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Crise Anglophone : Le comble de l’impostureCrise Anglophone : Le comble de l’imposture – Icicemac

Crise Anglophone : Le comble de l’impostureCrise Anglophone : Le comble de l’imposture

La convergence des intérêts de tous ceux qui profitent du statut quo du régime jacobin et hyper centralisateur en place présentement au Cameroun, notamment les sympathisants du régime du président Biya et la Françafrique, a donné naissance à une série d’impostures qui méritent d’être élucidées relativement à la crise Anglophone.
En autorisant au parti-État qu’est le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) de manifester en toute exclusivité dans le cadre de la crise Anglophone tout en interdisant à tous les partis d’opposition de faire autant, l’État a décrété le monopole du patriotisme camerounais au seul parti politique du Président. C’est une imposture criarde, surtout lorsqu’on réalise que notre pays se retrouve dans cette situation de chaos en raison de l’incompétence et de la mauvaise foi du régime du RDPC au pouvoir, ne fût-ce que pour les trois raisons suivantes :


1. En emprisonnant tous les leaders Anglophones modérés dès le début de la crise, le régime du RDPC a donné le monopole de la voix au minuscule groupuscule d’extrémistes indépendantistes, qui ont occupé tout le vacuum ainsi créé dans le camp de la contestation Anglophone;

2. Le présent chaos est le fruit de la mauvaise gestion de cette crise qui a commencé il y de cela bientôt une année par des simples revendications corporatistes élémentaires et s’est progressivement compliqué à cause des actions de mauvaises foi successives du chef de l’État. Il s’agit par conséquent d’une autre gracieuseté du régime du RDPC.

3. La marginalisation dont il est question en filigrane dans cette crise Anglophone aurait pu être évitée si le régime du RDPC n’avait tout simplement pas refusé d’appliquer la constitution qui avait pourtant prescrit la décentralisation depuis 1996, soit plus de 20 années avant le début de la crise actuelle.

Par sa nouvelle posture de patriotisme de pacotille, le RDPC qui a mis notre pays dans le présent désordre est ce pyromane qui se déguise et joue le sapeur-pompier éteignant le feu qu’il a lui-même allumé.
Tous les appels à la négociation sans exclusive ni préalable avec la communauté Anglophone sur la forme de l’État en question pour régler les problèmes de fond de la crise qui fusent de diverses parties prenantes à travers le monde sont toujours royalement ignorés par le Président de la République Paul Biya.
Pour prendre l’initiative d’ignorer toutes ces multiples demandes et appels précités à la négociation, le Président de la République et ses partisans doivent sans doute avoir une foi inébranlable dans leurs méthodes habituelles de résolution de toute crise sociale au Cameroun : la tromperie, la brutalité, le massacre et l’intimidation de la population. Ce sentiment de suffisance du Président et l’arrogance de ceux qui supportent son régime semblent se nourrir d’une analyse fallacieuse découlant du constat de la supériorité militaire unilatérale et évidente des forces de sécurité face à la population Anglophone aux mains nues. Au-delà de la faillite morale de cette manière meurtrière de gouverner au 21ieme siècle, il y a également la faillite de l’hypothèse fondamentale qui la sous-tend en filigrane: l’hypothèse non démontrée selon laquelle ce déséquilibre de forces sur le terrain est permanent et restera ainsi, inchangée et immuable à perpétuité.

L’histoire  générale des conflits dans le monde, et particulièrement celle récente de cette même crise Anglophone nous enseigne que l’élève peut apprendre vite et finir par dépasser le maître dans son propre jeu.
Souvenons-nous que de 1939 à 1941, l’Allemagne Nazie ergotait, pavanait, narguait ses victimes et célébrait ses précoces victoires des batailles du début de la guerre. Mais, au final, la défaite la plus retentissante de l’histoire de l’humanité fut infligée aux Nazis. Qu’arrivera-t-il à notre pays si acculés au mur, les Anglophones décident pour se défendre et pour leur survie, de constituer une armée de guérilla comme il s’en construit par dizaines ailleurs dans le monde? Dès lors que les victimes de la violence commenceront à se compter par milliers dans les deux bords du conflit, nous Camerounais n’aurons que nos yeux pour pleurer et regretter les multiples opportunités de négociations que le pouvoir de Yaoundé a refusé d’initier.


Une virulente campagne médiatique du réseau de la Françafrique pour diaboliser les protestations publiques pourtant légitimes et constitutionnelles des ressortissants du Cameroun occidental est en cours dans les media et dans les réseaux sociaux. Cette campagne allègue un complot international de certains pays en vue de la scission du Cameroun, comme si ces pays venaient tout juste de découvrir subitement que le Cameroun existe et contient des champs de pétrole. Ainsi, selon cette théorie, tous les Anglophones qui se révoltent depuis bientôt une année seraient tous des indépendantistes. Pourtant, tous les leaders Anglophones qui ont initialement lancé les mouvements de grève au début de la crise en cours se sont clairement exprimés pour le fédéralisme et contre la sécession.

