Eugene Nyambal:POURQUOI DOIT-ON POURSUIVRE EN JUSTICE LES AUTEURS DE LA DESTRUCTION DU MONUMENT DE RUBEN UM NYOBE
C’est une honte indescriptible de détruire ou laisser détruire, en plein jour, au coeur de la capitale économique du Cameroun, le monument en cours d’édification à la mémoire de notre Héros National, Ruben UM NYOBE. C’est la seconde mort du Père de l’Indépendance. Dans nos sociétés traditionnelles, une telle tragédie n’arrive et ne reste impunie que lorsque le défunt n’a pas laissé de descendance ou a été banni par la société avant sa mort. Est-ce le sort du Mpodol dans le Cameroun d’aujourd’hui?
Est-ce qu’une société basée sur l’état de droit peut permettre à des groupes d’individus, fussent-ils Chefs traditionnels, de se faire justice et de détruire impunément un bien public édifié grâce aux impôts de tous les Camerounais en vue d’honorer la mémoire d’un Grand Homme Trans-ethnique dont les héritiers se retrouvent dans tous les corps, toutes les couches et toutes les régions du triangle national ?
Cet acte d’ensauvagement d’un groupe de voyous qui s’en prend à Um Nyobe, après avoir souillé la mémoire de Douala Manga Bell et transformé son palais en un haut lieu de débauche, montre à suffisance l’échec de l’Ecole et l’incapacité de l’ensemble des canaux de socialisation de la République à inculquer aux citoyens l’esprit de patriotisme, de rationalité et du vivre-ensemble.
A ce jour, aucune partie du Cameroun, aucun citoyen de ce pays, fût-il sous l’emprise de substances jugées toxiques, n’avait osé désacraliser l’un des principaux héros de notre Histoire moderne. L’acte de vandalisme de ces tontons macoutes est d’une extrême gravité dans la construction de la mémoire collective. De ce fait, il ne saurait rester impuni.
Au vu des images diffusées, force doit revenir à la loi et les auteurs de ces actes de vandalisme devraient être poursuivis pour destruction d’un édifice public. L’initiative d’une telle action est un devoir patriotique, elle appartient à tous les Camerounais. Ce serait la preuve vivante que dans notre diversité, nous sommes tous des enfants de Ruben Um Nyobe, de Douala Manga Bell et des autres héros du Cameroun dont le point commun était le rejet de l’esprit de clocher et de la division sur des bases ethno-centriques.
Au vu des liens historiques de fraternité, des mélanges sociologiques entre les Bassa et les Douala et du rôle majeur des leaders Douala dans la résistance (Rudolf Douala Manga Bell, Bebey Eyidi, etc.), je ne savais pas que de mon vivant, je verrais un sous-groupe issu du peuple Sawa se faire instrumentaliser pour ramener le Père de l’Indépendance à une dimension purement ethnique et s’en prendre à un groupe allié ayant toujours servi de rempart à un voisin en voie d’extinction démographique.
Pourquoi ces tontons Macoutes du canton Bell acceptent-ils les statues des bourreaux du Cameroun en plein coeur de Douala. Pourquoi ne s’associent-ils pas au combat de notre frère Essama pour honorer nos héros nationaux? Est-ce que ces gens oublient que le pays Bassa/Bakoko commence en plein cœur de Douala pour s’étendre jusqu’aux portes de Yaoundé et que nombre de Chefferies à Douala portent des noms purement Bassa? Est ce qu’ils sont conscients qu’ils sont en train de trahir le combat nationaliste des héros Douala qu’ils prétendent défendre (Douala Manga Bell, Bebey Eyidi, etc.) et de créer un fardeau de déshonneur lourd à porter pour leur progéniture?
Est-ce qu’ils sont conscients que l’érection d’un monument relève de l’autorité publique ; la communauté urbaine en l’occurrence ; et non d’une bande de zombis égarés, enivrés par l’ignorance et la pompe à bière qui coule à flot pour entretenir la servitude et l’insoutenable médiocrité.
Non, ces marginaux ne savent pas ce qu’ils font. Non, ils ne représentent pas tous les Douala. En détruisant le monument de Ruben UM NYOBE, le canton BELL a failli et trahi la mémoire de l’ensemble de nos héros, y compris ceux qu’ils prétendent défendre. Douala Manga Bell, Martin Paul Samba, Charles Atangana, UM Nyobe, Félix Moumié, Ernest Ouandji et les autres héros nationaux n’auraient jamais accepté que les Camerounais se divisent autour de leur mémoire respective. Car ils n’appartiennent plus à leurs ethnies. Ils font partie du patrimoine commun.
La Chefferie Belloise doit faire amende honorable en apportant toute sa bénédiction à l’édification du monument célébrant la mémoire de Ruben UM NYOBE à Douala. Les Bellois pourraient être aidés en cela par les conseils bienveillants des autres Chefferies Douala (Akwa, Deido et Bassa Ba Douala) ou en cas de besoin, par voie de contrainte, y compris judicaire, de la part des autres héritiers de Ruben UM Nyobe que compte le Cameroun pour envoyer un message fort à toutes les forces centrifuges et ethno-centriques qui propagent au quotidien le poison de la division.
Source:Eugene Nyambal