Le gouvernement camerounais a pourtant déclaré lundi 29 janvier dernier que les 47 militants anglophones extradés du Nigéria dont le leader Sisiku Ayuk Tabe sont entre les mains de la justice. Mais depuis lors, les suspects n’ont pas encore accès à leurs avocats.
Sisiku Ayuk Tabe et son staff arrêtés au Nigéria le 5 janvier dernier ainsi que la trentaine de militants anglophones toujours privés de leurs avocats. Les 47 sécessionnistes extradés du Nigéria vendredi 26 janvier dernier sont détenus au secrétariat d’Etat à la défense (SED), la gendarmerie nationale. Mais jusqu’ici, leurs avocats n’ont toujours pas pu les voir puis échanger avec eux .
Depuis leur arrivée à Yaoundé vendredi dernier, leurs conseils ont tout le mal du monde à les rencontrer : « Nous nous sommes hélas trouvés confrontés à un obstacle du fait du manque de coopération des hommes trouvés sur place », confie à hurinews.com Me Claude Assira, membre du collectif d’avocats en charge d’assurer leur défense qui dit avoir en compagnie de ses confrères tenté de les rencontrer ce mardi 30 janvier 2018 dans l’après-midi.
Autorisation du parquet militaire
Au SED, les avocats se sont entendus dire que seul l’aval du parquet militaire est nécessaire pour qu’ils aient accès à leurs clients : « [ils] prétendent avoir besoin d’une autorisation préalable du commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé pour autoriser l’accès au Avocats. En l’absence du Commandant qui n’était pas sur place, aucune discussion n’a été possible », raconte Me Assira.
Le leader indépendantiste Sisiku Ayuk Tabe et quelques membres de son staff
Rencontré par le collectif d’avocats, le commissaire du gouvernement lui a opposé une fin de non-recevoir : « Le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé s’est lui aussi révélé inaccessible », se désole l’avocat. Lors du point de presse le 29 janvier dernier, le porte-parole du gouvernement Issa Tchiroma Bakary avait pourtant déclaré que les extradés sont à la disposition de la justice. Autrement dit, que la procédure judiciaire est déclenchée.
Droit de se faire assister
Qu’est ce qui explique donc ces entraves à l’accès aux avocats alors que le droit de se faire assister par un avocat de son choix est un droit sacré dans une procédure pénale garanti par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ?
Contactée par la rédaction pour en savoir sur les raisons de tous ces blocages, la cellule de communication du ministère de la Défense est muette : « Allez lui demander (au commissaire du gouvernement, ndlr), je ne suis pas le Mincom », s’est contenté de répondre le colonel Badjeck Didier, chef de la cellule de communication du ministère de la Défense où est pourtant logée la direction de la justice militaire dont dépend le Tribunal militaire en charge de juger les extradés. De quoi jeter un doute sur leur présence effective au Cameroun. Précisément de ceux arrêtés le 5 février à Abuja.
Michel Biem Tong
-Hurinews.com