La confusion règne, mercredi 15 novembre au Zimbabwe après une nuit agitée : des officiers ont démenti toute tentative de putsch alors que des coups de feu ont été entendus dans les rues de la capitale, investies également par des blindés.
« Ce n’est pas un coup d’Etat militaire contre le gouvernement », a déclaré un général dans une déclaration lue dans la nuit à la télévision nationale. « Nous assurons à la Nation que son Excellence le président [Robert Mugabe] (…) et sa famille sont sains et saufs et que leur sécurité est garantie », a-t-il ajouté, cette opération visant « des criminels » de l’entourage du chef de l’Etat.
M. Mugabe, 93 ans, est pourtant engagé dans un bras de fer sans précédent avec le chef de l’armée qui a dénoncé, lundi, sa décision de limoger le vice-président du pays Emmerson Mnangagwa. L’armée pourrait « intervenir » si cette « purge » ne cessait pas au sein du parti présidentiel, avait mis en garde devant la presse le chef d’état-major, le général Constantino Chiwenga.
Américains invités à rester « à l’abri »
« Peu après 2 heures du matin, nous avons entendu environ 30 à 40 coups de feu tirés pendant trois à quatre minutes en provenance de la maison » de Robert Mugabe, a déclaré sous couvert de l’anonymat à l’Agence France-Presse (AFP) un résident du quartier de Borrowdale.
Cette fusillade est intervenue au moment où convoi de blindés était observé en mouvement près de la capitale du pays, nourrissant les rumeurs d’un coup d’Etat militaire en préparation contre le président, qui règne sans partage sur le Zimbabwe depuis son indépendance en 1980.
L’ambassade des Etats-Unis sur place recommandait dans la foulée à ses ressortissants de rester chez eux « à l’abri » en raison des « incertitudes politiques ».
« Conduite relevant de la trahison »
Les tensions sont très vives dans le pays depuis la décision la semaine dernière du chef de l’Etat de révoquer M. Mnangagwa, longtemps pressenti comme son dauphin. « On voit très rarement des chars dans les rues. Normalement, ils se déplacent peu », a relevé auprès de l’AFP Derek Matyszak, analyste à l’Institut des études sécuritaires, basé à Pretoria.
« Chiwenga a lancé un défi à Mugabe (…) [Ce dernier] n’a pas répondu dans l’immédiat mais il serait opportun pour Chiwenga d’organiser des manœuvres militaires pour faire monter les enchères. »
Pour sa part, le parti du chef de l’Etat, la Zanu-PF, a accusé le chef de l’armée de « conduite relevant de la trahison » et dénoncé sa volonté de « perturber la paix nationale » et « encourager au soulèvement ». Mardi à Harare, les rumeurs allaient bon train sur une possible révocation par le président du général Constantino Chiwenga, qui est considéré comme un allié de M. Mnangagwa.
LeMonde.fr
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