Depuis le début de la session de novembre, les députés du parti de John Fru ont systématiquement pris en otage les sessions plénières, allant même jusqu’à violenter le premier ministre. ..Ils veulent imposer la crise anglophone au menu des discussions. Philemon Yang a eu chaud, mais alors très chaud ce 29 novembre 2017.
Lui qui s’était rendu au sein de l’hémicycle comme il le fait chaque mois de novembre pour présenter
le programme économique, financier, social et culturel du Cameroun pour l’année 2018, a été pris à parti par
les députés du Sdf. Son micro lui a été arraché, des chants ont été entonnés pour l’empêcher de s’exprimer, et c’est finalement au milieu d’une cohue et d’un brouhaha sans précédent que pendant une heure, le premier ministre, droit dans ses bottes, va dérouler son discours. Ce seul fait est une grande première dans l’histoire politique du Cameroun car, jamais auparavant, sous l’ère Biya particulièrement, un parti politique n’avait osé bloquer les activités parlementaires.
de la session consacrée au vote du budget, à cause du Sdf, le parlement souffle le chaud et le froid. Les députés de Fru Ndi l’ont promis, il n’y aura pas de travaux tant que la question anglophone ne sera pas débattue au fond. Les sénateurs de ce parti ont également saisi par une correspondance le président de la chambre haute pour l’amener à inscrire le topic de la crise anglophone à l’ordre du jour de la « prochaine séance plénière », celle qui aura vu Yang être malmené. Ce, en vertu de l’article 35 de la constitution qui stipule que « le parlement contrôle l’action gouvernementale par voie de questions orales ou écrites
et par la constitution des commissions d’enquêtes sur des objets déterminés » ; et de l’article 40 du règlement intérieur du sénat qui autorise ladite chambre à constituer des commissions spéciales pour un objet dé-
terminé, notamment d’intérêt national. Le Sdf vise in fine la constitution d’une commission spéciale ad-hoc
sur la crise anglophone. Il y a une semaine, les députés avaient déjà pris en otage l’hémicycle, obligeant le président de l’assemblée nationale et les députés Rdpc à vider la salle.
Le Rdpc tempête
Cette situation est propre à hébéter le parti au pouvoir, qui vit au sein de l’institution parlementaire un fait inédit. On n’hésite pas à condamner. Grégoire Owona, SGA du Rdpc qui assure de fait le rôle de ministre chargé des relations avec les assemblées en lieu et place d’Amadou Ali indisponible, a déclaré que le Sdf ne respecte pas les règles. « C’est intolérable que des gens puissent se comporter de la sorte à l’égard d’une institution républicaine telle que le premier ministère. Le Sdf a adressé une lettre au président de l’assemblée nationale afin que la crise anglophone soit inscrite à l’ordre du jour de la session.
C’était le 21 novembre et c’est le 23 novembre que le speaker a reçu la correspondance. Ce même jour, ils ont interrompu la session sans avoir donné au Pan le temps de réagir. Aucune administration dans le monde ne fonctionne de cette manière », a-t-il dit. Simon
Meyanga, le présentateur de la tranche réservée au RDPC dans l’émission hebdomadaire « Espace politique » diffusée par la Télévision d’Etat, n’a pas manqué l’occasion de critiquer sur un ton acerbe le comportement des élus du Social democratic front. « Il faut dire que les députés SDF ont toujours boycotté le vote du budget. Ils ne l’ont jamais voté. Mais curieusement, ils ne refusent pas d’encaisser les fonds issus de ce projet. Ils bénéficient de tous les avantages sans oublier les marches publiques », a affirmé Simon Meyanga.
De leur côté, les élus SDF ont déclaré qu’ils continueront à perturber les travaux à l’Assemblée nationale jusqu’à l’obtention d’un dia logue inclusif sur la crise anglophone.
Ça promet.
Cette semaine, relativement à cette actualité, nous avons posé les questions suivantes à nos experts : quelle analyse faire de cette nouvelle stratégie du Sdf ? Le Sdf ne s’est-il pas trompé de cible quand on sait que ni Cavaye, ni Niat ne décident de rien en ce qui concerne la crise anglophone ? Pourquoi pour d’autres crises majeures comme celles liées à Boko Haram, les parlementaires du Sdf ne se sont jamais comportés de la sorte ? Comment comprendre qu’un parti comme le Sdf qui était presque devenu un allié du parti au pouvoir en vienne à le plonger ainsi dans l’embarras?
Source: Kami Jefferson- L’Emergence