OWONA NGUINI, L’APÔTRE DE LA MORT
« LIBERTÉ D’EXPRESSION & LIBERTÉ ACADÉMIQUE »
Très distingué Savant,
Les usages dans notre « tradition » universitaire ne m’autorisent point à vous regarder en face, les yeux dans les yeux, encore moins de vous parler. Je devrais me dissimuler dans votre dos, pour symboliser le détour préhistorique que vous fûtes, avant votre assomption historique au rang de Maître de conférences, de Professeur et, bizarrement, au Rectorat. Le dispositif rigide de l’administration publique de la science, dans notre pays, me contraint de personnifier, à la perfection, ce biais et de porter fièrement mes charges de cours. Je fais plus : j’exalte ma condition ; je l’auréole non seulement du parfum d’une inégalable gratitude, vu la faveur que vous m’accordez en daignant me parler, mais aussi du privilège qui m’échoit de vous lire, religieusement.
Très redouté débatteur,
J’ai lu votre dernière réponse. Je reçois vos mots, dans ma gorge, comme des postillons affriolants (alléchants, appétissants) qui lapent mon palais avec adresse. À travers cette sortie, digne d’un Agrégé, par la puissance des élaborations politologiques qui compose sa substance, et tous les corollaires que les esprits hardis peuvent en tirer, vous avez réformé toute notre université. Vous écrivez : « Le psychopathe harceleur, doublé de la canaille trafiquant de notes, croit qu’il peut ébranler qui avec son hooliganisme épistolaire de frustré en quête de reconnaissance ? Qu’il invective pendant 50 ans !!! Un tel énergumène est indigne de l’université ».
J’aurais pu m’en épouvanter d’une si piètre performance, si je ne m’étais souvenu, promptement, que les petites gens, comme moi, sont, de nature, irrémissibles s’ils s’avisaient de remarquer les dérisoires lacunes des éminences grises. Un Grand ne se trompe pas : il doute, comme les philosophes. Il impose toujours le respect, même et surtout dans sa perte. Peut-on blâmer la sagesse ?
Avec cette lumineuse démonstration sur Facebook, vous me tenez au collet et me sortez brutalement des rangs d’ignares où je vivote ; vous me projetez devant vous, avec fracas, pour me sermonner violemment. Et je ressens cette violence cérémonieuse comme une régénérescence intellectuelle. Par cette exemplarité critique déroutante, vous indiquez, à votre insu, que l’université est la contestation de toutes les traditions et, en même temps, le temple de la ritualisation des savoirs séculiers et le musée des inspirations les plus prometteuses de l’humanité.
Le « Pubertaire de la pensée » que je suis, moi qui n’ai pas encore approché de près les théories politiques que vous produisez depuis des décennies, à la stupéfaction générale, je me permets de résumer vos élaborations politologiques prodigieuses, du point de vue du bon sens élémentaire et des leçons de l’histoire dont nous faisons tous la déroutante expérience.
J’objecte et j’établis en quoi vous commettez de disgracieux lapsi. De mon abris de Chargé de cours – puisque je dois toujours reculer devant les révolutionnaires théorisations que votre génie scientifique nobélisé produit au quotidien, – je me contenterai de miauler trois fois : d’abord je me fais le devoir déontologique d’admirer votre profondeur, quand vous exposez votre haute idée de l’État westphalien (I) ; ensuite je guette (je ne dois jamais regarder fixement, vu mon rang académique) la façon dont vous systématisez le principe de la contradiction dans le monde de la science, à l’Université en l’occurrence (II); enfin, je fais votre éloge, en tant que « Professeur », le Dernier Polymathe belliciste et guerroyeur (qui aime la guerre) que la terre ait connu (III).
