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La duplicité légendaire d’Achille:Ou la marque indélébile d’un intellectuel félon, fossoyeur de la dignité africaine – Icicemac

La duplicité légendaire d’Achille:Ou la marque indélébile d’un intellectuel félon, fossoyeur de la dignité africaine

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Mbembe vient de pondre un texte dans le journal « Le Monde » dans lequel il amalgame les néosouvenainistes en même temps qu’il réalise l’importance nuisible de la présence française en Afrique. Ce texte sonne comme un réveil de sa conscience longtemps vénale, après s’être fait stipendier par la métropole qu’il feignait de condamner jadis. L’illustration se fit jour lorsqu’en 2021, il démarcha le président français, afin de solliciter une enveloppe budgétaire censée servir les intérêts d’une infatuation formelle à une doctrine prédatrice. Ce ne fut pas un hasard dans une œuvre linéaire, pas une exception, pas une révolution, mais plutôt une évolution dans un processus d’allégeance déjà amorcé en 2010 lors de la crise ivoirienne. Je m’en vais vous démontrer en quoi ce dernier incipit de l’auteur de « critique de la raison nègre » s’inscrit dans la perspective duale, ambivalente et captieuse de cet auteur présenté comme un libre penseur, qui au fil du temps s’est mué en marchand d’idées à la solde du plus offrant. Cependant, le pire est à rechercher chez tous les africains qui seraient tentés de suivre cet universitaire écornifleur que ma dextre identifie comme un modèle de négation de la pensée critique. Et pour cause ! Du début à la fin de ce texte, on lit l’équilibrisme de l’auteur qui saute de la crise au Niger pour aboutir à la politique africaine de la France, non sans avoir réglé des comptes avec les néopanafricanistes, les réseaux sociaux qui seraient des foires à tout et jusqu’à l’opposition fractale entre anticolonialisme, panafricanisme et néosouverainisme.

La réalité est que l’auteur essaie de se racheter d’une longue (trop longue ?) lascivité ou paresse ou tout simplement désinvolture face aux réelles réclamations des Africains. Et si tout ceci n’était que stratégie duale pour arriver à ses fins dans sa quête d’existence tout en ménageant les parties ? Pour tous ceux qui seraient tentés d’ignorer la profondeur de mon analyse sur Achille Mbembe, j’entends vous rafraîchir la mémoire.

Rappel d’une histoire récente

Il y a 13 ans déjà, à la faveur de la crise ivoirienne, je m’étais exprimé sur l’inconstance de cet auteur et m’étais alors attiré les foudres de ses défenseurs qui me percevaient comme un jaloux qui aurait aimé avoir la notoriété de leur « Dieu » de la pensée spéculative. Des jours et des jours à pointer du doigt ses renoncements successifs à ses écrits, en condamnant Gbagbo pour ensuite épouser sa cause dans un texte conjoint avec Célestin Monga. Le texte que j’avais alors produit pour le compte de « gioo.com » est encore visible à cette adresse

https://www.grioo.com/ar,achille_mbembe_ou_l_intellectualisme_de_l_inconstance,20553.html

Ce texte me valut toutes sortes d’insultes et de noms d’oiseaux : « Jaloux », « Aigri », « Tu n’arrives pas à la cheville de Mbembe » etc…

A la réalité, en feignant d’épouser la cause de Gbagbo, Mbembe cherchait à s’attirer la sympathie des Africains qui alors s’opposaient à la guerre menée depuis l’Elysée par Nicolas Sarkozy, pour installer Alassane Ouattara. Il avait pourtant cosigné un texte contre le même Gbagbo quelques jours plus tôt.

