époque. Mais Marie-France a su immédiatement que cet homme-là était d’une autre texture et que son rôle d’épouse consisterait aussi à l’aider à faire éclore l’énorme quantité de compassion qu’il portait en lui.

Cela n’a évidemment pas été facile : les attaques et les tentatives d’humiliations ont fusé de tous les côtés. Bien après son mariage connu de tout le monde et alors qu’elle était enceinte de 8 mois de grossesse de leur premier enfant Lionel, un de ses meilleurs professeurs d’université s’obstinait à l’appeler ostensiblement “Mademoiselle”… Histoire de bien lui notifier qu’il n’accordait aucune valeur à ce “mariage” avec un Africain…

Plus tard au Cameroun, quand le jeune couple est revenu au pays et cherchait désespérément un logement décent à un loyer abordable, un des grands notables camerounais de la ville de Douala lui dit tranquillement : “Je ne loue pas [de maison] aux Noirs ! Ils ne savent pas entretenir les maisons !”…

Le proviseur du lycée qui, à un moment, leur avait prêté la case de passage, dit lui aussi un jour à Marie-France :

“Ah, ces Camerounais qui ramènent leur femme d’Europe et qui ne sont pas capables de les loger”…

Il y a donc comme une démocratisation du racisme et de l’imbécilité : ça vient vraiment de partout…

Ses engagements : l’éloquence du silence et la force de l’humilité

Mon cher saint Pierre,

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Le Cameroun !… “Le Cameroun, c’est le Cameroun !”, a dit quelqu’un que je ne citerai pas pour ne pas lui faire de la publicité inutile… “Le Cameroun, c’est le Cameroun” donc, pour les naïfs et les incultes qui pourraient croire que c’est la France, le Pérou ou le Vanuatu.

La décision de suivre son époux et d’émigrer au Cameroun a été énorme. D’un courage presque effrayant. Car le jeune couple était socialement sur orbite pour mener de très belles carrières et une vie de carte postale en France. Marie-France, qui avait bouclé sa licence d’allemand et avait obtenu son D.E.S.S, était heureuse. Son époux avait bouclé ses études de droit et travaillait dans un cabinet d’avocats. Il avait même obtenu le C.A.P.A, qui lui ouvrait désormais toutes les portes dans son domaine en France.

Mais l’appel du pays est irrésistible.

En 1970, le couple décide donc de s’installer au Cameroun. Maître Yondo Black y arrive en novembre de cette année-là. Marie-France et leur deux premiers enfants (Lionel et Christel) le suivent le 4 janvier 1971.

1971 ? Une année terrible : le 15 janvier, quelque dix jours seulement après son arrivée au pays de Ruben Um Nyobè (exécuté en 1958) et de Félix Moumié (empoissonné en 1960), Ernest Ouandié, leur successeur, est exécuté sur la place publique à Bafoussam avec ses compagnons. Le pouvoir répressif camerounais ne s’embarrasse pas de mettre des formes à sa brutalité crue. L’autoritarisme frime. Il est activement soutenu par les “grandes” capitales du monde et les propriétaires de la morale internationale.

1971, c’est donc l’année de la peur, de la mise en scène macabre de la violence politique et du grand spectacle de la frayeur. Tous ceux qui, comme Maître Yondo Black, ont été des activistes politiques pendant leur séjour d’étudiant en France, sont surveillés par la police politique de Yaoundé. Oui, l’époux de Marie-France a été le Président de la section académique de l’UNEK à Caen et le Trésorier de la FEANF. Pas vraiment la bonne stratégie pour vivre sereinement au Cameroun…

Marie-France n’en a cure. Elle veut intégrer son pays d’adoption et servir. Elle postule à un poste d’enseignante d’allemand. Elle parvient à l’avoir.

Elle est nommée professeur au Lycée Technique de Douala. Elle y hérite d’abord de 4 classes de 4ème et de 3 ème ayant chacune 75 élèves…

Elle vit plusieurs mois sans salaire et son mari attendra longtemps la publication du décret lui permettant d’exercer son métier d’avocat.

Je soupçonne qu’à ce moment-là, Marie-France a compris pourquoi son père pleurait dans le train qui l’emmenait de Rennes à Paris pour la mettre dans l’avion de Douala…

Cette femme menue mais dotée d’une très grande force intérieure, sait ce qu’elle veut et l’obtient toujours. “L’homme se découvre quand il se mesure à l’obstacle”, disait Antoine de Saint-Exupéry. Marie-France la professeure se révèle être un de ses enseignants dévoués qui marquent la conscience des enfants et qui transforment des élèves en citoyens en leur instillant bien plus que le désir de savoir. Elle sait susciter le questionnement de soi et l’ardeur au travail.

J’étais un de ses élèves—pas le plus obéissant… Passons. Marie-France la professeure nous enseignait bien plus que l’allemand : elle nous apprenait à nous tenir et à devenir des hommes. Elle nous inculquait le sens de l’effort et l’amour-propre comme conditions d’accès à la dignité et au respect—respect de soi-même et respect des autres. Elle nous apprenait à avoir peur de la honte. Ce n’était pas trop difficile en fin de compte. Peut-être parce que nous ne sommes pas “nés avant la honte” comme chante l’artiste gabonaise Patience Dabany…

Marie-France faisait partie d’un groupe d’enseignants hors-normes, qui incluait :

  • Monsieur Eugène Ekoumou Tsimi, professeur de français ;
  • Monsieur Dzogoum, professeur de mathématiques ;
  • Mademoiselle Mayack, professeur d’anglais ;
  • Monsieur Kakmani, professeur d’histoire et géographie ;
  • Monsieur Ela, professeur de philosophie, qui nous a décortiqué la signification de l’amour vrai et son caractère inconditionnel (l’amour, la passion du latin patiri, qui signifie souffrir…) ; si l’on l’aime, il faut être disposé à souffrir et à l’accepter…