I- Votre tromperie de l’État westphalien
Vous parlez de souveraineté, d’autorité de l’État, de la « force doit rester à la loi », etc. Savez-vous, qu’au cours de l’histoire récente de l’humanité, l’on a jugé la « loi » illégale qui s’était laissée travestir en tombant sous la férule d’une force illégitime, surtout lorsqu’elle avait causé un tort irréparable aux honnêtes citoyens qui luttaient pour leurs libertés ? Les exemples sont légion : l’Afrique du sud, la Tunisie, l’Égypte, etc. En ce qui nous concerne, et compte tenu de vos prises de position en faveur du prétendu État westphalien, sommes-nous dans un royaume, une autocratie ou dans une république ? Ne savez-vous pas que, dans une République (qui signifie, mot à mot, la chose de tout le monde), c’est le peuple (les citoyens en cœur, s’exprimant comme une volonté générale), qui est l’émanation de la loi ? L’assemblée nationale du Cameroun a-t-elle débattu et légiféré pour autoriser la déclaration de guerre au NOSO ? Dans le contexte actuel, fait d’interdépendance des États, où la souveraineté est conditionnée par des diktats économiques et articulée aux évolutions du droit positif supra-étatique, en l’occurrence, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la création de la Cour Africaine des droits de l’Homme et des Peuples…, les traités et autres accords internationaux, peut-on sensément faire prévaloir, sans réserves, le principe de l’État souverain devant agir comme un monstre froid ?
Vous convoquez des thèses grandioses, des doctrines compliquées, tels que l’État westphalien et le Léviathan de Hobbes, des affaires qui, en réalité, sont d’une autre époque et d’un autre univers culturel, des systèmes propres aux empires et aux royaumes. Sommes-nous dans un système féodal ? L’État westphalien et le principe de souveraineté qui lui est attaché sont nés du traité de 1648, qui mit fin aux guerres incessantes dans les États allemands et qui consacra leur libération du joug autrichien. L’esprit qui y prévalait, à savoir, que « le Roi est empereur dans son royaume (Rex est imperato en regno suo). Les théories de Max Weber en la matière, quant à elles, datent des années 20, alors que le monde n’était pas encore sorti des colonialismes et n’avait pas encore connu la Deuxième guerre mondiale et la Guerre froide, ni même le droit d’ingérence, le triomphe du néolibéralisme et la mondialisation, les TICs, Internet, encore moins les traumatismes du terrorisme, qui poussent de plus en plus les États à renforcer leur coopération.
Il s’ensuit que la souveraineté des États (l’État post-westphalien, pour être tout à fait précis), désormais, surtout depuis la Seconde Guerre mondiale, est tributaire des impulsions diplomatico-stratégiques orchestrées par le droit d’ingérence humanitaire, voire, du devoir d’assistance.
Le dire, ce n’est pas soutenir des interventions étrangères dans notre pays : c’est vous rappeler le visage humain du bon sens. Un homme d’État doit toujours discipliner ses humeurs et les calquer sur la température de l’actualité.
Avant d’arriver à nourrir ces vaillantes ambitions expansionnistes qui vous tentent, avez-vous d’abord aménagé le reste du petit territoire que vous contrôlez, et qui vous dépasse déjà à développer ? Au fait, dites-nous, vous contrôlez encore quelle superficie au juste, sur les 475 000 km2 que nous avons reçus après les manœuvres des colons ? Avant de chanter la souveraineté, êtes-vous d’abord sorti de la dette colossale qui nous étrangle, du Franc CFA, des appartenances sectaires et ésotériques esclavagistes, où vous jouez aux espions au service des Maîtres blancs, que vous accusez maintenant d’êtres des soldats des guerres hybrides et que vous feignez de combattre en public ? Pourquoi l’épouvante ne vous rebute-t-elle plus ?
Et puis, qui vous dit que les États ne meurent pas, que les pays ne disparaissent pas et que les territoires ne renaissent pas ? L’URSS, l’Éthiopie, la Yougoslavie, le Soudan, etc., n’ont-ils pas éclaté ? La Pologne n’avait-elle pas disparu, pour réapparaître des années après ? Le Cameroun, jusque-là, n’a-t-il pas ressuscité quatre fois : République du Cameroun, République fédérale du Cameroun, République unie du Cameroun, République du Cameroun encore ? Pourquoi vous entretenez cette croyance déroutante qu’il ne renaitra plus de nouveau ? Seriez-vous le testamentaire d’une révélation républicaine ? Avez-vous lu Jean-Jacques Rousseau, qui a théorisé la forme de gouvernement dans laquelle vous servez actuellement en tant que « ministron » ?