Eh beh, une situation analogue se présente à la faveur de la crise Nigérienne. Notre Tartuffe des Tropiques vient de se rendre compte que la présence militaire française en Afrique constitue une atteinte à la souveraineté des peuples d’Afrique. Peut-être même qu’il a lu mon ouvrage et mes tribunes sur Médiapart et fait-il preuve maintenant d’un réveil de conscience. Toujours est-il qu’il y a 2 ans, il a pondu un rapport de 124 pages à Emmanuel Macron dans lequel il propose 13 mesures à la France dont la première est une compensation financière pour services à rendre, sous la forme d’un fonds d’innovation pour la démocratie de 30 millions d’euros. Et pas une seule mesure sur les bases militaires françaises en Afrique qu’il feint de voir maintenant ! C’est que Mbembe se dirige toujours du côté où souffle le vent et pas ailleurs ! Il vous dit ce qui peut bien servir ses intérêts, qui comme chacun peut s’en douter, sont toujours personnels.

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Pourquoi puis-affirmer avec force qu’il s’agit d’une caution pour des services à venir ? Parce que je reste convaincu que ce fonds d’innovation pour la démocratie est une formidable officine à corrompre la libre pensée africaine. Comment peut-on prétendre œuvrer pour une libre pensée lorsque celle-ci est inféodée à une puissance, elle-même collectrice des impôts citoyens ? Il ne peut y avoir de libre pensée lorsque le donneur d’ordre est la puissance tutélaire pour laquelle on travaille. Et ces colloques, ces grands-messes organisées à Dakar, Johannesburg aux frais du contribuable français, ne sont que de formidables banquets pour jeunes diplômés africains ou moins jeunes en quête de reconnaissance, des esprits corruptibles peu enclins à l’exercice d’une quelconque rationalité qu’à exhibition aux côtés du Tartuffe que de l’intégrité, encore moins de la pensée critique. J’ai d’ailleurs toujours pensé que les intellectuels africains sont sûrement les plus grands fossoyeurs de cette Afrique ! Et tant que les diplômés africains auront faim, rien de bon ne sortira de nos universités tropicales. Oh, j’en connais qui déjà voient en moi un jaloux, un aigri et que sais-je encore… Libre à vous, mais au moins moi, je suis resté cohérent dans ma pensée durant au moins ces 10 dernières années et je n’ai pas troqué mes jeans pour quelques millions d’euros qui signeraient la perte de mon intégrité et mon intrusion dans le cercle peu enviable des intellectuels africains contempteurs du développement de leur continent : je peux me regarder dans une glace, sans honte !

Mais lisons donc Achille…

Voici ce que Achille Mbembe déclare dans son texte : « Ce que l’on n’a en effet pas suffisamment

souligné, c’est à quel point l’anticolonialisme et le panafricanisme auront contribué à l’approfondissement de trois grands piliers de la conscience moderne, à savoir la démocratie, les droits humains et l’idée d’une justice universelle. Or, le néosouverainisme se situe en rupture avec ces trois éléments fondamentaux. D’abord, se réfugiant derrière le caractère supposé primordial des races, ses tenants rejettent le concept d’une communauté humaine universelle. Ils opèrent par identification d’un bouc émissaire, qu’ils érigent en ennemi absolu et contre lequel tout est permis. Ainsi, quitte à les remplacer par la Russie ou la Chine, les néosouverainistes estiment que c’est en boutant hors du continent les vieilles puissances coloniales, à commencer par la France, que l’Afrique parachèvera son émancipation ».

On croirait rêver !

