Titus Edzoa accuse le régime Biya de sorcellerie

PHILOSOPHIE OU SORCELLERIE: TITUS EDZOA SE DÉVOILE
C’est dans un Livre paru en Avril 2012 Intitulé «Méditations de prison», Editions Karthala, avril 2012, 155 pages, 15 000 Fcfa.

«Boire tout frais du sang humain, c’est particulièrement excitant pour les caprices des démons»

L’ouvrage publié par l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, emprisonné depuis près de 15 ans au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed), est le résumé d’une cogitation intellectuelle d’un homme libre d’esprit, malgré toutes les humiliations subies depuis son incarcération. Un ouvrage troublant.

Les plus grandes dictatures brutales dans l’histoire ont toujours redouté les hommes libres d’esprit. On peut procéder à la plus bête des répressions, actionner le plus violent des rouleaux compresseurs, activer la plus infâme des barbaries humaines, et surtout monter les plus horribles des stratagèmes de lavage de cerveau, difficilement on arrive à changer de conviction un homme qui se veut affranchi d’esprit. Le Pr Titus Edzoa fait assurément partie de ces hommes incontrôlables spirituellement, et qui savent assumer leurs idées et leurs actes, quand bien même, comme autrefois Socrate, grande référence de l’histoire de la philosophie, ils étaient âprement invités à boire la ciguë. Il faut lire son ouvrage « Méditations de prison (Yaoundé, Cameroun). Echos de mes silences », récemment édité chez Karthala pour en être édifié.

L’opuscule est préfacé par Odile Tobner. La courageuse et infatigable protectrice des Droits de l’homme, veuve du vénérable écrivain Mongo Beti, prévient le lecteur tout de suite : « Les méditations qu’il (le Pr Titus Edzoa Ndlr) nous livre, sur son expérience de la captivité, de la solitude, mais aussi sur les thèmes spéculatifs des nombres, de Dieu, sont toutes marquées par la lucidité, la limpidité, la clarté résultant de la maîtrise de l’esprit et de la parole qui sont les siennes, loin des fantasmes et des élucubrations que des esprits faibles peuvent concevoir au contact de réalités qui les écrasent ». C’est dire que dans la souffrance qui est la sienne depuis 15 ans, née de la volonté morbide des tragédiens de la « justice des puissants », décidés à le broyer, le Pr Titus Edzoa est resté debout et émancipé d’esprit. C’est ainsi que dans le silence du « trou noir » qui lui sert de cellule, dans cette « prison » qu’il a eu l’honneur d’inaugurer il y a 15 ans de cela, il envoie à travers cet ouvrage, à ses pourfendeurs, ses détracteurs, mais surtout à ses bourreaux (ceux qui s’échinent au quotidien à l’œuvre de la tentative de son anéantissement, mais aussi à leurs commanditaires), le troublant message intellectuel qu’il demeure lucide.

Enseignements

« Méditations de prison » dans ses 155 pages se lit facilement, certes. Mais le message de chaque chapitre, de chaque phrase est dense. En fait, le Pr Titus Edzoa se livre à une leçon de vie. Celle de sa vie en prison. Bref un ensemble d’enseignements sur la vie. Comme un moine chartreux qui scrute chaque jour le cri des oiseaux dès le lever du soleil, le rythme des battements de son cœur et les bruits sonores qui réussissent à lui parvenir du monde extérieur, Titus Edzoa a évalué chaque jour depuis maintenant 15 ans, les jappements des cafards, les bruissements des souris, et les bourdonnements incessants des moustiques. Cela a donc produit cette série de méditations sur la prison, la torture, le gendarme, la justice, la politique, le silence, les mysticismes, les mystères des nombres ; ou encore sur des concepts comme le destin, la vie et la mort, l’argent et le bonheur, l’amour, « Dieu », l’Epiphanie d’un visage, le temps…

Si on est tout admiratif devant la qualité à la fois esthétique et enfoncée de l’écrire de cet intellectuel qui a fait ses études en Italie, siège par excellence des humanités, on est tout aussi séduit par la profondeur de sa pensée sur les concepts qu’il soumet à la réflexion. Pr Titus Edzoa n’utilise pas des mots ronflants, comme font certains dans la littérature des thuriféraires et autres absurdes zélateurs, un peu comme pour épater leurs contemporains. Il écrit en utilisant des mots qui traduisent sa liberté d’esprit, et la profondeur de sa pensée. Ainsi de la politique, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur prend du temps pour en traduire le sens simultané. « La politique, nébuleuse insaisissable aussi diffuse que l’univers, aussi vieille que l’Histoire, aussi complexe que l’Humanité !…Elle est définie tantôt comme une science, tantôt comme un art, ou les deux à la fois…l’adret pour les uns, l’ubac pour les autres…(…) En son nom, que de contradictions, de heurts, de guerres, de tortures, de défaites, de victoires !…Le bonheur des uns faisant le malheur des autres. »

