Père Lado: Paul Biya:« un veau en métal fondu » devant lequel son entourage se prosterne

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LE PRÉSIDENT PRODIGUE ?

Paul Biya sera-t-il le président prodigue comme l’enfant prodigue de l’évangile de ce dimanche ? Ou bien faut-il plutôt le comparer à Moïse, ce leader à qui Dieu dit dans la première lecture : «Va, descends, car ton peuple s’est corrompu… ». L’actualité camerounaise de la semaine qui s’achève a été dominée par le mot « Dialogue », enfin sorti de la bouche du Grand Muet, le président Paul Biya. En effet, comme Dieu, Paul Biya parle rarement, en général pas plus de deux fois par an. Jamais un de ses discours n’aura été si attendu et si suivi. Mais la parole des hommes, des mortels, ne nourrit l’espérance d’un peuple que si elle est inspirée par la Parole de Dieu.

Dans le cas de Moïse, c’est le peuple qui s’est corrompu, et on peut, dans une certaine mesure, le dire aussi du peuple Camerounais, ce pays qui ruisselle d’injustices et de corruption. Cette année encore les résultats de l’ENAM ont confirmé la corruption de tout un système, de tout un régime où le népotisme prime sur le mérite. Oui, « Va, descends, car ton peuple s’est corrompu… », un peuple à la nuque raide : « Ils se sont fait un veau en métal fondu et se sont prosternés devant lui. »

Le problème au Cameroun est que l’entourage de Biya lui-même a fait de lui « un veau en métal fondu » devant lequel il se prosterne.

Ils applaudissent le vieillard dans tous ses égarements. Hier, ses créatures l’applaudissaient dans l’obstination de la répression sanglante de la dissidence anglophone, malgré les appels au dialogue. Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui l’applaudissent dans la prescription d’un dialogue national, mais après 3000 morts. Oui, entretemps, le sang a coulé. Moïse, nous dit la première lecture, apaisa le visage de Dieu pour qu’il renonce à exterminer un peuple corrompu.

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Le discours de Paul Biya réussira-t-il à apaiser la colère Dieu contre son régime rongé par la corruption et l’injustice ? Difficile à dire, car la différence entre Paul Biya et Moïse est que le leadership de Moïse découlait de la contemplation de la face de Dieu. Alors que celui de Paul Biya découle d’un mélange de pression internationale et d’intérêts égoïstes de ses crétures.

Le Cameroun échappera-t-il à la colère de Dieu ? Ce n’est pas impossible, car après tout, l’évangile de ce dimanche révèle le cœur de Dieu, un cœur miséricordieux : « Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

Paul Biya sera-t-il le président prodigue comme l’enfant prodigue de l’évangile ? Le temps nous le dira. Après tout, il se nomme Paul, homonyme de saint Paul, qui, dans la seconde lecture, partage son expérience de la miséricorde de Dieu: « Bien-aimé, je suis plein de gratitude envers celui qui me donne la force, le Christ Jésus notre Seigneur, car il m’a estimé digne de confiance lorsqu’il m’a chargé du ministère, moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent.

Mais il m’a été fait miséricorde, car j’avais agi par ignorance, n’ayant pas encore la foi ; la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante, avec la foi, et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus. » Peut-être que de persécuteur des anglophones, Paul d’Etoudi qui « agissait par ignorance » aurait retrouvé la foi. Si c’est le cas, comment ne pas partager la joie du ciel dont il est question dans l’évangile : « Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. »

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Le péché est certes un égarement individuel comme l’illustre bien la parole de l’enfant prodigue, mais il a aussi une dimension collective comme le montre la corruption du peuple d’Israël dans la première lecture ou encore la corruption du peuple camerounais aujourd’hui. La corruption est collective et le sursaut doit être collectif. La bonne nouvelle est que Dieu n’enferme aucune personne et aucun peuple dans son passé, fût-il négatif.

Il suffit que le peuple Camerounais, comme l’enfant prodigue, « rentre en lui-même » pour se ressaisir et rebondir comme peuple prodigue. Seule la conversion de cœur sauvera le Cameroun du naufrage. En spiritualité, il n’y a pas de raccourcis. Chaque camerounais, en commençant par Paul Biya, doit d’abord avouer comme Saint Paul : « Moi, je suis le premier des pécheurs » (deuxième lecture) ou comme l’enfant prodigue : «Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi » (évangile). Le dialogue sans conversion est illusoire, car la conversion conduit à la miséricorde et ouvre la porte à la réconciliation. Dieu est cohérent ! « Au roi des siècles, au Dieu immortel, invisible et unique, honneur et gloire pour les siècles des siècles ». Il n’y en a qu’un seul !

Ludovic Lado, Jésuite !

MA CHRONIQUE DU DIMANCHE 15-09-2019

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