Mon explication

Achille Mbembe reproche au néosouverainisme (Nommons-le : Kémi Séba, Nathalie Yamb, etc..) de s’opposer à la démocratie puisque son chapitre suivant fait le constat d’un culte par les néosouverainistes des hommes forts tels Poutine, Traoré, Assimi Goita, Sankara etc… Tout observateur avisé de la scène médiatique africaine aura reconnu ses cibles dans ce passage, preuve qu’il lit bien tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux qu’il n’a d’ailleurs jamais déserté. En d’autres termes, Mbembe postule, dans ce passage et dans le chapitre suivant de son texte que les néosouverainistes font l’apologie des hommes forts, en la personne des soldats qui partout en Afrique de l’Ouest prennent leurs responsabilités en destituant les dirigeants corrompus qui se sont négativement illustrés à la tête de ces Etats, en s’ossifiant et se densifiant par des démocraties de façade, tolérées par des puissances protectrices complices dont les intérêts sont prégnants. Peut-on affirmer que les régimes dits démocratiques en Afrique soient en capacité d’incarner les idéaux démocratiques modernes au sens du respect des institutions et de leur soumission à celles-ci ? Ne sont-ce pas ces mêmes démocrates qui les bafouent allégrement au gré de leurs intérêts privés ? Avancer même sans sourciller qu’il s’agit là de démocraties et non de simulacres, d’artefacts, relève d’une mauvaise foi qu’auraient pu nous épargner quelques relents de conscience morale chez une personne censée ériger la pensée en miroir dialectique ! Qui plus est, quand Mbembe postule les idéaux de communauté humaine universelle en fustigeant la doctrine raciale sous-tendue chez les tenants du néosouverainisme, on pourrait aisément rappeler à sa mémoire, Cuvelier, Atkins, Mauperthuis ou encore Arthur de Gobineau afin de nous éclairer sur la théorie du racisme scientifique du XIXe siècle ! C’est vraiment le monde à l’envers. Il s’agit pourtant de ne point confondre les opprimés plurimillénaires que sont les noirs, dont la coloration phénotypique fut le marqueur de la dépréciation universelle, avec une quelconque théorie de la race dont ils seraient les idéologues.

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Par ailleurs, quand ces néosouverainistes condamnent les agissements de la France en Afrique, ont-ils tort ? Les faits ne leur donnent-ils pas raison ? L’on peut défendre les intérêts d’une puissance sans sacrifier à la malhonnêteté d’une inversion paradigmatique, en truffant l’argumentaire de paralogismes.

Et, plus plus loin dans son texte, sonnant la charge contre la jeunesse africaine des réseaux sociaux : « Déboussolée et sans avenir, une partie importante de la jeunesse vit sa condition sur le mode d’un interminable blocus auquel seules la violence et l’action directe peuvent mettre un terme. Ce désir d’une violence cathartique gagne les esprits à un moment d’extraordinaire atonie intellectuelle parmi les élites politiques et économiques et, plus généralement, les classes moyennes et professionnelles.

A cela s’ajoutent les effets de crétinisation de masse induits par les réseaux sociaux. Dans la plupart des pays, sphère médiatique et débats publics sont colonisés par des représentants d’une génération plombée par un analphabétisme fonctionnel, conséquence directe des décennies de sous-investissement dans l’éducation et autres secteurs sociaux. »

L’on serait tenté de demander au professeur Mbembe : Où étiez-vous donc lorsque cette jeunesse déboussolée requérait vos conseils avisés pour se sortir du joug criminel des hommes forts à la solde des puissances, qui continuent de détenir le pouvoir ? Ceux-là même que vous semblez assimiler à des démocrates ? Au fait, quels sont donc ces démocrates Africains auxquels vous nous référez ? Alassane Ouattara ? Mahamat Idriss Déby ? Mohamed Bazoum ? Alpha Condé ? Paul Biya ? Téodor Obiang Nguema ? Ali Bongo Ondimba ? Macky Sall ? Etc … Le constat réel est celui-ci : sur 54 États africains, on pourrait citer moins de 4 réelles démocraties et encore, aucune ne ferait partie du pré carré français. Pourtant, c’est bien la puissance France que vous servez en ce moment, c’est à la France que vous avez délibérément choisi de faire allégeance. Nonobstant la connaissance que vous avez de la pesanteur criminelle, des forfaits, des renoncements, des privations, des exécutions sommaires, des vols, spoliations et déshumanisations criminelles qui sont le fait de vos démocrates africains félons. Monsieur le professeur, en offrant vos services à l’ancienne puissance colonisatrice contre rémunération, vous vous êtes abjuré de votre libre pensée pour vous inféoder à une doctrine de la domination, vous avez abdiqué votre personne pour vous faire chose. Le corollaire est que cette jeunesse africaine des réseaux sociaux que vous fustigez pour sa bêtise vous a pris pour cible, car elle fonda autrefois son espérance de liberté sur des hérauts d’une quête subliminale de son affranchissement. Vous étiez autrefois de ceux-là, et aujourd’hui, la jeunesse vous renvoie au visage le mépris que vous semblez lui porter.