Tout comme lorsque l’auteur explique les mystères des nombres, on est impressionné de le voir « enseigner » de la mathématique fondamentale avec comme finalité, la mise à disposition de notre entendement qui permet d’interpréter une réalité intentionnellement dissimulée.

On apprend finalement beaucoup de choses en lisant le livre que vient de commettre Titus Edzoa. Notamment sur tout ce qui caractérise le pouvoir de Paul Biya qui tient le Cameroun et les Camerounais en caution depuis 30 ans maintenant. Notamment comment l’argent avilie certains hauts commis du régime au point de les déshumaniser. Ou encore, comment certains pour accéder au pouvoir vont jusqu’à boire du sang humain (lire les Bonnes feuilles) et se livrent à des sacrifices d’une horreur qui n’a pas de nom. En réalité, cet ouvrage aurait bien pu s’appeler aussi « Méditations philosophiques d’un prisonnier », tellement l’auteur s’enlise dans la réflexion sur toutes les questions et sujets, qui ont tous trait à l’essence et à l’existence de l’Homme. Les Camerounais qui le liront auront certainement l’occasion de s’adonner à la réflexion et trouver ce monde éphémère. Certainement aussi les générations futures celles d’ici ou d’ailleurs, pourront, tôt ou tard, lire cet ouvrage dans un programme scolaire, ici ou aussi ailleurs.

Jean François CHANNON

 

Titus Edzoa, «Méditations de prison», Editions Karthala, avril 2012, 155 pages, 15 000 Fcfa.

“Bonnes feuilles: Titus Edzoa, l’occultisme et le système Biya

Boire tout frais du sang humain, c’est partic

 

ulièrement excitant pour les caprices des démons ; lassé des langoureuses divines sirènes, trop exigeantes et jalouses, l’on se fait incube, pour priver de leur virginité des nymphettes aussi lascives que naïves : cela procure de la jouvence à perpétuité ; pratiquer comme rituel de purification et d’allégeance l’homosexualité, c’est une haute distinction discriminatoire pour l’honorabilité de la confrérie supposée prestigieuse ; engager en astral des combats nocturnes épiques et suicidaires sur des « avions-tapis volants », bourrés de missiles incendiaires, l’ennemi redouté ne s’éliminant que de nuit, déguster de la chair humaine faisandée à l’étouffée, c’est de l’ambroisie pour l’éternité ; livrer en sacrifice à la confrérie et, tour à tour, le plus aimé de ses proches, c’est renforcer la solidarité et la respectabilité du groupe ; organiser des messes sabbatiques, très noires en couleur, pour défier le Dieu tout puissant entouré de sa cohorte de saints, de bienheureux et consorts ; pactiser avec Lucifer, le diable doublement connu, le plus redouté parce que le plus redoutable, en signe de fierté d’être son flambeau de l’incarnation du mal ; forniquer avec des cadavres féminins, à défaut de harpies particulièrement décaties, ça donne de la pêche et du courage ; s’abreuver de coctions hallucinogènes, c’est l’accès assuré au royaume des ancêtres, éternels gardiens de la sagesse ; consulter de vieux grimoires, pour y découvrir des formules magiques : ainsi à la carte peut-on tuer à l’envi, avant de périr soi-même heureux, comblé d’une mort violente…, car parait-il, tout « mystique » meurt toujours d’une mort violente, et toute mort violente démasque « tout mystique camouflé »… ; ablutions, bains publics en tenue d’Adam et lavements d’écorces diverses, assorties de force piment et poivre, en cocktails explosifs, voilà qui « blinde », immunise contre des sortilèges de tous genres, rendant invulnérable à toutes balles et flèches empoisonnées, visibles ou invisibles, à toutes attaques, de jour comme de nuit ; se rendre invisible par des « mots de passe-passe », avec la faculté, le pouvoir de détruire préventivement l’autre, et cela d’une façon ostentatoire, car le secret pourrait occulter la puissance ; posséder l’âme de l’autre, en même temps jouir du privilège du pouvoir d’exorciser, car il faut être un brin diable pour terrasser le démon ; passer à travers les fissures des murs, les palâtres des serrures, en démonstration du pouvoir d’ubiquité… Et bien d’autres prouesses, bien d’autres fadaises, encore et encore !

