Cameroun: Si ça n’est pas une dictature, ça y ressemble

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Jusqu’alors, elle ne disait pas son nom. Mais désormais, elle se bombe le torse. Ses sicaires les plus zélés, de rodomontades en menaces et violations de tout ordre, répandent la peur…

La dictature. Oui, la dictature, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, s’est installée et prend ses aises. Et son principal allié c’est la peur.

En effet, la peur, cette peur qui se lit ici et là, qui rend cette atmosphère lourde, épaisse à couper au couteau… Cette peur qui est le principal outil de ceux entre les mains de qui le pays a échoué. Et qui est pétrie grossièrement dans la pâte de nos vieilles appréhensions : on a peur d’être arrêté ( il n’y a plus besoin d’une raison légalement valable pour cela), de perdre un avantage ( que l’on n’a même pas), de perdre une situation, de ne plus être en sécurité ( alors que plus personne ne l’est ). On a peur de son ombre, désormais.

Oui, on a peur. Parce que, l’autre instrument de la symphonie de la dictature se joue à fond la caisse : l’emprisonnement. On arrête et on emprisonne à tour de bras.

On prive de liberté les uns, pour priver de libertés les autres: ” restez tranquilles, sinon on va vous enfermer, dans nos prisons pourries. ” CQFD. Ici commence la torture, autre cithare de l’orchestre philharmonique de la dictature. On torture à ciel ouvert, afin que tous ceux qui sont tentés de lever la tête, restent où ils sont. Arrêter, emprisonner, torturer. Le rythme de la dictature est donné .

Il fallait quelque chose d’harmonie à cette partition dictatoriale ? Les lois scélérates de la lutte contre le terrorisme sont là, qui donnent un semblant de légalité à tous les forfaits qui se trament. Le Tribunal Militaire, grand théâtre de ce concert au goût douteux, se souille des chairs écrasées et du sang des innocents. L’armée, la police sont les complices de cet asservissement au profit d’une toute petite poignée. Ils souillent leurs vareuses en s’abaissant à cette besogne sans honneur.

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Il faut contrôler l’information. C’est essentiel dans la mise en musique d’une dictature. Une nuée de gazettes stipendiées fait chorus, à chaque toussotement, en répandant la haine par des complots que l’on découvre tous les matins. Aucune fable n’est trop ubuesque, aucun mensonge n’est assez gros, pour justifier les errements d’un système qui salit tout ce qu’il touche… Chaque jour, il y a quelqu’un qui en veut à mort au régime et à sa pérennité, et à son “père” et à sa “mère”, les empêchant ainsi de mener la nation vers son “grand destin”.

Le pays va mal. Le dire c’est commettre le crime de lèse majesté. L’exprimer, c’est être hostile à la patrie, selon le lexique fleuri de la Justice militaire qui juge des civils.

Jusqu’à où va-t-on aller?

Les âmes sensibles furent choquées par les effigies renversées l’autre jour… Oui, c’est ainsi que s’achèvent les dictatures : ces images chaotiques où des mains vengeresses déboulonnent les statues pendant que d’autres pissent sur les images autrefois sacrées.

Haman Mana,
L’éditorial du Jour, ce 21/2/2019

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