Quelqu’un que je ne citerai pas ici a adopté le slogan “rigueur et moralisation” pour définir l’essence de son action politique. Naturellement, c’était un simple slogan qui a dû être écrit par un de ses thuriféraires et à son propre insu. La preuve : il n’en n’a jamais rien fait et ne prononce d’ailleurs plus jamais ces mots-là…

Pourquoi je les rappelle ici ? Parce que l’on pourrait résumer l’action éducative et sociale de Marie-France à un slogan voisin : “Rigueur et Compassion”. A la différence de l’autre que je ne veux pas nommer et lui faire l’honneur d’une citation en un moment aussi important pour nous (mais tout le monde ici le connaît), Marie-France a vraiment incarné ses valeurs à elle. Sans faire de bruit et sans provoquer de fureur, sans jamais chercher à attirer la lumière vers elle-même.

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Mon cher saint Pierre,

On n’est jamais trop prudent dans le choix d’un mari ou d’une épouse. Vous le savez bien mieux que moi, même si en tant qu’apôtre de Jésus, vous n’avez-vous-même jamais été marié !

Car le mariage est une ascèse ! C’est un miracle.

Et l’amour est une force complexe et mystique dont la gestion—le management—est plus délicate que celle d’une bombe… C’est pourquoi il existe diverses qualités d’amours :

Des amours asymétriques,

Des amours avec déficits,

Des amours avec conditionnalités (ce que j’appelle des amours-FMI…),

Des amours diaboliques,

Des amours-sacrifices,

Et bien d’autres.

Cher saint Pierre,

Dans ce domaine également, Marie-France a visé juste : elle a épousé son âme sœur, un homme qui a creusé un profond sillon dans nos mémoires en nous rappelant que nous étions des hommes. Et qu’aucun pouvoir, fût-il le plus obtus et le plus paresseux, ne pourrait nous imposer l’indignité.

Mon cher saint Pierre,

Vous avez dû entendre l’immense halètement du Cameroun tout entier en cette année 1990 où le Bâtonnier Yondo Black a secoué toutes les consciences comme on secoue un arbre fruitier. En réunissant clandestinement un groupe de citoyens pour demander que la Constitution soit appliquée, il s’était retrouvé avec d’autres dans les prisons les plus exotiques de la République, y compris à Yokadouma.

Marie-France avait estimé que l’acte posé par son époux était le “geste citoyen d’un homme responsable et engagé”. Je connais des familles où les choses ne se passent pas toujours ainsi. Dans ce genre de situation, il y a toujours des bonnes âmes dans la famille qui qui accusent les victimes d’avoir bien mérité le calvaire qui leur arrive, et que ces téméraires auraient dû faire comme tout le monde et se taire…

Comme Odile Tobner Biyidi (l’épouse du regretté Mongo Beti), Marie-France a mené le plus lumineux de tous nos combats, avec élégance, discrétion et détermination. Elle l’a fait sans haine, sans colère.

Elle a manifesté un amour inconditionnel pour Yondo Black, un homme qui nous a fait entrevoir bien plus que l’hypothèse de la liberté : la réalité de ce que pourrait être un autre Cameroun. Et bizarrement, cet homme-là n’a pas cédé à la tentation de l’ego. Bizarrement, il est demeuré égal à lui-même, cohérent dans sa démarche, ferme dans ses analyses, simple dans sa relation avec autrui et humble jusque dans son appréciation de ses adversaires. C’est à croire qu’il n’est pas un homme politique camerounais…

LES Valeurs de Marie-France

Très Cher saint Pierre,

Je conclus.

Je vous demande d’envoyer Marie-France Lemains Yondo Black au paradis. J’espère vous en avoir donné quelques bonnes raisons. Je précise tout de même que l’objet de mon propos aujourd’hui n’est ni de dénigrer systématiquement l’enfer ni d’insulter les âmes de tous ceux qui s’y trouvent. Je rappelle le mot de Mark Twain, à qui on demandait son opinion sur l’existence de l’enfer ou du paradis et qui avait répondu : “Je ne veux pas donner mon avis, j’ai des amis dans ces deux endroits…”

Mon père Martin Robert Monga était encore plus précis sur cette question. Lui qui aimait la vie, la musique, la danse, la joie, la cigarette, les bonnes bières et bien d’autres bonnes choses, se méfiait du paradis. Il se demandait comment les gens peuvent accepter d’aller au paradis, un lieu où il ne coule que du lait et du miel ?… La tyrannie du lait et du miel lui faisait peur…

Je n’ai donc pas d’obsession contre l’enfer et ceux qui s’y trouvent. Mais j’insiste : cette femme d’exception qu’est Marie-France appartient au grand jour (pour reprendre le mot du poète Paul Dakeyo). Elle a laissé un héritage éthique bâti sur quatre piliers nobles qu’elle a entretenus toute sa vie.

  • Exigence
  • Rigueur
  • Humilité et
  • Compassion

Permettez-moi de terminer cette petite plaidoirie en disant un mot à Marie-France, mon ancienne professeure, en allemand—cette belle langue très précise qu’elle m’a enseignée au lycée à Douala :

Liebe Marie-France,

Du hast viel gearbeitet.

Du hast nicht umsonst gearbeitet.

Ich spreche immer noch das Deutsch, das du mir beigebracht hast.

Ich lerne es weiter.

Danke für das, was Sie für unser Land getan haben.

Es ist auch Ihr Land.

Célestin Monga

Harvard University

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