Rdpc: Les transitions d’état dans l’Etat et la fin des temps
Au lendemain des opérations assez houleuses et controversées de renouvellement des bureaux des organes de base du parti au pouvoir, l’envie m’a tenu de lire, à nouveau, les dispositions statutaires du RDPC. L’article 1er des Statuts de ce parti politique, dit de masse, dispose en effet que « Le parti de l’Union Nationale Camerounaise en abréviation « U.N.C. », devient parti du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, en abréviation « R.D.P.C. » (…). » L’une, l’UNC, est remplacée en tout point par l’autre, le RDPC. Cette opération d’ersatz est conforme aux vœux de la Mère-nature qui a bien évidemment horreur du vide. Il en serait donc des choses comme de ces êtres humains au sujet de qui tout désir d’éternité serait vain. Ferdinand Alquié avait-t-il donc vu juste, très juste ? C’est évidemment ce que l’homme politique, Sali Dahirou, exprimait en son temps, lorsqu’il affirmait que « La vie n’est pas éternelle, à plus forte raison les choses de la vie ». Encore au Gouvernement, il avait dû user de cette qualité pour apporter des précisions sur la vie publique et politique camerounaise au cours d’une communication gouvernementale devenue désormais célèbre.
Bien avant cet illustre Député de la Nation, un philosophe, Professeur émérite des Universités, le très attitré Hubert Mono Ndjana avait déjà alerté l’opinion à l’occasion d’une interview dans un journal local ; il y affirmait avec toute la raison et la lucidité requises qu’on lui reconnaît, que tout Régime politique, comme aucun autre Régime politique au Monde, n’est éternel ! L’idée d’éternité serait à bannir dans ces convenances. Le dernier emprunt pour illustrer cette chronique relève de la pensée dérivée qui aura été apportée aux propos du Professeur Alain Didier Olinga pour qui, la nature, ici et partout ailleurs, a eu toujours besoin d’un turn over. Le cycle de la vie impose d’arriver, de naître, de vivre et de mourir, de partir.
Il s’agirait nécessairement d’une transition d’état, comme on verrait l’eau quitter sa puissance liquide pour un état gazeux ; il s’agirait assurément d’un changement de situation et de posture, une dérivée première après une précédente ; il s’agirait d’une variation positionnelle qui indiquerait le constat qu’une situation nouvelle a vu le jeu du jour qui succède à la nuit et inversement. Pour revenir à l’article 1er des Statuts du RDPC, une question reste fondamentale : est-il justifié d’épiloguer sur la fin des temps ? Le Grand Soir. Est-il bien temps de s’interroger si ce parti politique deviendrait autre chose ainsi que lui aussi a remplacé la devancière UNC ? Des questions réelles, réalistes qui restent dans le marbre de la vie. Une liberté de penser sur des questions existentielles de nos petits avenirs, hautains, nasillards et bridés. L’ordre des choses ne saurait s’en éloigner. C’est l’histoire ! Par ceux qui la font et par ceux qui en sont les témoins. Les actants, les spectateurs et les acteurs dans un recyclage sans fin des présences. Sinon la vie n’aura plus d’attrait, elle n’aurait plus aucune sensation. Enchevêtrés que nous serions dans une monotonie moribonde et davantage suspecte de l’endormissement duquel il nous serait compliqué de sortir. Aujourd’hui, on parle du passé, on parle au passé de nos épopées glorieuses ; on parle de nos héros nationaux (méconnus et reconnus) ; aujourd’hui encore, nous tirons chaque jour des leçons de notre histoire commune, de notre passé d’ensemble, de ce passé qui est présent en nous et en chacun de nous à jamais. Aujourd’hui déjà, nous parlons de l’UNC au passé, avec les repères de la mémoire. Qu’en sera-t-il alors du RDPC ? Quand le moment sera venu, verrait-t-on également qu’il aura été remplacé pour devenir autre chose ? En ces matières de fin d’état, et non d’Etat, existe-t-il une règle du jeu de cette transition ? Dans l’affirmative, quelle est-elle ? Il conviendrait donc de rester très prévenant et contrecarrer ces mauvaises surprises tant redoutées.