Dire du Cameroun qu’il obéit à un modèle d’État westphalien est tout simplement un anachronisme écœurant. Le soutenir, c’est faire montre d’une cécité stratégique, politologique, juridique et philosophique sidérante. C’est lire l’actualité comme le manuel des mondes obsolètes. L’établir avec force, c’est étaler un fond abyssal d’inculture qui indique qu’on ne comprend rien du statut, des ordonnancements multiformes et des fonctionnalités actuelles qui font persévérer les États contemporains en tant qu’entités agissantes. Une telle impéritie (incompétence) permet de voir que le locuteur, en tant qu’indigène scientifique, ne connaît rien de moins que le frisson réconfortant que procurent les mécanismes idéologiques d’abêtissement et de déroute des consciences que ses complices mobilisent en permanence, pour lubrifier et sécuriser leur « gombo ».
Il faut se recycler…
II- Le principe de la contradiction dans le monde de la science, à l’Université
J’arrive au second point de ma réflexion, qui est suggérée par votre vigoureuse réponse que j’ai citée supra. J’observe que la recherche universitaire porte sur l’univers physique, le monde animé, les faits de société et la prospective. Il est donc édifiant, pour les étudiants, qu’ils prennent l’habitude, formatrice, d’assister aux joutes verbales des dinosaures de la pensée critique, comme vous, comme Achille Mbembe (pas les imposteurs qui ne savent que radoter), au lieu de se contenter de l’initiation à l’affalement humiliant des Professeurs ignares devant les administrateurs.
La liberté académique est l’aménagement des conditions pour un exercice des responsabilités pédagogiques, d’encadrement et de recherche (le devoir d’enseigner, en l’occurrence). On doit former des enfants d’autrui comme ceux de notre famille, c’est-à-dire avec une colonne vertébrale solide qui puisse résister aux chutes les plus traumatisantes qu’infligent la superficialité et le dogmatisme des maîtres ignorants.
Mon très remonté discoureur,
Mons expérience dans les Belles-lettres me prédispose à vous faire observer qu’il faut discourir avec tout l’agrément qu’offre l’art de convaincre, et de ne point suivre votre exemple. Vous postillonnez en parlant (comme ces gens qui vous sortent des mots mélangés avec la salive). Vous déblatérez et compliquez les échanges avec des souillures indignes de votre rang. Car débattre, n’est pas un supplice, c’est créer une complicité…
C’est pourquoi je persiste à penser qu’il faut élire les responsables de l’Université. Leur élection les purge de leur vide et prévient la survenue des indigestions du narcissisme et de la routine de la vanité.
L’université ne développe pas seulement des savoirs, mais aussi des savoir-faire et des savoir-être indispensables à la vie en société. La formation universitaire, aujourd’hui plus qu’hier, ne doit pas se limiter aux parures obligeantes des connaissances positives formelles revendiquées, sans une attestations dans le comportement de celui qui s’en revendique ; elle doit aussi consister en un vecteur de compétences, car elle aide à initier l’apprenant aux rudesses salvatrices du monde complexe et exigeant de la science et des pratiques de pouvoir qu’elle produit, expertise elle-même indispensable à une vie civile accomplie.
Il n’y a point de développement moral à la réalisation duquel l’universitaire prétendrait consacrer son temps, sans ces accords comportementaux. Son travail, c’est la promotion de la pensée, uniquement, au sens cartésien du terme. Pour Descartes en effet, la philosophie consiste en un travail d’élaboration rationnelle : « Par le mot penser, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevons immédiatement par nous-mêmes ; c’est pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, mais aussi sentir, est la même chose ici que penser ». Autrement dit, étudier, c’est imposer aux passions grégaires, aux intentions et autres comportements insensées le silence de l’exercice réflexif de méditation, dont l’enjeu est de faire prospérer la lucidité en chaque homme.
Toute autre tentative de définir autrement l’entraînement dans les Facultés et Grandes écoles travestirait l’esprit de la philosophie de l’enseignement supérieur et ferait de ce parcours, de cette discipline du regard et de cette option de comprendre le monde et le possible, un gadget à la disposition des cultivateurs de la crédulité, des dresseurs de volonté et autres directeurs de conscience, des détourneurs d’ambitions nobles et des sectaires de tous acabits.
Lorsque l’on porte le titre de Docteur Ph. D. (Philosophiæ Doctor), Docteur de philosophie, l’on devrait bien se représenter ce qu’on a comme diplôme. La philosophie dont il est question n’est pas la foi en soi, comme le sujet-distributeur des savoirs encyclopédiques : c’est la foi en tout autre prochain et lointain, appréhendé comme valeur suprême, avec des potentialités inouïes. Si c’est sur cet aspect que certains appellent « développement moral », c’est par abus de langage ; c’est une limitation de la portée du philosopher : la pensée critique déborde l’aspiration morale pour conquérir la vie !
