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Stéphie-Rose Nyot Nyot : « Les langues régionales africaines méritent aussi d’être parlées. Je parle 2.0 » – Icicemac

Stéphie-Rose Nyot Nyot : « Les langues régionales africaines méritent aussi d’être parlées. Je parle 2.0 »

En attendant d’en parler à Douala* dans le cadre du premier atelier « Éduquer demain »*, Stéphie-Rose Nyot Nyot s’est confié au Point Afrique. DIASPORA. Alors qu’elle est née et a grandi loin du pays de ses parents, cette Franco-Camerounaise a lancé une application pour renouer avec sa langue et sa mémoire d’Afrique.

C’est peu de dire que le projet de Stéphie-Rose Nyot Nyot est en train de prendre forme. Pour preuve, alors qu’elle a lancé en juin dernier l’application mobile de son projet « Je parle le bassa 2.0 » qui se positionne comme pionnier dans l’apprentissage des langues africaines en ligne, elle a été honorée en septembre 2017 d’un prix de l’Innovation à Atlanta après que, par ailleurs, son projet a été nominé au World Youth Summit Award et obtenu le prix du meilleur projet d’apprentissage digital au Cameroun. C’est que, sans réaliser la force de son initiative, Stéphie-Rose Nyot Nyot a répondu à un besoin essentiel d’une certaine diaspora : conjuguer les acquis de son nouvel environnement avec le désir de ne pas perdre les attaches d’origine des parents. Résultat : la courbe de la communauté constituée sur Facebook autour du projet ne cesse de monter et a largement dépassé les 10 000 membres. C’est que le réservoir est important. Principalement parlé au Cameroun par quelque 2 millions de personnes, le bassa compte quelque 800 000 locuteurs dispersés dans le monde.

Qu’en est-il de l’application « Je parle 2.0 » ?

Elle s’adresse aux bassaphones et aux non-bassaphones à travers une cinquantaine de cours et exercices en anglais et en français en facilitant l’apprentissage.

Comment ça marche ?

Lors de sa connexion, l’utilisateur peut sélectionner des exercices parmi une vingtaine de thèmes : conjugaison, grammaire, vocabulaire, calculs, vie quotidienne. Chacun de ces thèmes est accompagné d’une image et d’une traduction en bassa. À la fin de chaque exercice, il obtient une note globale lui permettant d’évaluer son niveau.

Pas étonnant que, dès le mois de mai 2016, la campagne de financement participatif lancée par l’équipe de « Je parle le bassa 2.0 » ait obtenu le petit succès qui lui a permis de progresser et de se concrétiser aujourd’hui à la suite des chantiers mis en œuvre avec l’argent récolté, et ce, dès septembre 2016 : site web bilingue anglais/français, manuel de leçons et d’exercices…

Le Point Afrique : Qu’est-ce qui, dans votre histoire personnelle, vous a conduit à éprouver le besoin d’approfondir votre relation avec la langue bassa ?

Stéphie-Rose Nyot Nyot : Après avoir vécu cinq années loin de mon cocon familial, entre autres au Ghana, en Angleterre puis au Canada, c’est en 2013 que je suis revenu à Paris pour un stage auprès de l’Unesco au sein du programme Mémoire du monde et du département éducation pour tous. Durant cette période, je me suis réinstallée au sein de ma famille où l’on s’exprime en bassa. Avec une certaine détresse, j’ai réalisé que j’avais perdu une partie de ma compréhension de la langue bassa par manque d’écoute. En fait, je n’avais jamais su m’exprimer correctement en bassa, mais j’avais toujours compris quelques mots et phrases, alors que là….

Ma question a donc été la suivante : qu’allais-je pouvoir transmettre à mes futurs enfants alors que je perdais une partie de mon identité ?

Ayant toujours été intéressée par la diversité culturelle, les langues du monde et la communication digitale, j’ai décidé, après plusieurs recherches sur la langue, de lancer la page Facebook en 2013 avec l’aide de mes parents et de proposer une méthode ludique, colorée, moderne et participative.

Ainsi à travers JPLB 2.0, nous souhaitons démontrer que les langues régionales africaines, à l’instar des langues dites de commerce, méritent aussi d’être parlées. Et nous nous inscrivons non dans une démarche communautaire, mais interculturelle.

 

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PAR MALICK DIAWARA
Publié le 27/12/2017 à 09:43 | Le Point Afrique

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