Les manquements aux transitions d’état au sein de notre système social concernent diverses strates. Ces manquements, non exhaustifs, autant de bûchés ardents dans le carquois du développement, portent une marque d’invite au ressaisissement des fonctions impersonnifiées. Cela va du fonctionnaire à la retraite déjà mais à qui l’on refuse de libérer le plancher, rendant ainsi impossible, sinon difficile la péréquation du problème des emplois, au petit boutiquier du quartier prompt à fausser sa balance pour grappiller quelques grammes de chaque produit à vendre. Dans cette nomenclature des transitions d’état manquées, comment oublier le phénomène de la kleptomanie ! Cette gangrène nous aura tout pris ici au pays : nos honneurs, notre argent et toute bonne politesse pour favoriser ces différents égarements inconvenants et ridicules. S’il faut s’interroger dans quel état nos aînés vont nous laisser l’Etat, il y a fort à craindre quant à l’avenir. Tenez donc, aucun des grands projets structurants du président de la République n’a toujours abouti, les délestages se disputent quelles citées du pays mettre dans le noir, les compétitions internationales sportives d’envergure que le Berceau de nos Ancêtres devait organiser nous ont été retirées ou postdatées, la construction de l’autoroute reliant les capitales économique et politique freine des quatre fers, la vie devient chaque jour un peu plus chère à affronter, les produits et autres matériaux de construction sont de plus en plus hors de portée du citoyen moyen, la dégradation des mœurs préoccupe au plus haut point, etc.
Il serait alors très préoccupant, au vu des rhétoriques contemporaines, de faire prévaloir le désir d’éternité (si cher à Ferdinand Alquié) au moment même où les sciences consacrées nous rappellent avec force persuasion que la Terre tourne sur elle-même et en même temps autour du Soleil. Les présences éternelles et variées d’un « aujourd’hui » et d’un « demain » qui se donnent la main entre eux et avec les autres. Ces deux mouvements de Rotation et de Révolution de ces planètes du système solaire (la Terre et le Soleil) poussent à conclure à une lapalissade au sujet de la vacuité des choses de cette vie : vanité des vanités, tout est vanité. Ou mieux encore, la tragédie de la mort de chacun de nous, à son tour et à sa manière, n’épargne personne. Tout devient autre chose. La transformation de nos vies et de nos actes est un vécu quotidien qui ne s’éteint jamais sans conséquences.
Adolf Hitler, Benito Mussolini, Winston Churchill, George Washington, Barack Hussein Obama, François Mitterrand, Georges Pompidou, Daniel Arap Moi, Félix Houphouët-Boigny, Ahmadou Babatoura Ahidjo, Noël Isidore Thomas Sankara, Patrice Emery Lumumba, Ernesto Rafael Guevara, Muammar Mohammed Abu Minyar Gaddafi, Pascal Lissouba, Hissen Habré, Samuel Doe, etc. sont aujourd’hui rentrés dans l’histoire, chacun dans le compartiment qui est le sien. Le cycle de la vie, sur cette terre des hommes est si simple et irréversible : on naît, on vit, on meurt. Mourir, oui, c’est en effet s’en aller. Et dans toute cette spirale mouvementée qui aura diligenté les actions de notre vie, les actes d’une vie, seuls nos exploits resteront éternels pour parler en nos lieux et places.
Chaque jour a donc une fin à laquelle la nuit succède. Comme quoi, on ne peut commander à la nature qu’en lui obéissant ! (Francis Bacon). Obéir à la mort n’est pas vain. Bien entendu dans le sens que de la mort, naît la vie. D’où, il reste illusoire de redouter la fin des temps. Un état de bonheur infini. Ces temps qui permettent de préparer la suite, après la fin des choses, demeurent entourés d’une question fondamentale : faut-il redouter la transition d’état ? Cette fois de transition d’état, le passage, pour citer jean Reverzy, le peuple Bamoun vient de nous en administrer la preuve, après la fin de vie de son Sultan. Avec beaucoup de joie, plusieurs tambours et aux sons des trompettes.
En dehors de tout chaos ! Et chacun de nous alors dans ce tournant inéluctable de nos petites vies ? Que seront nos arrières après nous ? Qu’adviendra-t-il de notre héritage ? Que deviendrons-nous au passage de notre état à un autre le moment venu ? C’est le lieu de préciser le pacte testamentaire de nos idées, de nos avoirs. Afin que la volonté des défunts prévale.
Rhoméo Mbadzama Awono