Au cœur de la compétition des énergies critiques et des praxis en présence, elle fourbit ses armes et va au combat, sans complexe, avec l’assurance qu’elle est le premier pouvoir, qui est la conscience de la puissance de la liberté, incarnée en tout être humain, au travers de la capacité de chacun d’analyser, de comprendre et de choisir la meilleure option qui s’offre à lui. La philosophie, le droit et les autres arts se chargent d’entretenir cette culture individuelle et collective de la liberté. C’est pourquoi, on parle d’humanisme. L’humain dont il est question, ici, ce n’est ni le saint de l’Église ni le surhumain que façonnent les religions révélées : c’est le vivant primordial, en ce sens qu’il préexiste, impacte et conditionne tous les êtres possibles, chaque faire imaginable de ce monde et l’intelligence prospective de l’advenir.
Très renommé bonimenteur du Gouvernement de la République,
Un étudiant n’étudie pas seulement ses leçons ; il ne se contente pas de s’acclimater aux grandes idées du passé et aux figures trépassées qui les ont émises. Il étudie aussi tous les problèmes sensibles et les sujets délicats en débat dans la société, ainsi que les controverses qui interpellent sa conscience citoyenne. L’étudiant, au même titre que l’enseignant, est un personnage transhistorique, car il incarne et pérennise les mutations décisives en cours dans la société.
Aussi ne doivent-ils pas, tous les deux, se contenter de développer leur entendement ; ils ont le devoir impérieux de laisser épanouir leur sensibilité et d’affiner leurs compétences d’analyse, afin de capter les frémissements les plus souterrains qui agitent la cité et le cours du monde, et de prévisualiser les transformations les moins perceptibles et les enjeux dont ils sont les manifestations prématurées. En ce sens, enseignants et étudiants sont des laboureurs des évolutions les plus fécondes de l’humanité.
Cependant, un universitaire ne saurait utiliser le pouvoir que lui confère son expertise pointue (avérée ou pas), les compétences attachées au voir du cerveau, pour servir une cause injuste et immorale, sans se disqualifier du même coup sur la scène des réquisitions éthiques en quoi consiste la vie en communauté. C’est le cas lorsque, dans une situation donnée, un enseignant d’université recourt au révisionnisme cynique, en niant la réalité d’un différend, une situation tragique, et encourage la commission de crimes et un génocide, pour favoriser la victoire d’un camp, alors que l’enjeu du conflit peut être la préservation de l’épanouissement d’un avenir commun de tous les citoyens. Un tel négationnisme serait fatal. L’intervention complice serait interprétée comme une licence donnée aux forces réactionnaires du pouvoir exécutif, pour continuer les massacres et les justifier, après coup, à cause du silence complice des « penseurs de la société ».
Rassurez-vous, cependant. Le philosophe n’est pas un moralisateur ordinaire, qui suscite en permanence l’indignation en soi, comme un catéchiste, un prêtre, un iman, un rabbin ou n’importe quel prédicateur du salut éternel. Il est, au contraire, affecté à engager l’esprit et la volonté de chaque citoyen du monde à se déterminer à entretenir le jardin de sa liberté et à intervenir au cœur des grands enjeux qui interpellent l’humanité toute entière.
Très célèbre Terroriseur,
L’évolution des connaissances est permanente ; de nouveaux défis, avec de enjeux frais, prennent le dessus sur les problématiques anciennes. Dans la mesure où l’université est le lieu où l’identité nationale se forge, à travers les idées et les visions du monde qui s’y affrontent, l’université est un acteur central de la vie socio-politique. Elle contribue à aider à clarifier les situations auxquelles les populations font face au quotidien. En ce sens, « un débat de société est à l’image d’un vaste laboratoire vivant, humain. Il nourrit notre analyse critique » (Sophie D’Amours, Rectrice de l’Université Laval, « Protégeons la liberté académique).