Les Anglophones se battent en grande majorité pour le fédéralisme et non pour l’indépendance! Par conséquent, projeter toute la crise Anglophone en cours sur le seul axe de la sécession est une imposture coloniale bien connue pour diaboliser et discréditer la légitime et raisonnable lutte des ressortissants du Cameroun occidental, qui ne demandent qu’une simple révision de la forme de l’État pour réintroduire le fédéralisme. Le minimum d’honnêteté est de laisser les leaders Anglophones expliquer eux-mêmes ce qu’ils demandent, sur une table de négociation inclusive.Les Camerounais croiront à cette théorie de complot international pour la scission du Cameroun seulement le jour où les Anglophones rejetteront une offre sincère de fédéralisme dûment présentée à eux par l’État, dans le cadre de la négociation de sortie crise.
Il importe de rappeler que le fédéralisme a déjà été expérimenté avec succès dans notre pays, de 1961 à 1972.
Si de par sa simple nature le fédéralisme conduisait inéluctablement à la sécession du pays qui l’adopte, l’Allemagne, les USA, le Canada, la Belgique, l’Australie, le Mexique, le Brésil, l’Argentine, la Russie, l’Inde, le Pakistan, l’Autriche et le Nigéria, pour ne citer que ceux-là, n’existeraient plus depuis belle lurette, car victimes de la sécession.


De plus, si la forme de l’État jacobine centralisée en vigueur présentement au Cameroun immunisait le pays qui l’adopte contre toute velléité de la sécession, notre pays n’en discuterait plus aujourd’hui. La réalité des faits prouvent le contraire : La forme de l’État n’a aucun effet sur son intégrité territorial ou son unité nationale. Seuls la mangeoire nationale et le pactole colonial que récolte la Françafrique seront décentralisés et disloqués dans un contexte de régime fédéral en question; d’où le positionnement et la montée aux barricades des uns et des autres dans cette crise, ceci expliquant cela!

En conclusion,
Aucun Camerounais sérieux et patriote ne peut et ne doit ni accepter, ni encourager la scission du Cameroun. Toute action de répression de l’État dans la zone Anglophone contribue à l’escalade des tensions et, ce faisant, encourage la sécession. Pour éviter cela, il importe de dénoncer et de combattre toutes les impostures des forces du statu quo mentionnées ci-dessus. Celles-ci dénaturent à dessein la légitime lutte de la communauté Anglophones pour la révision de la forme de l’État en vue d’installer le fédéralisme des régions et non pour la scission du pays telle que faussement alléguée. Ces impostures radicalisent nos compatriotes Anglophones, les poussent au pied du mur et ne leur laissent autre alternative de survie que le ralliement éventuel à l’idée de la sécession. Nos compatriotes Anglophones ne doivent pas se sentir incompris, seuls et abandonnés par leurs compatriotes Francophones.

Tous les Camerounais de bonne foi qui aiment ce pays doivent rester solidaires de la communauté Anglophone. Ils doivent mettre de la pression pour qu’il y ait des vraies négociations sans exclusive ni préalable, autour d’une table avec la participation effective de tous les leaders Anglophone pour régler les problèmes de fond de la crise, notamment rompre le statut quo de l’État jacobin et centralisateur présentement en place. Ce Statut quo sert seulement les intérêts de la Françafrique et ses bénéficiaires locaux, au détriment du Cameroun et du peuple camerounais.


Nous sommes de tout cœur avec nos frères et sœurs Anglophones et nous ressentons toute la douleur et toute la peine qu’ils ressentent à chaque assassinat orchestré par les forces de la répression du Président Paul Biya.La solution de la crise se trouvera sur une table de la négociation et nulle part ailleurs.
Il est urgent que la négociation inclusive et sans préalable tant réclamée soit convoquée par le chef de l’État sans délai pour trouver une solution de sortie de ce cauchemar. Les Camerounais croiront à la théorie du complot indépendantiste alléguée des Anglophones pour la scission du Cameroun seulement si les Anglophones rejettent une offre sincère de fédéralisme dûment présentée par l’État, dans le cadre de cette négociation de sortie crise.
Que vive le Cameroun uni, juste, inclusif, apaisé et maître de son destin.

Michael Fogaing, Porte-parole de Diaspora pour la Modernité-Diaspora for Modernity N.B.: Diaspora pour la Modernité est une organisation de la société civile de la Diaspora camerounaise, pour qui l’indépendance des institutions démocratiques les unes des autres est la pierre angulaire de son activisme politique au Cameroun. Elle est basée au Canada.

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