Jean Pierre Bekolo: CECI… EXPLIQUE CELA

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Tout ce qui nous a semblé comme incohérence ces derniers mois est un puzzle qui trouve tout son sens dès qu’on a vu cette video de Paul Biya au Palais de l’Unité ce 20 mai.

Le Cameroun serait dirigé par un collège de ministres qui, dans une espèce de consensus se sont eux-mêmes nommés, voire maintenus en s’attribuant les postes… après leur “victoire” à cette élection présidentielle qui fut en fait la leur. Pouvaient-ils faire un remaniement ministériel pour se remanier eux mêmes?
Ce qu’on appelle “cacophonie du gouvernement” confirme bien c’est une collégialité avec au moins deux pôles qui gère le Cameroun. La gestion du Cameroun ressemble à celle de Paul Biya mais elle n’est pas de Paul Biya; il s’agit d’une mais ce n’est pas l’original malgré “la délégation permanente de signature”; pour preuve les arrestations de l’ex-ministre de la défense et son épouse, les condamnations de l’ex DG de la CRTV et de l’ex ministre des finances essayaient de jouer un jeu connu de Paul Biya… afin de faire oublier l’arrestation des leaders du MRC.
La stratégie de renvoyer tout le monde aux prochaines échéances électorales et de faire taire toute contestations des précédentes est le projet de la nouvelle tête du pays pour gagner du temps. Sauf qu’il s’agit d’un monstre à plusieurs têtes, héritage des 37 ans du “diviser pour régner” de Paul Biya.
Maintenant qu’il n’est plus là, l’homme qui s’était arranger à être et à rester le seul et unique fédérateur voit les différentes polarités se manifester. La nervosité et la brutalité actuelle ne peuvent se comprendre que parce que Paul Biya n’”existe plus”! Ce n’est pas une guerre de succession mais plutôt une guerre sur “comment on se maintient” au pouvoir qui est entrain de se jouer. Et “la délégation permanente de signature” se trouve dans la même ligne qui renforce le pouvoir d’un camp contre l’autre, tout comme le premier ministre qui se trouve être juste un ministre comme les autres dans cette collégialité se voit ouvertement recadré par un simple ministre dont il est censé être le chef. Tout ceci au lieu de l’attribuer à un jeu de Paul Biya, nous devons désormais le comprendre comme une lutte interne au sein de cette collegialité.

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Il devient désormais évident que nous qui nous adressons à Paul Biya perdons notre temps car Paul Biya n’existe plus, ou s’il existe,il n’existe pour cette collégialité, que pour servir de bouclier, voire de sacrifié face aux menaces et aux condamnations de l’ONU, de l’Union Européenne, des Americains et peut-être prochainement de la CPI. Et on voit bien que ces ministres de la collégialité qui gèrent aujourd’hui le Cameroun essayent de se donner le moral en se disant qu’il n’y aura pas vraiment de sanctions contre eux, qu’il n’y aura pas d’intervention militaire pour les faire partir et encore moins les arrêter.
Ceci explique aussi la raison pour laquelle ils laissent la violence se poursuivre et refusent de faire libérer les leaders du MRC qui sont devenus leurs principaux concurrents, d’autant plus qu’ils estiment qu’ils ont gagné les élections.

La question déterminante aujourd’hui est la suivante. Les Camerounais acceptent-ils que se poursuive pendant 6 ans encore cette gestion collégiale “cacophonique” avec plusieurs têtes – donc un monstre – qui va, comme ses Tweet nous servir du Paul Biya sans que ce soit lui?
Les camerounais qui ont désormais accepté de ne pas se révolter, qui acceptent l’absence de logique de ce pouvoir, qui acceptent l’absence de partage avec le plus grand nombre des privilèges, qui acceptent de se résigner parce qu’ils sont tenus par leur employeur l’Etat… Ces Camerounais doivent savoir qu’ils vivent désormais sous un nouveau régime avec un programme qui va:
continuer à refuser le dialogue car si ce dernier a lieu, il va de fait démanteler et les désarmer car tout ce dont ils disposent c’est la force.
renforcer la prédation de la fortune publique car eux qui vont au charbon pour soutenir les collégialité qui dirige ne voudront plus y aller pour rien… pendant que les autres “mangent”, la fuite des documents confidentiels le confirme. Aussi le film de la fin qui se déroule sous les yeux de ceux qui sont aux affaire va amplifier cette prédation par sentiment d’insécurité face à l’avenir.
renforcer la violence car la frilosité que ce “coup d’Etat” et prise de pouvoir par la “collégialité“soit démasqué voire stoppé va renforcer la répression contre les libertés.
renforcer le tribalisme car quand bien cette “collégialité” inviterait à la “mangeoire” les autres ethnies pour faire “l’équilibre régional” comme Paul Biya l’a fait pendant 37 ans, il serait difficile de ne pas y voir une instrumentalisation de l’ethnie de Paul Biya qui se servirait des autres comme des “marionnettes” pour leur propre pérennité.

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renforcer l’isolement du Cameroun sur la scène internationale car les campagnes de dénonciation s’amplifient et commencent à avoir un écho.
paralyser l’appareil administratif car les conflits au sommet vont se répercuter à la base et bloquer la machine administrative.
renforcer les difficultés économiques et donc la pauvreté car l’argent va plus servir à financer le maintient au pouvoir de cette “collégialité” qu’à developper le pays. etc. etc.

Maintenant qu’ils savent que Paul Biya n’est plus là, les Camerounais accepteront-ils de rester “comme ça” puisque que beaucoup sont dans le “mieux on reste comme ça”… et pour 6 ans encore dans ce qu’on appelle “cacophonie” mais qui est en fait est une musique á laquelle ils devront s’habituer; c’est à dire le son chaos!

Jean Pierre Bekolo

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