Du point de vue des pragmatistes, une expérience n’est véritablement éducative que lorsqu’elle s’ouvre sur d’autres expériences et sur l’expérience des autres… C’est ainsi que John Dewey, dans Démocratie et éducation, estime que l’école doit contribuer à l’autotransformation démocratique de la société . À cet égard, il faut créer, au sein des institutions publiques d’enseignement supérieur, des Conseils d’université chargé d’apprécier les entorses ou les violations de la liberté d’expression et de la liberté académique…
Défendre le débat contradictoire, au sein de l’université, c’est vaincre, en amont, les injustices, la haine, la violence, la manipulation, l’intégrisme. Débattre, entre gens des arts et des lettres, entre scientifiques, c’est protéger les valeurs de rigueur, d’objectivité, de créativité et d’innovation en vigueur dans l’université…
III- MÉON, le Dernier Polymathe belliciste et guerroyeur que la terre ait connu
C’est trahir le peuple que de démissionner devant les responsabilités vitales qui nous échoient ou de choisir des camps qui travaillent pour le triomphe des intérêts particuliers, au détriment des options générales.
Mon très glorieux Contradicteur,
Un penseur qui nous surpasse tous les deux, tant en intelligence qu’en productions scientifiques, avait professé la polémique que nous entretenons aujourd’hui dans la famille universitaire camerounaise. Il avait soutenu que dans chaque famille, « il y a deux espèces d’hommes, ceux qui s’habituent au bruit et ceux qui essaient de faire taire les autres. […] L’un est gêné par le parfum des fleurs, l’autres par les éclats de voix ; l’un exige le silence du soir et l’autre le silence du matin ». Alain parlait de vous et moi ! Chacun de nous comprend l’autre comme le comble de l’incompréhension. Le problème, avec vous, c’est que vous vous enfoncez dans votre crédulité, alors que je m’efforce de me rassembler devant vous comme une lacune à la merci de vos coups, en mimant mes malheurs. J’ose prendre des risques, en remettant en question les assurances que vous procure la paix incendiaire que vos collègues du Gouvernement nous imposent. Car, penser c’est oser.
La paix est agréable ; la haine est triste. L’université nous enseigne que chaque Licencié est capable d’ordonner, à son intelligence, d’accoucher le monde. Reprenez cet exercice, si vous en avez convenance. Avec cela, vous ferez l’avenir. Vous prendrez alors le commandement de votre corps et, grâce à ce vouloir fougueux, vous retrouverez vos esprits séquestrés dans une avidité obscène, qui a réussi à vous chatouiller nerveusement et à vous faire ainsi délirer d’une euphorie lugubre. C’est ainsi qu’il faut comprendre les éclats de rire intempestifs qui parsèment vos interventions dans les réseaux sociaux : ce sont les marques de fabrique indélébiles des prédicateurs de la mort. C’est que leur suffisance finit par les exaspérer, eux-mêmes : ils se sentent, finalement, broussailleux, trop bêtes… Ils s’étranglent de réaliser, malgré le tapage, qu’ils sont rien (de bon).
Monsieur le Polymathe (esprit encyclopédique, qui connaît tout),
L’indignité la plus rebutante consiste à passer pour un « Grand », alors que l’on ressent, en soi, une âme indigente. Lorsqu’on ne se digère plus, il faut se ressaisir. Seuls les voyous ne discutent pas ; ils bagarrent en s’insultant copieusement. Ce n’est pas notre cas, je l’espère. Je note, toutefois, que fort de votre incapacité à me vaincre, en m’opposant des arguments décisifs en faveur de la guerre au NOSO, vous voulez singer la vermine, que vous n’êtes pas, en recourant à la diffamation éhontée.
Par ailleurs, il m’apparaît, clairement, que l’entêtement forcené d’un régime à privilégier la solution militaire est fonction du degré de légitimité qui constitue son passif et son actif. Dans le cas d’espèce, lorsqu’on y fait vraiment attention, on réalise que vous ne voulez ni le fédéralisme ni la décentralisation. Vous voulez seulement la paix la moins chère possible, celle qui maintiendrait intactes vos prébendes et fluidifierait les circuits de la prévarication.
Mais le même sage de tout à l’heure vous prévient : « Je hais cette éloquence de croquemort. Il faut prêcher sur la vie, non sur la mort ; répandre l’espoir, non la crainte ; et cultiver en commun la joie, vrai trésor humain. C’est le secret des grands sages, et ce sera la lumière de demain ».
C’est pourquoi, l’histoire ne vous accordera pas les 50 ans que vous réclamez pour répandre les ténèbres dans le pays. Si vous n’arrêtez pas cette guerre maintenant, elle va vous emporter. L’État, c’est d’abord le peuple, NOUS !
Fridolin NKE
Expert en discernement