Décapant et fantasmagorique, c’est un empire qui, en permanence, se voit métamorphosé de l’illusion la plus étonnante à une prétendue réalité, submergé par l’ignorance et l’obscurantisme ! Et pour causes ? Pour acquérir, paraît-il, toujours plus de pouvoir, plus de puissance, afin de posséder, accumuler force richesses, dans l’ostentation qui terrifie ; dominer tout et dominer tous ; accéder à des fonctions les plus prestigieuses de la société, où argent et biens matériels seraient l’aboutissement glorieux et mirobolant d’une vie réussie de prétendu bonheur !!!

Royaume de l’occultisme, empire de la sorcellerie. Voilà comment, hélas, est perçu le mysticisme, dans une société gavée d’ignorance et sans défense, victime d’un empoisonnement mental délétère et subtilement distillé, sous un joug déconcertant des forces obscurantistes ! « L’Homme contemporain cherche le plaisir sans le bonheur, le bonheur sans la science et la science sans la sagesse », disait déjà, il y a un siècle environ, Edouard Schuré…

Ce royaume des fantasmes comprend trois grands groupes interdépendants :
Le premier : il est constitué de tous ces charlatans et myriades de sorciers, auteurs et vendeurs d’illusions à l’encan ; exaltés par une auto-contemplation et par un narcissisme hors du commun, ils s’attribuent de prétendus pouvoirs cyclopéens ; il se peut que certains d’entre eux aient eu un accès furtif, à quelques moments de leur existence, à certains aspects des lois universelles, sans maîtrise aucune ; et dans une ignorance caractérisée, ils s’en servent, les manipulant dangereusement à leurs risques et périls, pour arnaquer, hanter, harceler, prendre en otage leurs victimes trop crédules et sans défense ; pour des fins égoïstes, ils se font passer pour des chantres patentés de la « magie », obsédés par leurs propres turpitudes, peurs, angoisses et défaites refoulées… Quel cynique courage !

Le deuxième groupe : il comprend des individus de tous genres aussi, affiliés à des mouvements ou organisations religieux ou non, prétendument altruistes et charitables, pour le moins respectables et quelquefois reconnus dans le monde ; ils se distinguent par des envolées verbales violentes et dilatoires, opposant foi et raison, amalgamant savoir et connaissance, fanatisme et vérité, violence et rédemption, distillant aussi, depuis leur apparence hégémonie et condescendance sociétales ou cléricales, le venin mental de la peur et de la condamnation qui « assassine » l’âme indocile. Dans une attitude honteusement hypocrite, ils confondent deux mondes diamétralement opposés, se délectant à diaboliser, à tout crin, le mysticisme authentique, dévoilant fantasmagorique mitoyen, de même nature que le premier, dont ils prétendent pourtant dénoncer les frasques. Leur extrême et inlassable violence est aussi surprenante que suspecte : l’attrait permanent que suscite le monde illusoire charlatanesque assécherait inexorablement les théories de leurs chapelles de plus en plus parsemées. Une attitude qui prend résolument l’allure d’un combat sans merci d’hégémonie, bien loin de la charité rédemptrice et oblative, psalmodiée par ces exaltés dangereux. Ce groupe est au moins aussi nuisible que le premier.

Le troisième et le dernier groupe : c’est cette masse anonyme, englobant tous ces êtres fragilisés par les dures expériences de la vie, plongés quelquefois dans l’abîme du désarroi et du désespoir, et qui cherchent des solutions faciles, voire miraculeuses à leurs problèmes. Soumis depuis leur enfance à cet environnement malsain, hypocrite et ignorant, leur mental empoisonné et déséquilibré s’est progressivement imbibé de schèmes d’horreur, de peurs, se faisant esclave de fantasmes et otage d’une déconcertante supercherie. Ils sont des victimes privilégiées autant du premier que du deuxième groupe, une clientèle rentable à fort prix, au mépris de leur dignité et de leur naïve sincérité…

Voilà ce que le mysticisme ne peut pas être !

Voilà ce que le mysticisme n’est pas !

 

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