Dans un post publié il n’y a pas longtemps, j’affirmais que les Mbouda, appellation générique des populations des Mbamboutos, sont les Bamiléké les plus fréquentables ; et en l’état actuel des choses, les plus dignes de confiance. À preuve, soulignais-je, le budget de 463 milliards confié au ministre Nganou Djoumessi par le président de la République. Entre autres qualités, j’insistais sur la politesse, le pragmatisme et l’humilité de ces compatriotes, ainsi que sur le sens du respect de la loi qui les caractérise. La suspension et la rapide ouverture de l’agence Général Voyages viennent confirmer l’intelligence politique et la maturité stratégique du Mbouda. C’est aussi la preuve que le gouvernement n’est pas un vandale insensible, uniquement préoccupé à détruire les biens des Bamiléké comme le veulent faire accroire certains.
Peu de gens auraient parié sur une levée aussi prompte de ladite sanction consécutive rappelons-le, à une série d’accidents meurtriers ayant endeuillé des dizaines de familles. Plutôt que de pleurnicher et de jouer aux victimes comme le font les Bamiléké d’habitude, les responsables de Général Voyages ont affiché profil bas. Faisant la part des choses, assumant au passage ses responsabilités, le patron de cette compagnie s’est plié aux exigences du pouvoir. Ainsi, l’entreprise a rapidement engagé deux sortes d’action.
La première, diplomatique, visait aussi bien l’opinion que le gouvernement. Elle a consisté à communiquer assez efficacement et discrètement, pour exprimer sa désolation au grand public. Dans le même temps, une démarche plus discrète a été menée auprès du pouvoir pour faire son mea culpa, et donner des garantis pour l’avenir. La seconde s’est adressée à son personnel, les chauffeurs notamment. Ces derniers ont été recyclés sur les techniques modernes de conduite. Il ne fallait pas attendre cette série de malheurs pour le faire. Mais restons positifs : mieux vaut tard que jamais.
Un bon exemple à suivre
Le plus grand mérite des dirigeants de Général Voyages a été de donner des Bamiléké, une image autre que celle de gens cupides, avides et insensibles, uniquement préoccupés par l’argent. Vision laissée antérieurement par les autres transporteurs. Une fois sanctionnés, ceux-là s’étaient empressés d’effacer le nom de l’agence sur les bus, avant de poursuivre leurs activités comme si de rien n’était. Or un accident est essentiellement un événement subit et imprévu. Par conséquent, une telle attitude honteusement mercantiliste, n’a aucun égard pour les familles éplorées, et donne des transporteurs l’image de « sorciers » qui vendent les passagers au famla. Une image désastreuse pour tout un peuple. Verser les larmes de crocodile, jouer les victimes ne faisait qu’aggraver la situation. Général Voyages a ainsi marqué la rupture. Du moins, on le souhaite.
Reste aussi à souhaiter que survive et soit imitée, cette attitude citoyenne et républicaine des dirigeants de Général voyages. Puissent les transporteurs dans leur ensemble, aller plus loin dans la recherche des solutions durables à ces problèmes récurrents. L’octroi de bons salaires aux chauffeurs, l’amélioration des conditions de travail, la suppression de la surcharge, la formation des bagagistes, l’instauration de la discipline et de règles d’hygiène drastiques au sein et autour des agences, sont autant de mesures qui s’imposent désormais. C’est le prix de la modernité…
L’OUEST RÉPUBLICAIN·JEUDI 30 NOVEMBRE 2017