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En conclusion

Achille Mbembe a menti aux Africains durant toute sa carrière. Autrefois, feignant de dénoncer les appétits coupables d’une France liberticide dans ses colonies, il a cédé au pouvoir d’une corruption des âmes et prétend entonner le chant d’une décolonisation douce en permettant à l’ancienne métropole une dédiabolisation par la concupiscibilité d’une certaine jeunesse certes instruite, mais opportuniste. Certains jeunes chercheurs et post doctorants qui ânonnent les théories des autres, espèrent y faire carrière, trouver par là le moyen de se faire remarquer en émargeant au passage, aux frais du contribuable français. Pourtant, ils ont tort : ils s’inscrivent à contre-courant de l’histoire des peuples !

Je le dis avec force : Achillle Mbembe a failli : il s’est fourvoyé en s’avilissant par l’aliénation de sa libre pensée. Certes, les journaux français ou francophiles tels « Le Monde » ou « Jeune Afrique » en sont friands et le présenteront partout comme l’intellectuel africain de référence pour servir leurs intérêts coupables, mais il sera châtié de toutes les cours d’Afrique, de toutes les rencontres festives, libres et fraternelles et renvoyé aux salons et lambris dorés des puissants qu’il sert. Tous ceux qui le suivront dans cette entreprise suicidaire de mortification de la pensée par la mercantilisation de l’âme seront rejetés dans les ténèbres de l’histoire. N’oubliez pas ceci : chaque fois que vous lirez un auteur africain dans ces journaux, demandez-vous qui il sert ! De fait, vous ne lirez jamais un texte comme le mien dans ces journaux car il ne cadre pas avec leur ligne éditoriale instrumentale, néocoloniale.

Cependant, je le prophétise : une histoire qui échappe à la longue répétition du même est en train de s’écrire et, sous nos yeux, accélérer son envol par un vent révolutionnaire. Cette révolution est portée par des jeunes africains dont la conscience s’aiguise au contact du monde. Ils se sont saisis d’une étincelle de liberté dont la lueur semble échapper à ceux qui naguère, prirent l’habitude de la répétition du même et des mêmes schémas, de la même trempe d’homme. Cette jeunesse-là s’enhardit des frustrations enfouies, des narrations des épopées des aînés, des rêves de grandeur passée, de la conscience des richesses spoliées par ceux-là mêmes qui ont constamment bradé les richesses communes pour en faire de richissimes domaines privés. Cette jeunesse africaine est un espoir pour ce continent et nous devons l’encourager. Une jeunesse qui s’affranchit d’un larbinisme quasi ontologique, pour réécrire l’histoire d’une liberté retrouvée, doit être encouragée. Cette défiance d’une fatalité de la résilience est une ode à la conquête de soi, une conjugaison de soi avec les siens et l’universel. Cette affirmation de soi ne saurait souffrir d’aucun miasme dissonant de la part d’un esprit épris de liberté. C’est pourquoi des intellectuels faussaires tels que Mbembe doivent cesser de dérouter ceux qui ont décidé de prendre leur destin en main, car ici se trouve peut-être la véritable lueur d’espoir d’une Afrique moderne qui s’inventera une « alter modernité » par la césure nette, brutale et irréversible d’un destin écrit d’avance, par d’autres.  La nouvelle Afrique doit échapper à une chronique funeste déjà écrite d’avance !

J’ai dit !

Professeur Henri Georges Minyem

Enseignant à l’université de Paris-Saclay

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